L'association Tafra s'inscrit en faux contre la dernière sortie de la présidente du CNDH et revendique, preuves à l'appui, le statut de détenu politique de tous les activistes du Hirak du Rif. Dans une interview accordée à l'agence EFE, la présidente du CNDH a estimé qu'il «n'y a pas de prisonniers politiques au Maroc». Une position immédiatement dénoncée par de nombreuses ONG des droits de l'Homme. L'Association Tafra pour la fidélité et la solidarité des familles des détenus du mouvement populaire dans le Rif, hautement concernée par la sortie de Mme Bouayach, vient également de riposter via un long communiqué publié sur sa page Facebook, au terme de la réunion de son bureau le 26 juillet. «Par cette négation, Amina Bouayach, se rend complice du discours officiel de l'Etat marocain sur la situation des droits de l'Homme au Maroc. Elle met en cause l'indépendance du Conseil national des droits de l'Homme et son respect des Principes de Paris.» Association Tafra «Les détenus du Hirak sont des prisonniers politiques» Tafra a avancé des preuves pour démonter la version de la présidente du CNDH : «Cette négation contredit (…) les fausses accusations dans des procès-verbaux montées de toutes pièces tels que l'atteinte à l'intégrité interne de l'Etat, l'incitation contre l'intégrité territoriale du royaume et à sa souveraineté, la négation de l'allégeance des citoyens envers l'Etat marocain...». Des charges qui confirment que «la principale raison de leur procès est leur opinion (…) contre l'injustice, le mépris et la politique de marginalisation menée par l'Etat contre leur région», précise le texte de l'association. Tafra revendique haut et fort le statut de détenu politique pour tous les activistes rifains emprisonnés. Et de citer comme argument la «dimension internationale» qu'a prise le mouvement de contestation, avec «une présence dans les institutions européennes et sur la scène internationale». L'instance rappelle «la nomination par les membres du Parlement européen de Nasser Zefzafi, et à travers lui, l'ensemble des détenus du mouvement rifain, à deux prix consacrés au soutien des défenseurs des droits de l'Homme et de la liberté de pensée sur l'échelle internationale, à savoir le Prix Sakharov 2018 et le Prix Vaclav Havel 2019». Le rapport de M. El Yazami sur la torture des détenus Après l'égrenage de ces nombreux arguments, Tafra a demandé à la présidente du CNDH de rendre public les conclusions de l'enquête commandée à deux médecins légistes en 2017 par son prédécesseur, Driss El Yazami, sur les allégations de tortures subies par les détenus rifains. Aussi, l'ONG invite Mme Bouayach à «travailler sur les dossiers de torture et de mauvais traitements infligés à des détenus lors de leur interrogatoire dans des centres de détention ou pendant leur incarcération, et auparavant à bord des hélicoptères, ainsi que dans des véhicules des forces publiques, transformés en centres de détention mobiles où se produisent les pires formes de torture physique et psychologique». Pour mémoire, en mai dernier, Nasser Zefzafi avait mis au défi Amina Bouayach de révéler l'intégralité des conclusions de ce rapport dont les extraits ayant fuité à la presse avaient fait état de cas de torture, au grand dam de la DGSN.