Rassemblant les familles des détenus du Hirak du Rif, l'Association Thafra pour la fidélité et la solidarité a réagi aux propos de la présidente du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) Amina Bouayach qui a nié dans une interview à l'agence de presse espagnole EFE l'existence de détenus politiques au Maroc. Précisions. Présidée par le père du leader du Hirak du Rif Nasser Zefzafi, l'Association Thafra estime que les déclarations d'Amina Bouayach au cours de sa récente interview « va de pair avec le discours officiel de l'Etat marocain sur la situation des droits de l'Homme au Maroc » et « remet en question l'indépendance du CNDH et le respect des principes de Paris ». Ces derniers concernent le statut et le fonctionnement des institutions nationales pour la protection et la promotion des droits de l'Homme. De plus que cette « négation », selon les familles des détenus, « contraste avec la confirmation de nombreuses ONG nationales et internationales de défense des droits de l'Homme sur l'existence de prisonniers politiques au Maroc, avec le rappel que des détenus sont soumis à des arrestations arbitraires et aléatoires accompagnées de tortures physiques et psychologiques ». L'association ajoute que les condamnations prononcées dans ces cas de figure touchent « l'atteinte à la sécurité et à la souveraineté de l'Etat et l'incitation à la déloyauté des citoyens à l'Etat marocain, alors qu'un certain nombre de données confirment que la raison de leur jugement est leur point de vue, leurs attitudes, et leur protestation pacifique contre l'injustice, la Hogra (mépris de classe) et la politique de marginalisation, pratiquée par l'Etat contre leur région et leurs enfants ». En contresens, les familles des détenus des Hirak avancent que le statut de « prisonniers politiques » s'applique aux activistes rifains, en plus d'invoquer les règles du droit international et les traités internationaux sur les droits de l'Homme qui considèrent comme « prisonnier politique » et « prisonnier d'opinion » chaque personne arrêtée en raison de sa protestation pacifique pour demander des droits. « La qualité de détenu politique se confirme, d'après la réponse de Thafra à la présidente du CNDH, lorsque leur cause prend une dimension internationale après la déposition de leur dossier auprès des institutions du Parlement européen et des Forums internationaux, ainsi qu'auprès de nombreuses institutions de pays européens, grâce aux efforts des militants libres en Europe, jusqu'à atteindre des nominations pour l'obtention de prix de défense des droits de l'Homme et de liberté d'opinion ». Le communiqué à charge des proches des détenus du Hirak s'interroge sur les fondements de la réponse d'Amina Bouayach en déclarant : « Devrions-nous démentir les dispositions du droit international sur les droits de l'Homme et du Parlement européen qui ont reconnu la détention politique des activistes du Hirak du Rif ? Les organisations internationales de défense des droits de l'Homme dont les rapports et déclarations confirment que les détenus du Hirak du Rif et d'autres mouvements de protestation au Maroc sont des détenus politiques ? Les millions de Marocains qui ont sympathisé avec les détenus du Hirak du Rif et les ont considérés comme des prisonniers politiques ? Devrions-nous démentir tous ceux-là et Mme Amina Bouayash, et le discours de l'Etat ? ».