Préface de : MOHAMED SIBARI, Médaille du Centenaire Pablo Neruda 2004 Quand j'étais Administrateur de l'Hôpital Provincial de Tanger, j'avais déjà lu quelques articles et poèmes de Monsieur Bennani dans la presse locale de cette belle ville du nord Marocain, mais je ne le connaissais pas personnellement. Il collaborait à l'époque au journal Servir et à L'Eclaireur que dirigeait le journaliste tangérois feu Mustapha Ouadrassi. Des années passèrent et, un jour, étant assis à la terrasse du Neptuno (mon restaurant), en face du brave Atlante, un jeune homme me tendit la main et me dit bonjour. En lui serrant la main je pus voir qu'il avait un de mes livres dans l'autre. Sincèrement, je crus que c'était un touriste espagnol qui souhaitait que je lui signe le livre, puisque ça arrive généralement avec les vacanciers qui viennent passer l'été à Larache. Je l'invitai à s'asseoir et nous primes tous les deux du thé à la menthe. Après une longue et conviviale conversation, il me demanda la raison pour laquelle je n'avais pas traduit mes ouvrages en français, ce à quoi je répondis évasivement... Notre conversation tournait autour de l'écriture marocaine d'expressions espagnole et française, au cours de laquelle je sus qu'il avait traduit une centaine de poèmes de l'espagnol vers le français afin de publier le premier numéro de la revue collective Poetas Sin Fronteras dont il est toujours le directeur et qu'il avait un recueil de poésie intitulé Air Aphone à son actif. Le Monsieur proposa de me traduire bénévolement mon roman « de Larache au ciel ». Chose que je ne pouvais accepter, mais à la fin nous arrivâmes à un accord. Depuis ce jour, nous devînmes des amis inséparables. J'ai toujours su que mon ami le professeur Abdelouahid était journaliste, critique littéraire et poète, mais il m'a dernièrement surpris avec son roman dans lequel il nous démontre qu'il est un excellent narrateur de la littérature orale arabe. Son premier roman raconte une triste et prenante histoire dont les événements se passent à la Kasbah de Tanger. Depuis des siècles, les Kasbah arabes étaient et continuent à être encore le magma de la culture Arabo- musulmane. Elles étaient des citadelles fortifiées, un réduit de défense à l'intérieur de la ville ancienne avec leurs propres murailles, leurs tours, leurs portes, qui leur donnaient l'identité d'une cité. C'étaient les anciens quartiers administratifs de la ville, le centre du pouvoir civil et militaire. Elles englobaient un ensemble de monuments historiques et artistiques : les Palais des Sultans, les Méchouar, les Bit El Mal, les Borj, les marabouts et les zaouias … C'est dans cet espace historique et ouvert, que se partagent toutes les Kasbah du Maghreb et du sud de l'Espagne, qu'Ali et Saida, nos deux infortunés protagonistes, vont connaître la famine, l'humiliation, l'injustice, le calvaire de leur misérable enfance. Notre auteur, en un style simple, arrive à toucher nos coeurs en nous ouvrant les portes de la Kasbah de Tanger où s'est produit un divorce comme ceux qui se produisent partout dans le monde. Là où s'est produit un drame humain que nul n'arriva à connaître, même pas les plus proches voisins. Nous assisterons navrés à la souffrance de deux enfants dans leur esprit et dans leur chair, à l'horreur du divorce dont les traumatismes ont souvent des suites qui subsistent, à vie. Que ces brefs mots soient donc ma petite contribution en guise de félicitations et un souhait de succès dans ce qu'entreprend notre cher ami le professeur et intellectuel Si Abdelouahid Bennani.