Le consommateur aura-t-il un mois de répit ? La date exacte du démarrage de l'indexation partielle des produits pétroliers – super, gasoil et fuel industriel – n'est toujours pas fixée. L'activation de ce dispositif dès ce 16 septembre reste tributaire d'un consensus politique. « Si on se met d'accord d'ici les prochains jours avec les nouveaux venus au gouvernement, l'indexation sera en vigueur dès le 16 de ce mois. Si le dossier traine encore, elle ne sera donc appliquée qu'à partir du 16 octobre », a déclaré au « Matin » le ministre des Affaires générales et de la gouvernance. Mohamed Najib Boulif, qui a rencontré la presse le 11 septembre à Casablanca autour de l'indexation, a également souligné que le gouvernement a opté pour le système du « hedging » afin de se mettre à l'abri des variations des cours pétroliers. Là encore, flou total. L'on ignore par exemple ce que coûtera à l'Etat cet instrument de couverture du risque de volatilité des prix. « Je ne peux pas livrer plus de détail tant que le contrat n'a pas encore été signé. La signature devra intervenir dans les 24 heures qui viennent », a souligné le ministre. C'est un consortium de banques marocaines « leaders sur le marché » qui a été mandaté par le gouvernement pour négocier et boucler ce contrat avec une institution internationale, selon une déclaration au « Matin » de Najib Boulif. Ce dernier assure, par ailleurs, que l'indexation partielle n'aura pas d'effets importants sur le pouvoir d'achat des citoyens. Il a fait la démonstration, chiffres du HCP à l'appui, que la dernière hausse des prix des carburants en juin 2012 n'a pas engendré une augmentation sur la majorité des prix des produits et que l'inflation a été maîtrisée à moins de 1,7%. En outre, les différentes simulations effectuées par des commissions interministérielles montrent que l'effet d'une décompensation de tous les produits subventionnés ne dépassera pas les 2 000 DH annuellement pour une famille moyenne, fait valoir le ministre. Boulif a également tenu à expliquer que le gouvernement mettra en place des dispositifs de soutien aux profits de certains secteurs, notamment le transport, afin d'éviter toute répercussion de cette mesure sur les tarifs. Pour le transport routier (dont le poste consommation gasoil représente dans le compte d'exploitation jusqu'à 34% du coût du transport), le ministère de l'Intérieur et le département du Transport mettront en place des modalités d'indemnisation des opérateurs en cas d'augmentation du prix du carburant afin de maintenir leurs prix stables et éviter de porter l'incidence sur le pouvoir d'achat du consommateur. La mise en oeuvre technique de ce soutien pour les transporteurs (en l'occurrence la gestion informatique) a été confiée à Barid Al Maghrib. Avant son déplacement à Casablanca pour justifier la décision du retour à l'indexation, Boulif était dans la matinée devant la commission des Finances de la Chambre des représentants afin d'exposer les tenants et aboutissants de ce système. En véritable prof, le ministre a tenu par exemple à rappeler que le dépassement des crédits autorisés dans la loi de Finances pour l'assurance de l'approvisionnement du marché national en produits compensés est en grande partie à l'origine de l'aggravation du déficit budgétaire qui est passé de 2,2% du PIB en 2009 à 6,2% en 2011 pour atteindre 7,3% l'année suivante. Boulif a aussi souligné que les niveaux de subventions actuels se sont traduits par une charge de compensation des produits pétroliers de près de 22 milliards de DH sur les sept premiers mois de 2013. Les pétroliers réclament 9 milliards de DH d'arriérés à fin août. Si aucune mesure n'est prise, justifie le ministre, la charge de compensation des produits pétroliers pourrait à elle seule dépasser les 40 milliards de DH à fin décembre 2013. Boulif a enfin rappelé que les objectifs de la réforme de la compensation - qui sera progressive pour aller vers la vérité des prix - sont la maîtrise des subventions, l'optimisation des secteurs compensés, la préparation des secteurs à la libéralisation et une meilleure allocation des aides aux personnes nécessiteuses. Après le carburant, la réforme devra porter sur la décompensation du sucre, du gaz butane et de la farine. Les aides directes aux ménages ciblés sont toujours prévues. Le ministre a réaffirmé que ce volet constitue le principal point de divergence entre les partis politiques et qu'un consensus s'avère nécessaire pour avancer sur le dossier. Pour 2014, le gouvernement envisage de placer la barre des dépenses de compensation à 30 milliards de DH. Un pari perdu d'avance ? Note La charge de compensation des produits pétroliers avoisine les 22 milliards de DH à fin juillet 2013. Si aucune mesure n'est prise, elle pourrait dépasser les 40 milliards à fin décembre, selon le gouvernement. www.lematin.ma