Deux jours après l'annonce de Nasser Zefzafi et six de ses codétenus par rapport à un « renoncement à la nationalité de l'Etat marocain », des activistes du Hirak de Jerada, dont certains graciés à l'occasion de l'Aïd Al Fitr, ont publié un manifeste appelant à la libération des personnes incarcérées pour « liberté d'opinion », dont ceux du Hirak du Rif. Dans leur lettre ouverte, parvenue à Hespress FR, les activistes commencent par rappeler que dans leurs manifestations à Jerada, l'année dernière, ils réclamaient « une véritable alternative économique, un accès gratuit à l'eau et à l'électricité dans le cadre de la réparation des préjudices, ainsi que l'application du principe de reddition des comptes, vue la situation catastrophique dans la ville ». Les auteurs s'inscrivent dans le sens des mouvements de protestation observés dans d'autres régions du Maroc et expliquent qu'« à travers tous les événements passés, il est clair que l'approche répressive domine aux dépens de l'approche sociale et économique ». D'après eux, cette situation « reflète l'incapacité des expressions politiques et syndicales à remplir leur rôle, ce qui a conduit à une aggravation de la situation et à un engorgement dans la rue ». Les activistes du Hirak de Jerada considèrent que la crise qui s'abat sur leur cité, jadis minière et relativement prospère, « fait partie intégrante des problèmes et des souffrances du peuple marocain ». Ils définissent le mouvement qu'ils ont créé, suite au décès tragique de deux frères mineurs dans une galerie clandestine de charbon, comme « le résultat de politiques d'exclusion, de marginalisation, de corruption et de rentes ». « La non-application des dispositions de l'Accord de fermeture de la mine et l'absence d'alternative d'une part, et d'autre part, l'augmentation du nombre de victimes des puits de charbon résultant de l'exploitation des barons du charbon, en violation flagrante des lois régissant le travail dans les mines, en plus de la forte facturation de l'eau et de l'électricité », étayent les signataires du manifeste en s'attachant à leur dossier revendicatif. Le document souligne qu'« en l'absence de réponse des responsables au dossier du Hirak de Jerada, en évitant un dialogue sérieux et responsable avec les activistes du mouvement afin de répondre aux demandes de la population, il avait fallu recourir à une approche répressive fondée sur la violence, le harcèlement, les arrestations et les procès simulés, puis il y a eu la décision de libérer les prisonniers, venue comme une condamnation des décisions judiciaires rendues contre nos honorables militants et en reconnaissance de la légitimité des revendications de la population ». Face à cette situation, les activistes du Hirak de Jerada affirment leur condamnation de « l'approche répressive » et « la détention politique », ainsi que leur « solidarité initiale et inconditionnelle avec les victimes de l'approche répressive », et citent « en particulier les détenus du Hirak du Rif ».