Le père du leader du Hirak du Rif et président de l'Association Thafra pour la fidélité et la solidarité, Ahmed Zefzafi, était l'invité d'un colloque organisé ce mardi par le Comité national pour la liberté des détenus et la défense de la liberté d'expression au Club de l'Ordre des avocats du barreau de Rabat, intitulé « la détention politique au Maroc entre hier et aujourd'hui: le constant et le changeant ». Il a évoqué le cas des détenus du mouvements rifains et les conditions de leur emprisonnement dans différents pénitenciers du Royaume. Zefzafi père considère ainsi que « L'Etat n'a pas rompu avec les arrestations et pratiques politiques précédemment constatées dans le camps de détention de Tazmamart ou dans le commissariat de Derb Moulay Cherif« , soutenant que « la politique pénitentiaire va à l'encontre des recommandations formulées par l'Instance équité et réconciliation (IER) il y a près de deux décennies« . Selon le père de Nasser Zefzafi, les événements du Hirak du Rif « ont témoigné du retour du démon de la détention politique« , estimant au passage que « l'histoire de l'établissement pénitentiaire au Maroc se greffe à l'histoire de la détention politique dans le pays« . CR: Mounir Mehimdate Pour répondre à l'une des questions qu'a soulevées ce colloque qui a connu la participation de différends acteurs associatifs, avocats et défenseurs des droits humains, Ahmed Zefzafi a déclaré que « la variable dans la question de la détention politique entre hier et aujourd'hui est que l'Etat dispose désormais de boucliers droit-de-l'hommistes qui justifient ses pratiques et violations des droits de l'Homme« , se référant ainsi au Conseil national des droits de l'Homme et à la récente sortie médiatique de sa présidente, Amina Bouayach. « Bouayach, qui nie l'existence de détenus politiques au Maroc, tente de transformer les détenus de Hirak en criminels pour leur retirer le statut de détenu politique« , a ajouté Zefzafi sur ce point, regrettant « que des institutions publiques concernées par les droits de l'Homme soient ensuite utilisées pour justifier la violation de ces droits« . CR: Mounir Mehimdate Sur le volet juridique, le père du Hirak du Rif a indiqué que « le dossier du Hirak témoigne de la fabrication des charges, la falsification des procès-verbaux et d'un certain nombre de pratiques qui se sont poursuivies dans les prisons où les militants ont été traités de manière inhumaine« . Son fils, Nasser Zefzafi et le reste des détenu du mouvement rifains vivraient, selon lui, « sous un terrible embargo qui ôte à des prisonniers de droit commun le droit de communiquer entre eux, tout en empêchant leurs familles de leur rendre visite et en empêchant l'entrée des qouffa (paniers contenant des produits alimentaires, généralement présentés par les familles à leurs proches emprisonnés, NDLR) ». CR: Mounir Mehimdate Président de l'Association Thafra pour la fidélité et la solidarité qui réunit l'ensemble des familles des détenus du Hirak du Rif, Ahmed Zefzafi a également expliqué au cours de son intervention que « plus de 60 militants du mouvement sont aujourd'hui condamnés à de lourdes peines, en plus de plus de 10 activistes des réseaux sociaux emprisonnés simplement pour avoir exprimé leurs opinions sur Internet ».