L'agence de notation financière « Fitch Ratings » vient de publier un rapport sur la réforme des soins de santé au Maroc. Elle y souligne que malgré les différents problèmes de longue date que connait le secteur de la santé dans le Royaume, le gouvernement tente toujours d'améliorer et réformer ce secteur sensible. Pour Fitch Rating, le marché marocain présente des opportunités considérables pour les fabricants de médicaments. Le marché pharmaceutique du Maroc, estimé à 16,53 milliards de dirhams (1,68 milliard de dollars), devrait atteindre une valeur totale de 33,76 milliards de dirhams (3,27 milliards de dollars) d'ici 2028, soit un taux de croissance annuel composé (TCAC) sur 10 ans de 7,7% en dirhams et de 6,9%. % en USD. Cela est renforcé par un processus d'approbation rapide des produits pharmaceutiques, une croissance économique soutenue au cours des dernières années, les liens étroits que le Maroc entretient avec les pays européens et sa situation géopolitique stratégique avance le rapport de Fitch Ratings. Prévisions des ventes pharmaceutiques au Maroc Dans ce nouveau rapport, Fitch relève que la couverture sanitaire universelle restera la principale priorité du gouvernement marocain. « Le plan à long terme du pays est d'étendre la couverture des soins de santé aux couches de la population qui ont le plus de difficultés à accéder à des services médicaux de qualité, à savoir les moins nantis et les habitants des zones rurales« , peut-on lire dans son rapport. Elle avance que l'engagement du gouvernement marocain en faveur de cet objectif a donné quelques résultats initiaux, cités par le chef du gouvernement, Saad Eddine El Othmani, lors de l'un de ses discours de mai 2019 où il avait affirmé que la couverture des soins de santé avait été étendue à 60% de la population, contre moins de 47% en 2017. Dans le même discours, indique l'agence, El Othmani a dévoilé un plan en six étapes visant à réformer radicalement le système de santé d'ici 2025, en commençant par améliorer l'accès au soin et la qualité des soins, puis en mettant l'accent sur la responsabilité. Par ailleurs, l'agence n'a pas manqué de souligner dans son rapport le manque énorme en personnel au sein des établissements de santé, notant ainsi que « le gouvernement cherche également à remédier à ce manque dans le milieu rural et, partant, à améliorer l'accès aux services de santé, en offrant aux médecins et aux infirmières des primes pour les visites ou le travail dans ses zones reculées du Royaume » . Fitch Rating souligne pareillement qu'une partie du budget alloué à cette action par le gouvernement d'El Othmani servira à l'amélioration des installations existantes et à l'hébergement des professionnels de la santé. Elle rapporte dans ce sens qu'en avril 2019, l'OMS a salué les efforts déployés par le royaume pour réformer les soins de santé et indiqué qu'elle était disposée à le soutenir dans les domaines de la formation des professionnels de la santé, de la couverture sanitaire universelle, de la gouvernance du secteur de la santé et du partage des bonnes pratiques. Une partie du budget alloué à cette fin servira à l'amélioration des installations existantes et à l'hébergement des professionnels de la santé. En ce qui concerne la production locale de médicaments, l'agence indique que cette dernière a également pris de l'ampleur. Le rapport indique que dans le but de lutter contre les médicaments contrefaits, d'assurer la qualité et de stimuler l'industrie pharmaceutique locale, le gouvernements marocain a essayé depuis longtemps de stimuler et favoriser la production locale des médicaments. « En juin 2019, il avait été annoncé que Mylan Pharmaceuticals Maroc (Mylan) investirait 60 millions de dirhams (6,5 millions USD) d'ici fin 2019 dans ses installations de production locales. Le premier médicament produit sera Myhep All, un médicament générique d'Epclusa destiné au traitement de l'hépatite C. L'usine couvre une surface de 1 500 m2 pour la production, l'analyse, le stockage et la distribution du médicament. Mylan Pharmaceuticals Maroc a l'intention d'agrandir l'usine de 900 mètres carrés et de commencer à produire des traitements génériques contre l'hépatite B, le cancer et le diabète« , peut-on-lire dans le rapport de l'agence de notation financière Fitch. Mais pas que ! L'agence poursuit qu' »en octobre 2018, une nouvelle installation de production d'inhalateurs-doseurs a été inaugurée au Maroc qui devrait produire 15 inhalateurs-doseurs différents, dont onze seront commercialisés pour la première fois au Maroc. Cipla Morocco, filiale du groupe pharmaceutique indien Cipla, est responsable de l'installation, qui devrait produire plus de 1,5 million d'inhalateurs à doseur chaque année« . Facteurs de risque! Toutefois, Fitch avance que des défis de longue date risquent de compromettre les progrès et de limiter l'attractivité du secteur au Royaume. En effet, selon elle, « en plus d'une partie importante de la population qui n'a toujours pas accès à la couverture des soins de santé (8,5 millions de personnes selon les données de la Banque mondiale en 2017), le système de santé marocain reste confronté à de nombreux défis« . L'agence justifie son argumentation en soulignant que « les patients et les médecins au Maroc ont à maintes reprises exprimé leur mécontentement face aux mauvaises conditions du système de santé et en particulier, la qualité des services sociaux, la corruption généralisée et les conditions de travail sous-optimales« . Plus surprenant, l'agence revient sur les « grèves et les démissions continuelles de professionnels de la santé en signe de protestation contre les bas salaires et la prétendue indifférence du ministère de la Santé face aux problèmes auxquels le système est confronté qui sont révélateurs« . De plus, les prix des médicaments dans le pays étaient très incertains, alerte l'agence Fitch soulignant qu' »une enquête gouvernementale a conclu qu'un certain nombre de cliniques privées appliquaient des prix plus élevés que les prix réglementés pour les produits médicaux, capitalisant sur l'absence de supervision adéquate« . « Depuis décembre 2013, le gouvernement marocain met également en œuvre une politique pharmaceutique nationale dans le but de réduire progressivement les prix des médicaments dans plusieurs domaines thérapeutiques, notamment les médicaments pour les maladies chroniques. En mai 2019, les prix de plus de 3.000 médicaments avaient été réduits« , relève-t-on. L'agence de notation financière note également que » la politique du gouvernement visant à favoriser les médicaments fabriqués localement par rapport aux médicaments importés dans le but de réduire les coûts risque fort de se poursuivre. Celles-ci pèseront négativement sur l'attractivité du marché du pays pour les fabricants internationaux de médicaments avec un portefeuille de médicaments innovants ne disposant pas d'installations de production locales« , conclut-elle dans son rapport.