Les chefs d'Etat d'Afrique centrale réunis à N'Djamena mercredi ont poussé la Centrafrique vers une issue démocratique, demandant le retrait des troupes sud-africaines et l'élection d'un président de transition pour une période de moins de 18 mois, après le coup d'Etat de la rébellion Séléka il y a 10 jours. Jugeant « impossible » de reconnaître le « président autoproclamé » et chef rebelle Michel Djotodia, les chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC) ont demandé à ce qu'un « collège » de transition soit élu « par les forces vives de la nation », avec à sa tête un président élu, pour une période qui « ne doit pas excéder 18 mois ». « On peut penser que ce sera Michel Djotodia (qui sera nommé à la tête du collège), qui n'est pas du tout rejeté du processus, au contraire », a estimé l'ambassadeur de l'Union européenne à Bangui, Guy Samzun, alors qu'après avoir pris le pouvoir, M. Djotodia avait annoncé qu'il présiderait son pays pour une durée de trois ans. À l'issue du sommet, le Président tchadien Idriss Déby a annoncé la « mise en place d'un organe législatif qui va rédiger la Constitution et jouer le rôle de l'Assemblée ». « Dès demain, une mission composée des ministres des Affaires étrangères des pays de la CEEAC, les partenaires et les représentants des Nations de l'Union africaine, de l'Union européenne et de l'Organisation internationale de la francophonie doivent se rendre à Bangui pour porter ce message aux Centrafricains », a ajouté le M. Déby. La coalition rebelle Séléka a pris le pouvoir à Bangui le 24 mars, jugeant que François Bozizé n'avait pas respecté les accords de paix signés en janvier entre pouvoir, opposition et rébellion à Libreville, après une première offensive rebelle en décembre. Guy Samzun a, quant à lui, salué les décisions du sommet de N'Djamena. « Comme prévu par l'accord de Libreville, il y a un exécutif au pouvoir renforcé qui est le Premier ministre Nicolas Tiangaye », issu de l'ancienne opposition à François Bozizé, « et la création d'un Comité national de transition (CNT) ». « Ce Comité sera composé de toutes les parties présentes à Libreville. Son président sera élu en son sein et deviendra le président de la République », a commenté l'ambassadeur de l'Union européenne. M. Tiangaye, reconduit le 27 mars dans ses fonctions, avait formé dimanche un nouveau gouvernement d'« union nationale » principalement composé de membres de la coalition Séléka, de l'opposition démocratique et de la société civile. L'ancien Premier ministre et opposant centrafricain Martin Ziguélé, présent au sommet, a réagi positivement : « La décision des chefs d'Etat est (...) un moyen de donner une légitimité à un homme ou une femme qui aura la redoutable tâche de mener cette transition », a-t-il déclaré. Le Sommet de N'Djamena a appelé par ailleurs le président béninois, Thomas Boni Yayi, à accorder l'asile au président centrafricain déchu François Bozizé « s'il en fait la demande », lors d'un sommet à N'Djamena consacré à la crise centrafricaine. « L'ex-président Bozizé se trouve au Cameroun, nous avons demandé au président béninois, s'il (Bozizé) en fait la demande, qu'il accepte de l'accueillir chez lui en tant que frère », a déclaré le président tchadien Idriss Deby à l'issue du sommet. Dans la capitale centrafricaine, un début de normalisation était en cours, après l'appel des nouvelles autorités à reprendre les activités administratives et économiques dès mardi. Concernant la sécurité, le cantonnement des troupes de la rébellion Séléka, toujours très présentes à Bangui, a commencé. « Nous sommes dans une logique de désarmement », a souligné une source proche du Premier ministre. Non à un président autoproclamé ! Les chefs d'Etat d'Afrique centrale ont estimé mercredi « impossible » de reconnaître le chef rebelle Michel Djotodia comme président de la Centrafrique, demandant l'élection d'un président de transition, à l'issue d'un sommet à N'Djamena au sujet de la crise centrafricaine. « En l'état actuel des choses, il est impossible de reconnaître un président autoproclamé (...) Un collège voté par les forces vives de la Nation doit être à la tête de la transition. Ce collège va jouer le rôle de l'exécutif et doit voter pour le président de la transition », qui « ne doit pas excéder 18 mois », a déclaré le président tchadien Idriss Déby à l'issue du sommet. Idriss Déby a également annoncé la « mise en place d'un organe législatif qui va rédiger la Constitution et jouer le rôle de l'Assemblée ». www.lematin.ma