Prendre un bus, nécessite un courage de guerrier, des cuisses et une endurance de sprinter, des mains et une souplesse de gymnastique ! Surtout, il ne faut pas le prendre : quand il pleut car la communauté urbaine n'a pas encore aménagé de grands parapluies rectangulaires pour ses bus qui laissent s'infiltrer une bonne quantité de précipitations égale à celle qu'on enregistre annuellement dans un village de Somalie. quand il fait chaud car entre chaleur du moteur, celle de l'extérieur et celle de soixante personnes entassées (37°x60=2220°), tu risques de voir fondre une partie de ton corps. quand il fait beau puisque tu n'es pas le seul à avoir pensé faire un tour en ville ou sortir prendre une bonne bouffée d'air frais avec 30 DHS dans ta poche. quand on gagne un match car tu feras bien ensuite d'aller voir rapidement un spécialiste auricologue pour te débarrasser des slogans qui continueront à faire écho dans ton cerveau. quand on perd un match puisque tu seras l'unique chanceux du bus de ne pas avoir reçu un coup de poing crypté sorti d'une foule bien homogène de jeunes déçus qui viennent juste de quitter le stade. au début du mois quand tous les employés fantômes se précipitent pour marquer leurs présences avec leur peur de ne pas froisser leurs costumes bleus bien repassés et leur gestes de protection et d'occupation d'espace avec la main gauche (euh ! ! La main droite tiens la cravate). à la fin du mois quand les gens -faute de moyens- laissent leurs voitures au garage ou près de chez eux pour économiser le prix de l'essence. Mais tu peux oser le prendre quand tu veux si tu es capable de résister à la compression ! Déjà, quand on monte dans un bus, les yeux te scannent le visage avec plus de résolution graphique si tu es une femme. Quelle chance de trouver une place ! Tu ne peux pas t'asseoir correctement puisque l'espace réservé pour les jambes a été conçu sans doute pour des asiatiques de petite taille. Pour les gens près des vitres, il sont obligés de s'asseoir en diagonale obligeant les voisins à faire de même. Ces derniers voient également leurs jambes encombrer le couloir. Quant aux couloirs, damné celui qui y debout, puisqu'il doit montrer des grandes capacités de flexibilité de corps, de souplesse de squelette et d'esprit pareilles à celles d'une souris. Car, comment imaginer deux personnes qui se croisent dans un espace de 30 centimètres d'envergure : il y'a toujours un contact trop intime, voir une fusion de chair et de pensées. En plus du complet affiché par le bus, il y'a toujours ce pauvre receveur contraint à faire les vas et viens dans ce minuscule ‘couloir de minceur' comme pour s'assurer que tout ne vas pas bien ! ! Et qu'il faut rajouter quelques corps à la prochaine station pour augmenter la densité de chair/m3 afin que le bus ait une meilleure inertie. Parfois -et dernièrement souvent- un, voire même deux contrôleurs montent dans les bus pour mesurer la densité et pour dénicher les ‘voyageurs colis' qui n'ont pas leurs tickets. Malheureux celui qui se permet de prendre quelques séances de massage intense sans payer son ticket, parce qu'il aura droit à des vertes et des pas mûres de la part des deux hommes qui généralement sont des costauds qu'il ne faut pas contredire. Aussi, il y'a des bus tortues et d'autres Ferrari. Quand tu es trop pressé, tu as toujours droit (comme par malchance) à un bus souffrant de vieillesse qui roule à la vitesse d'un autocar de tourisme à Luxor pour permettre aux voyageurs-touristes de contempler la beauté du paysage. Et quand le soir, tu as tout le temps pour revenir chez toi saint et sauf, tu assisteras à une course infernale des chauffeurs de bus qui veulent chacun de son côté renter le plus tôt possible. Des accélérations style Ayrton Senna, des virages à la Schumacher et des freinages comme dans les bandes dessinés : tout ce dont tu as besoin pour augmenter d'une bonne dose ton taux d'adrénaline (hormone de la peur) au point de ne plus avoir envie de regarder le soir, le film d'horreur proposé à la télé. J'aime bien que celles-ci rajoute en bas de l'écran : interdit aux moins de 10 ans et aux personnes qui sont rentrées en bus ! ! Si tu ne me crois pas, prends le 58 bis de Témara ! Sociétés de transport qui voulez gagner beaucoup, aillez pitié de nous ! Demain, Je te parlerai de l'Internet ! » A demain alors avec J'bilou.