Deux partis ennemis italiens vont manger dans la même assiette. Après une crise de plus d'un mois, c'est aujourd'hui que le nouveau gouvernement italien formé par l'ex président du Conseil italien reconduit pour la circonstance, Giuseppe Conte, a été investi. La nouvelle équipe gouvernementale a été présentée au président Sergio Mattarella. Composée de dix ministres du Mouvement 5 Etoiles (M5S) majoritaire, de neuf du Parti démocrate (PD), première force de gauche, ainsi que celui appartenant à Libres et Egaux (LEU, gauche) et la ministre de l'Intérieur sans étiquette. Deux partis naguère ennemis, les sociaux-démocrates du Parti Démocratique (PD)et M5S (Cinq Etoiles) devront supporter cette amalgame gouvernemental si l'on peut dire ainsi. Luigi Di Maio, chef du M5S, Co-vice-président du Conseil dans le gouvernement précédent et ministre du Travail devient le nouveau chef de la diplomatie italienne, tandis que Roberto Gualtieri lui, hérite du portefeuille stratégique de ministre de l'Economie et des Finances. La précédente coalition, que dirigeait déjà Giuseppe Conte, avait explosé suite à une crise provoquée par les refus de plus en plus marqués du M5S d'accéder aux projets du parti de la Ligue (extrême droite) chapeauté par le tumultueux Matteo Salvini. On retiendra la nomination à l'Intérieur en remplacement à ce dernier de l'ex-préfète de Milan Luciana Lamorgese. Les ténors des deux partis, cela va de soi, se sont répartis les ministères clés avec soins, au regard de la nomination de Lorenzo Guerini l'un des principaux dirigeants du PD (entre gauche) en tant que nouveau ministre de la Défense. Cette alliance pour singulière soit-elle, n'en marque pas moins une rupture avec le passé. Quand on sait les difficultés vécues par le gouvernement précédent, notamment sur le dossier de l'immigration dont la Ligue avait fait son cheval de bataille, c'est une petite révolution. Ce nouveau gouvernement italien qui est composé de 21 ministres, dont 7 femmes, est aussi un clin d'œil à l'Europe, puisque l'exécutif qui a prêté serment, se veut plus ouvert à Bruxelles que le précédent, formé par le M5S et la Ligue. Le fougueux Matteo Salvini avait terni les relations de la troisième puissance économique européenne avec l'Europe 14 mois durant. La nouvelle équipe que dirigera Giuseppe Conte devait tenir un premier conseil des ministres, aussitôt l'investiture reçue. Le nouveau gouvernement, devra toutefois pour aller jusqu'à la fin éventuelle de sa législature (2023) faire face au vote de confiance au parlement italien. Cela devrait passer comme lettre à la poste. Jaouad Kanabi