Les médecins du secteur public connaissent une vague d'arrestation importante, selon le syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP), pour plusieurs motifs « incohérents et injustes », assure le syndicat. Alors qu'ils dénoncent depuis des années le déficit en termes de cadres médicaux dans les établissements de santé publique, les médecins du secteur public sont débordés par les gardes de nuit et le cumul des heures, voire les jours de travail qui peuvent aller jusqu'à 4 jours d'affilée. Selon les informations fournies à Hespress Fr par le secrétaire général du syndicat. Dr Mountadar Alaoui, le manque de médecins au Maroc a obligé les médecins du public à travailler encore plus. Ils sont amenés non seulement à couvrir leur horaire de travail (8h30-16h), mais à rester toujours joignables pour les cas d'urgence. Là n'est pas le problème, puisque les gardes et les astreintes font partie de notre métier et notre devoir, assure Dr Alaoui, qui précise que là où le bât blesse, c'est la mauvaise gestion par le ministère de tutelle. Comment ? Il nous explique. « Prenons le cas d'un gynécologue contacté un soir pour une intervention et qui se retrouve à travailler jusqu'au lendemain matin, le moment où il doit reprendre su service, donc il reste sur place et peut enchaîner 48 heures de travail sinon plus, et c'est inhumain. Tout cela, parce que c'est le seul médecin sur place, donc pas de solution en vue », avance notre interlocuteur. Et d'ajouter : « Il y a des fois un seul médecin d'une spécialité donnée qui couvre deux hôpitaux dans la même région. Sl est en intervention dans l'un et appelé en urgence dans l'autre, il sera forcément en retard, voire très en retard dans l'un des deux, si l'on prend en compte le trajet à parcourir. L'état du patient peut se dégrader, il peut même mourir. Et qui porte le chapeau à lui seul ? C'est le médecin malheureusement qui est arrêté pour non-assistance à personne en danger alors qu'il est en service et non le ministère qui est à l'origine de ce problème. Et malheureusement l'opinion publique ne comprend pas cela et la tutelle met tout sur le dos du médecin ». Ainsi, le SIMSP dénonce « les graves failles contenues dans les lois régissant les gardes des médecins et les risques qu'ils induisent pour la santé des citoyens, et qui ne respectent pas les normes de sécurité sanitaire universellement reconnues ni le droit du patient à une intervention urgente et de qualité ». La norme, selon Dr Alaoui, est que « chaque hôpital doit avoir au moins 4 médecins pour chaque spécialité pour, d'un côté répondre à la demande, et d'autre part permettre à chaque médecin de se reposer pour pouvoir fournir les soins nécessaires aux citoyens en étant concentré et reposé physiquement et psychiquement, ce qui est très important dans ce métier». À cet effet, le syndicat appelle le ministre de la Santé à reconnaître sa responsabilité dans l'absence d'un système de prise en charge efficace et opérationnel en cas d'urgence et exige de la tutelle l'abolition immédiate du système obligatoire de garde dans les spécialités urgentes et de le substituer par le système de garde « astreinte » avec un nombre suffisant de médecins, outre la garantie des conditions et des équipements nécessaires pour prendre en charge convenablement les cas urgents. Par conséquent, le SIMSP annonce une grève nationale de 48h le lundi 7 octobre prochain dans l'ensemble des établissements de santé du Royaume à l'exception des services des urgences et de réanimation.