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Ifni, le blues de la révolte (2)
Publié dans Jeunes du Maroc le 19 - 02 - 2009


Ci-dessous la suite du reportage de Sidi Ifni
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Dans les maisons ce sont les femmes qui nous accueillent. Chaque maison a son drame, son prisonnier. « Mon enfant est encore traumatisé du fait des descentes musclés de la police chez nous. Il a vu un pistolet pointé sur sa maman et la porte de la maison cassée à plusieurs reprises », raconte Malika Labchina, son mari, Brahim Barra est considéré comme l'un des leaders du mouvement local. « Depuis 5 mois, il est en prison, je cache cette réalité à mon enfant. Mon mari n'a pas été encore jugé et son état de santé s'est aggravé ».
Une autre femme, un autre traumatisme, « le 19 août à 5 heures du matin, mon mari, Hassan Agherbi est arrêté. Depuis, ma vie est un enfer », témoigne Khadija Boujarfaoui. Et comme le malheur ne vient jamais tout seul, « mon fils unique âgée de 16 ans a préféré "l'hrig" vers les Îles Canaries que de subir le même sort que son père. Aujourd'hui, il vit dans l'orphelinat de Tenerife » ajoute Khadija qui malgré une force de caractère impressionnante n'arrive pas à retenir ses larmes.
Ces femmes illustrent bien la situation actuelle la ville. Ifni est brisée, les habitants comptent 24 détenus dans les prisons d'Inzegane et de Tiznit et 9 personnes poursuivies en liberté provisoire. En plus des jeunes harragas qui se comptent par centaines. « Le makhzen a ouvert les vannes de l'immigration clandestines pour vider la ville de ses hommes », affirme un membre de la section locale de l'Association Nationale des Diplômés Chômeurs au Maroc (ANDCM). Le pouvoir local veut nous faire taire par tous les moyens mais il n'arrivera pas ». En soirée, la ville s'anime, les réunions des associations se multiplient, les communiqués et les contre communiqués sont distribués à la population, les habitants dévorent les journaux et surtout les articles qui traitent de la ville. Les gens concluent toujours par un « ils n'ont rien compris à Ifni ».
Dans les nombreux cybercafés de la ville, on ne trouve pas sa place. Ces lieux sont de véritables fenêtres sur le monde. Mais pas seulement, « sans Yotube personne n'aurait su ce qui s'est passé à Ifni. Dans les cybercafés, les images de la répression étaient diffusées quotidiennement », affirme un gérant d'un cybercafé de la ville.
Le traumatisme des événements de l'été est encore présent dans les esprits. Chaque habitant a sa propre histoire, son propre drame : « ils ont forcé la porte de la maison, on n'était que des femmes, on nous a traité des pires insultes », se rappelle une habitante. On lui demande son niveau de formation, elle a honte et puis elle lâche « j'ai une licence en histoire géo », et vous avez honte ? « Oui, j'ai honte de mon diplôme car il ne sert à rien ici. Quand on revient à Ifni, c'est le chômage qui nous attend ». Depuis trois ans « on demande nos droits élémentaires, le premier de ces droits, c'est la santé puis le travail ».
A la dernière heure : Dans les derniers développements du dossier de Sidi Ifni, Brahim Bara, un des détenus de la ville a été amputé de son rein suite à une négligence médicale due au retard enregistré pour lui effectuer une opération.


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