L'adoption du contrat programme (CP) textile-habillement, censée opérationnaliser les objectifs du Plan textile 2025, risque de trainer. L'enthousiasme de départ des professionnels, dont la meilleure illustration est la promesse du président de l'Amith de pousser vers la finalisation du CP avant Ramadan dernier, est vite rattrapé la la réalité de la conjoncture. En effet, le rythme des réunions entre les professionnels du textile-habillement et leur tutelle pour se mettre d'accord sur le détail des mesures du contrat programme pour la filière se fait plus lent. Selon nos sources, les équipes du ministère de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies se seraient montrées très « pointilleuses » sur les engagements de chaque partie signataire de la future feuille de route. Traduire : le ministre, Abdelkader Amara, chercherait à gagner du temps. D'où une menace pour les ambitions du bureau dirigeant de l'Amith d'inscrire dans le projet de loi de Finances (PLF) 2014 3 à 4 mesures identifiées dans le cadre du CP pour booster le secteur. Mais rien n'est perdu. L'évolution du dossier dépendra de la Note de cadrage du PLF qui se fait toujours entendre. « Il est vrai qu'il y a eu un temps mort en raison des vacances, mais nous essayons de garder le cap du projet de loi de Finances 2014 », explique Mohamed Tazi, directeur général de l'Amith. Notons que la nouvelle stratégie pour le secteur a été annoncée par Abdelkader Amara le 9 mai 2013, mais sans détailler ses mesures de mise en œuvre (engagements de chaque partie, les montants et les sources de financement). Le CP doit justement permettre le paramétrage des différentes mesures. Rappelons que l'objectif de ce Plan est d'opérer une rupture avec les stratégies précédentes afin de « saisir les opportunités et favoriser l'émergence d'une offre locale de substitution », lit-on dans un document de l'Amith. Ceci passera, selon l'Association, par le renforcement des filières habillement et textile de maison et la création d'un pôle textile à usage technique (TUT). Les produits de ce dernier segment sont demandés notamment par les industries de l'automobile, du secteur médical et les géotextiles (des tissus en matériaux synthétiques destinés aux travaux de bâtiment, de génie civil et d'agriculture). Le positionnement du Maroc est en effet encore timide sur les TUT et le textile de maison. Les professionnels ambitionnent aussi d'en finir avec la « surfocalisation » de l'industrie marocaine sur le modèle de sous-traitance, qui demeure de faible valeur ajoutée à l'export. Croissance à deux chiffres sur les marchés allemand et portugais Les exportations de textile habillement se redressent à fin juillet. Après un premier trimestre plutôt clément (+2,3%) suivi de baisses en avril (-4,3%) et mai (-4,5%), le secteur semble avoir repris des couleurs les deux mois suivants. Les exportations cumulées des sept premiers mois de l'année ont enregistré une hausse de 3,4% à 18,285 milliards de DH, selon des chiffres publiés vendredi dernier par l'Association marocaine de l'industrie du textile-habillement (Amith). Auprès de la profession, on parle de « belles progressions » des produits marocains sur les marchés allemand et portugais, avec des chiffres en croissance de 24 et 25% respectivement. Le premier marché client pour le Maroc, l'Espagne en l'occurrence, a aussi été demandeur en produits marocains. L'export vers ce pays a augmenté de 8,8% à 7,67 milliards de DH, devançant la France qui marque un retrait de 5,5% à 5,7 milliards de DH). Sur ce dernier marché, le froid et la pluie avaient fait baisser les ventes de 8,2% en mai et de 4% sur les cinq premiers mois de l'année. Juin avait marqué un rebond, mais de 1% seulement, selon l'Insitut français de la mode (IFM). À noter que l'Espagne et la France continuent d'absorber l'essentiel des exportations marocaines de textile-habillement (plus de 12 milliards de DH). Par produit, l'Amith note un retour de la maille, en légère baisse de 1,1%, après une chute importante à fin mai 2013 (-16%). La chaîne et trame (confection) se porte aussi bien (en croissance de 4,4%), notamment sur l'Espagne (10,3%). Les exportations sur ce segment ont cumulé 11,5 milliards de DH, réalisant ainsi l'essentiel du chiffre d'affaires à l'export, pour 4,3 milliards de DH pour la maille. Rappelons qu'en 2012, le Maroc a exporté pour 29,766 milliards de DH. Un chiffre en légère croissance (0,2%) par rapport à l'année 2011, où les exportations ont réalisé un chiffre d'affaires à hauteur de 29,694 milliards de DH. L'année 2013 devrait ainsi ressembler à 2012 de l'avis des professionnels. www.lematin.ma