Aller à la Mecque pour Omra (Petit pélerinage) pour cette année sera limité pour les mois de Chaâbane et Ramadan. En pleine haute saison et à 30 jours de Ramadan, les autorités saoudiennes ont décidé, de façon inopinée et unilatérale, la réduction des quotas des pèlerins, de tous les pays. Elles viennent d'ailleurs d'en informer les réceptifs de leur pays. Pour le cas du Maroc, le nombre de pèlerins devra passer de 45.000 à 15.000, soit une baisse de 70%. Le nombre de fidèles marocains atteint jusqu'à 50.000. Les réductions des quotas sont encore plus importantes chez les Turcs et les Egyptiens. Pour ces derniers, elles devront passer de 800.000 à 150.000. A l'origine de cette décision imprévisible, l'on invoque plusieurs motifs : les travaux de rénovation enclenchés dans la Grande Mosquée de La Mecque ainsi que les risques de débordements potentiels surtout en cette période. Officieusement, l'on avance aussi le risque d'instrumentalisation politique et de débordements religieux orchestrés par les Chiites compte tenu de ce qui se passe en Syrie, en Iran et chez le Hezbollah. Au-delà des raisons invoquées, la décision de réduire les quotas pose de sérieux problèmes à la corporation des voyagistes au Maroc. En plus du timing de cette décision qui n'arrange personne (ni pèlerins, ni voyagistes), le manque à gagner de l'opération Omra est estimé à quelque 1 milliard de DH. A l'heure où nous mettions sous presse, la FNAVM (Fédération nationale des agents des agences de voyages du Maroc) tenait une réunion pour statuer sur ce dossier et surtout « prendre des mesures d'urgence afin d'alerter les autorités marocaines et saoudiennes sur la gravité de la situation », résume Faouzi Zemrani, ex-président de la Fédération. Par mesures, l'on entend surtout la restitution des acomptes versés aux réceptifs saoudiens et autres compagnies aériennes. La tâche n'est pas aisée, puisque des hôteliers saoudiens qui ont déjà reçu des acomptes de voyagistes marocains refusent non seulement de les restituer mais exigent le complément sur les réservations déjà enregistrées. Pareil pour les compagnies aériennes. En revanche, jusque-là, Saudia Airlines est la seule à avoir accepté de restituer l'acompte encaissé sur les billets. Pour les autres compagnies, les tractations se poursuivent. Une chose est sûre, les voyagistes disent que la RAM est catégorique sur la non-restitution des apports. Contacté par L'Economiste, le management de Royal Air Maroc avance des arguments somme toute recevables. C'est sur la base de la demande et des commandes fermes des voyagistes que nous avons signé des accords et contrats commerciaux. « A partir de là, la compagnie a engagé des frais et des dépenses importantes en termes d'affrètement d'avions gros porteurs ». Pour l'affrètement des appareils, la RAM avance un acompte de 70%. Sur les frais engagés par les agences de voyages, une source autorisée à RAM précise que « ce ne sont que des acomptes, mais pas la totalité des frais de transport ». La compagnie insiste que jusque-là elle n'a pas supprimé ses vols et maintient sa prestation et ses engagements. « Qu'il n'y ait pas de clients, que les quotas aient été revus à la baisse ou que le visa devienne difficile… cela n'est pas du ressort de Royal Air Maroc », martèle RAM. Amin RBOUB www.leconomiste.com