Vote du Projet de loi cadre censé réformer le système éducatif, langues étrangères, anecdotes personnelles, règlement de compte avec Rachid Talbi Alami et Habib Malki... Abdelilah Benkirane vient de survoler, pêle-mêle, plusieurs sujets sous les vivats d'une foule acquise à sa cause, réclamant de surcroît son retour aux commandes. Réunie dans le cadre d'un forum à Kénitra ce mercredi 24 juillet, la Chabiba du PJD a réservé un accueil de rockstar un Abdelilah Benkirane venu en gandoura et babouches s'assurer que sa côte de popularité auprès des jeunes islamistes n'a pas régressé. La semaine écoulée, l'ex Secrétaire général a été soupçonné d'avoir demandé aux députés PJD de la première Chambre de voter contre le Projet de loi-cadre N°51.17 relatif au système de l'éducation, de l'enseignement, de la formation et de la recherche scientifique. « j'ai dit ce que j'ai à dire sur le sujet », a-t-il vaguement expliqué avant de rebondir sur la décision d'adopter le français comme langue d'enseignement des matières scientifiques et technique. Selon lui, ce serait « une honte » et « une victoire de la langue des colons ». Qualifié de « héros national » par le président de la Chabiba des islamistes Mohamed Amekraz, l'ancien Chef du gouvernement n'a pas manqué cette occasion pour manifester la sympathie qu'il a pour Driss Azami Idriss qui vient de démissionner du poste de président du groupe parlementaire du PJD de la première Chambre. « Vous savez tous combien je l'affectionne, beaucoup plus que Saâd (en parlant d'El Othmani) (...) S'il y a une victoire qu'il se doit de remporter, ce sera celle des législatives en 2021 », a-t-il notamment déclaré. Enchevêtré et bondé d'anecdotes du temps où il dirigeait la majorité gouvernementale, le discours d'Abdelilah Benkirane était notamment destiné à ses adversaires politiques, le RNI et son ministre de la Jeunesse et des sports en tête. Rachid Talbi Alami, qu'il a naguère traité d' « avili » a été aujourd'hui désigné comme « un minable ». Abdelilah Benkirane dit ne pas avoir toléré comment le responsable gouvernemental a interdit à une association réputée proche du PJD d'établir une colonie de vacances au large d'Oued Laou (province de Tétouan). « Vous vous êtes pris à 250 enfants voulant simplement profiter de leurs vacances », glissait-il avant de revenir sur des conversations privées qu'il a eues avec Talbi Alami qui, selon ses dires « rêvait d'être nommé ministre » dans son gouvernement. « Malgré son insistance, c'est Mezouar (ex président du RNI) qui voulait qu'on lui réserve le poste de président de la première Chambre durant mon mandat », a-t-il glissé en justifiant ces indiscrétions par le fait que le dirigeant RNI « a dépassé les bornes ». Accusant dans ses sorties médiatiques le PJD d'être « financé par des parties extérieurs », Abdelilah Benkirane a mis au défis son adversaire de prouver ses allégation et de « les remonter au parquet général ». L'ancien patron des islamistes s'est ensuite penché sur Habib El Malki, successeur USFP de Rachid Talbi Alami à la présidence de la Chambre basse. « Vous devriez avoir honte », a-t-il conseillé à l'élu de Bejaâd, ex ministre de l'Education nationale, vous n'avez obtenu que 20 sièges. Comment avez-vous fait pour doubler tout le monde ? » a-t-il asséné. Reprenant un adage populaire, Benkirane poursuit en avançant que « la meute arrive à vaincre le lion » et rappelle que l'élection de Habib El Malki s'est déroulée « en l'absence de Sidna qui était en visite officielle en Afrique (sic !) ».