Les médecins du secteur public ont débrayé ce lundi 7 octobre, et ce pour 24h, à l'exception des urgences et des services de réanimation, accompagnés de sit-in devant les directions régionales du ministère de la Santé. Agadir Annoncée il y a une semaine par le syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP), cette grève intervient suite aux arrestations survenues dans les rangs des médecins ainsi que la loi des gardes et de l'astreinte qui leur pose un énorme problème. En effet, la loi de l'astreinte indique que le médecin après avoir terminé ses heures de travail (8h30 – 16h30) doit rester joignable toute la soirée par téléphone et assister l'équipe sur place. C'est seulement en cas d'urgence qu'il doit se déplacer à l'hôpital dans un délai maximum de 30min. Oujda Récemment un médecin gynécologue à la ville de Larache, Dr. Yassir Bennani, a été arrêté pour « non-assistance à personne en danger ». Selon les explications fournies à Hespress Fr par Dr Abdelali Lwahid, secrétaire régional du SIMSP de la région Souss Massa, « le gynécologue était en astreinte et a reçu un appel de la sage-femme l'informant que deux patientes sont venues à l'hôpital, mais leur état est stable. Il a donc fourni ses instructions à la sage-femme et la conduite à suivre, mais en aucun cas elle ne lui a dit que l'état d'une des patientes était en danger ». A sa grande surprise, le lendemain matin, Dr Bennani est contacté par la sage-femme qui lui annonce le décès de la patiente en question. « Le Dr Bennani ainsi que son avocat ont bien signalé au parquet général qu'il n'a reçu aucun appel de la part de la sage-femme l'informant du cas critique de la patiente. Le rapport qui est à la disposition du parquet général montre que l'état de la patiente était stable à minuit, 1h du matin, 4h du matin voir même 8h du matin et que Dr Bennani n'a reçu aucun appel et urgent », avance Dr Lwahid. Beni-Mellal Et de rappeler que « parmi les règles de l'astreinte, si la patiente n'est pas en danger ou si son cas ne nécessite aucune intervention, le médecin donne ses instructions à l'équipe sur place et c'est ce qu'il a fait. Et finalement, il se retrouve en prison. D'ailleurs on a demandé à la direction et au parquet quel est la faute de Dr. Bennani dans cette affaire alors qu'il n'a reçu aucun appel d'urgence ? », déplore notre interlocuteur. Dans ce sens, le SIMSP appelle, à travers la grève de ce lundi 7 octobre, qui a enregistré, selon nos interlocuteurs, un taux de réussite de 85% au sud et 80 % au nord, à la révision de la loi régissant la garde et l'astreinte ainsi que la libération de leur confrère Dr Yassine Bennani. « Avec ce système d'astreinte, le médecin se retrouve à travailler 4 jours d'affilée, et c'est dangereux, pour la santé du patient ainsi que la santé physique et morale du médecin. De plus, il y a un manque cruel de médecins en général, mais de médecins gynécologues en particulier. Du coup, le gynécologue se retrouve à faire une garde seule alors qu'elle doit être assurée par 4 médecins normalement, comme c'est le cas partout au monde, et doit assurer également l'astreinte et ses heures de travail (de 8h30 à 16h30 » indique Dr. Lwahid. Que dit le ministère de la Santé dans cette affaire ? « Le ministère ne veut rien entendre. Il nous a clairement dit que c'est la loi en vigueur et qu'il est en manque de médecins pour le moment et donc, il ne peut pas changer la loi », conclut-il.