Les politiques ont bien compris le nouveau rôle d'Internet dans la vie politique : il s'agit d'un véritable outil de communication qui laisse également une place importante au marketing, puisqu'il permet aux partis de diffuser leurs idées. En matière de marketing politique, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal se distinguent et semblent être des précurseurs dans la classe politique française. L'UMP, par exemple, a développé son e-boutique qui lui permet de vendre des produits, avec son logo imprimé, afin d'offrir à ses adhérents la possibilité de souligner leur soutien : ainsi, la vente de crayons, de shorts, de sacs, de cahiers, et même de tongs, rapporte énormément d'argent au parti, et lui permet de promouvoir son image auprès des populations consommatrices. Il diffuse par là-même ses idées et montrer sa présence sur le « marché » commercial. Ainsi, la politique prend une nouvelle dimension jusque-là inexplorée en France : les partis deviennent de véritables « entreprises » qui font fabriquer spécialement pour leur image des accessoires et produits dérivés. De même, le Parti Socialiste a créé sa propre « boutique », où il propose cadeaux, objets de loisir, accessoires spéciaux pour les militants et les congressistes, comme par exemple des T-shirts, des Pin's, des cravates, des drapeaux, des conférenciers, des sacoches, etc. Système paradoxal, puisque le socialisme dénonce le système capitaliste et les sociétés accros à la consommation de masse, et développe dans le même temps un programme de vente et de diffusion de produits dérivés. Apparaissent alors de fortes contradictions entre « dire » et « faire », entre l'apparence et la réalité des faits. Le parti de Martine Aubry et de Ségolène Royal a également lancé un système de commande par Internet, qui permet aux internautes d'accéder aux accessoires estampillés Parti Socialiste, même en province. Ainsi qu'ils le proclament sur le site : « Evolutive et réactive, la boutique vous propose régulièrement de nouveaux produits et sait aussi répondre à vos demandes spécifiques. ». Ce slogan montre aux militants la performance de leur parti et la qualité des services Le PAM a de forts potentiels pour reproduire la même stratégie au Maroc. Il doit multiplier les offres d'adhésion. Moyennant une « somme d'adhésion », ça offre la possibilité aux internautes de rejoindre le groupe afin de soutenir ses actions aux niveaux départemental, régional et national. Ces offres d'adhésion apparaissent régulièrement sur les pages Web des sites des associations qui appartiennent aux partie ou bien sur facebook, ce qui va montrer la volonté des politiques d'attirer toujours plus de militants afin de les soutenir dans leur quête du pouvoir. La question de la communication politique constitue, dans un contexte démocratique, une question centrale tant sa spécificité est particulière. En effet, le marketing politique répond à une nouvelle préoccupation des politiques et nécessite une démarche stratégique structurée : à l'image du marketing commercial, la communication politique est le résultat d'un véritable travail de fond, allant de l'étude quantitative et qualitative des données ayant une forte influence sur l'électorat, notamment en période de campagne. La simplicité de la communication politique à ses débuts s'est transformée en un outil complexe, au vu de la richesse matérielle dont dispose les hommes politiques. Toutefois, il est nécessaire de nuancer l'efficacité de ces nouveaux outils sur les populations : il ne faut pas oublier que le vote reste avant tout une question de conviction et une décision que seul le citoyen peut exprimer, indépendamment de toute influence commerciale. Quoi qu'il en soit, Internet reste un vecteur important de la communication politique, et un outil que les partis se gardent bien de négliger, comme le fait remarquer Jack Lang : « Internet jouera un rôle fondamental y compris en période post-électorale. » Car, s'il s'agit d'un outil crucial dans la course au pouvoir, et si la « Toile » constitue « un moyen de se rapprocher de la base et de favoriser la participation de tous au débat », il ne faut pas oublier qu'elle oblige également à reconsidérer certaines composantes de la vie politique et à « imaginer de nouvelles formes d'action et de réunion ». * Reda LHOUMADI * Chercheur en Medias et communication * Secrétaire Général du FJCD