Paroles d'une prostituée qu'on appelle la Nation (Al-Oumma. Ce n'est qu'un sobriquet) Le goût de cette liqueur me plaît Je la vois déborder de mes plaies Ce qui coule dans mes veines n'est pas sang Et ce que tu vois sur mon front N'est pas le sceau de la foi. C'est plutôt la tache de l'affront. Es-tu déçu ? Patience. Tu n'as rien vu ! Je te montre mes dessous... Et mon corps enivré qui enchante les soûls. Je sens ma langue qui se délie A ta santé ! Je bois le calice jusqu'à la lie ! Les sacrés et les Profanes Je suis son voisin et elle est ma voisine. Ils l'appellent Terre promise. Et je l'appelle Palestine. Je suis un mécréant Et je suis une plume. Je suis un crayon Je dessine la guerre [sacrée] Et j'écris les derniers vœux des familles massacrées Je dessine le Parti de Dieu et le Peuple élu qui guerroient Je dessine les cadavres qui parlent sans voix. (Au milieu des cris de guerre, les cris étouffés de chacun Mon cri « Ofélia, ma fille Est une étoile qui brille Et des larmes qui scintillent Dans les yeux des Camélias [La femme, la poétesse, la rêveuse... l'amoureuse] Nedjma - Yacine Kamilya - Amine) La coupe de malheurs est bien remplie A ta santé ! Je bois le calice jusqu'à la lie ! Il a toujours raison... Quand il décime un autre peuple Quand il rase nos masures Quand il élève un autre Mur Pour bâtir ses maisons Le Peuple élu a raison. On aura un Mur pour se lamenter Et une petite histoire à taire. Qui oserait la raconter ? Oublie ! Oui, oublie ! A ta santé ! Je bois le calice jusqu'à la lie ! La leçon d'Histoire Et si après soixante ans on oublie Et si après cent ans on oublie Et si... Le Peuple élu a une Histoire Ecrite avec notre sang Avec les lettres éparpillées [la diaspora] de nos noms Le Peuple élu a une Histoire Ecrite avec les flammes [froides] de la Shoah Elle est écrite dans une [fausse] Torah. La nôtre est écrite sur l'eau et sur le sable Elle est plutôt ineffable Notre Histoire. Elle déambule sur un trottoir Elle se vend. Elle s'efface. Elle change de visage. Elle n'a plus de face. Elle se prostitue. Elle se bâtardise. Elle disparaît. « Les blessures se cicatrisent ». Et tout s'oublie... A ta santé ! Je bois le calice jusqu'à la lie ! La symphonie héroïque... qui se termine sur une note triste. Tu résistes. Tu essaies de te rappeler Les amis, les larmes, les fous rires, les rêves fous... le passé Qui n'a cessé De t'appeler. Et finalement... tu capitules devant l'oubli A ton malheur ! Je bois le calice jusqu'à la lie ! Ainsi fut le sort de Jésus ! Tu l'as vu abattre des Arbres Tu l'as vu abattre l'Olivier. Et tu le vois décapiter le Cèdre Et à chaque fois tu restes... de marbre. De Chagrin tu mourras et d'Amertume. Comme Phèdre. Et comme les Arbres, on te déracine On t'incinère et ton corps se calcine pour te crucifier sur les murs.v Après une semaine... on t'oublie. A ta mémoire ! Je bois le calice jusqu'à la lie ! Paroles de la prostituée qu'on appelle la Nation Rentrez chez-vous, il se fait tard Le train de la Dignité, de la Révolte, de la Fierté, de l'Orgueil... est passé. Les chants des enfants en colonies de vacances (c'est l'été) - Ofélia chante avec eux En hiver, la neige sera le baume Et on bâtira notre demeure au toit de chaume En hiver, la neige sera le baume Et on bâtira notre demeure au toit de chaume En hiver, la neige sera le baume Et on bâtira notre demeure au toit de chaume Amine Driouch