Il faut dire que les citoyens en ont fort besoin, et le secteur de la santé est en cours d'amélioration. C'est d'ailleurs dans ce cadre que les discussions ont eu lieu lors des assises de la santé à Marrakech. C'est aussi une des recommandations du Pr. Wim Van Lerberghe, ex-directeur politique de santé à l'Organisation mondiale de la santé. « Il s'agit surtout d'éviter les visions naïves et tenir compte dans la stratégie de la santé de certaines expériences comme en Chine, au Brésil ou en Thaïlande ». Pour Pr. Wim Van Lerberghe, le ministère de tutelle doit désormais jouer le rôle de régulateur et pousser vers la décentralisation. Cela demande bien entendu des préalables. Ainsi, parmi les premières leçons à tirer, la mise en œuvre d'un système d'information complet à travers lequel le département de la Santé pourra identifier les contraintes au fur et à mesure qu'elles apparaissent. Et cette leçon est automatiquement liée à une autre : savoir gérer les impatients et ceux qui freinent. « C'est une question de tempo et de construction des équipes qui demande aussi un maintien de dialogue », insiste Van Lerberghe. C'est que le système sanitaire marocain est confronté à plusieurs défis et contraintes qu'il n'a malheureusement pas anticipés. Ils sont d'abord d'ordre humain sans pour autant oublier la cherté des investissements. Depuis l'avènement de la Constitution, un troisième défi transversal est devenu tout aussi important. Celui de répondre rapidement aux attentes et aux doléances de la population. Le message royal adressé aux participants des assises de Marrakech a d'ailleurs exhorté le secteur à placer le citoyen au cœur du système de la santé tout en redressant les dysfonctionnements et trouver les moyens pour dépasser les contraintes. Et pour concrétiser et opérationnaliser le droit de tous aux soins de santé, le secteur doit répondre à trois exigences : une couverture universelle qui assure un accès équitable pour l'ensemble de la population, une gamme de soins de qualité et une protection financière de telle sorte que les usagers ne s'exposent pas à des difficultés financières. A noter justement que 2% des ménages doivent faire face à une catastrophe financière et que près de 1,4% passent en dessous du seuil de pauvreté à cause des dépenses indirectes pour se soigner d'après le livre blanc de la santé réalisé par le ministère. Pour Dr Abdelali Belghiti Alaoui, secrétaire général du ministère de la Santé, une grande partie des insatisfactions des populations trouvent leurs origines dans la désorganisation et le dysfonctionnement des soins ambulatoires de proximité. « Les usagers vont directement dans les hôpitaux au lieu des centres de santé créant un encombrement dans les CHU qui se retrouvent à réaliser 60% des recours alors qu'ils sont censés en réaliser 10, voire 20%. En chiffre, il y a à peine 0,6 nouveau cas par personne par an pour les soins de premières lignes et 5% de taux d'admission dans les hôpitaux publics. Cette désorganisation a un coût et engendre un gaspillage des ressources. Pour le ministère de la Santé, il faut donc réorienter le système de soins de celui basé sur l'hôpital vers un autre basé sur le réseau d'unité de santé familiale d'autant plus que le Maroc dispose de 2.700 centres (dispensaires). « Cela demande un effort peu coûteux qui exige en revanche une meilleure organisation de ces centres ainsi qu'une affectation des ressources humaines », espère Belghiti Alaoui. Le Ramed peut fournir la base pour développer un niveau primaire de qualité et fournir une source d'intelligence pour le développement du réseau. L'idéal pour Belghiti Alaoui est d'avoir des dossiers de famille par médecin de centre de santé. Une expérience dans ce sens est en train d'être déployé à Benslimane. Si elle est positivement évaluée, elle sera généralisée dans d'autres villes. Reste à régler le problème des ressources humaines dans le secteur de la Santé qui connaît un déficit de 9.000 infirmiers et 7.000 médecins. Si pour le personnel médical, le déficit pourra être comblé avec les nouveaux lauréats des centres publics et privés de formation, il n'en est pas de même pour les médecins. Et la question est beaucoup plus complexe. La formation médicale est contrôlée par le ministère de l'Enseignement et se distingue par une moyenne de formation de 9 ans. www.leconomiste.com / JeunesduMaroc