Le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) a tenu sa deuxième réunion trimestrielle concernant la politique monétaire de l'année en cours, le 18 juin à Rabat, sous la présidence de son Wali, Abdellatif Jouahri. Celui-ci a partagé les performances économiques du royaume à différents niveaux, tout en présentant les prévisions de BAM à l'horizon 2020. Jouahri n'y est pas allé de main molle. L'année 2019 s'est ouverte sur des réalisations moins importantes que celles enregistrés en 2018, quoique le Wali de BAM a indiqué qu'il garde une vision positive pour l'économie du royaume à l'horizon 2020. Jouahri a ainsi indiqué que le taux directeur sera maintenu à 2,25 %. Cela dit, le Wali a indiqué que les prévisions pour l'année 2019 n'ont rien d'«honorable », puisqu'il a parlé d'un taux d'inflation de 0,6 %, une croissance revue à la baisse à 2,8 %, une aggravation du déficit budgétaire de 4,1 % du produit intérieur brut (PIB). Il a toutefois indiqué un petit point positif, notamment la progression du crédit bancaire de 3,5 %. Cela dit, contrairement à ce qui a été dit durant les dernières assises de la fiscalité, il semble que l'économie du royaume repose toujours sur l'agriculture, dont les performances devraient être revues à la baisse de 3,8 %, selon les prévisions de BAM pour 2019. Il semble que la contribution des activités non agricoles à la richesse nationale devrait connaitre une hausse dans le même sillage, puisqu'elle devrait s'établir à 3,6 %. Cela devrait être porté par l'activité industrielle, notamment automobile, avec le démarrage de l'usine PSA de Kénitra, dans l'ouverture devrait se faire le 20 juin prochain. Toutefois, Jouahri a indiqué que le déficit budgétaire devrait s'aggraver à 4,1 % du PIB (hors recettes de privatisations), suite au dialogue social du 25 avril dernier. Dans ce sens, le Wali a déclaré que « la privatisation devrait contribuer à la création de valeur ajoutée avant tout. Il ne s'agit pas seulement de générer des recettes ». Concernant l'emploi, le taux de chômage est passé de 10,5 % à 10 %, résultant d'une baisse de 0,4 % de la population active. Cette situation a résulté dans un recul de ce taux dans le milieu urbain, passant de 15,6 % en 2018 à 14,5 % actuellement. Par ailleurs, le Wali de BAM a indiqué que le royaume reste assez dépendant des dons du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), qui restent assez aléatoires dans l'ensemble. En effet, ceux-ci devrait s'établir à 2 milliards de dollars en 2019, ce qui est égal au reliquat de 2012, avant de baisser à 1,8 milliards de dollars à l'horizon 2020, selon les prévisions de la Banque Centrale. Les réserves internationales nettes Le taux d'endettement devrait se hausser à 66 % en 2019, avant de baisser 65,4 % en 2020. Au plan des comptes extérieurs, BAM souligne que la bonne performance des exportations se poursuit, avec une progression de 4,5 % à fin avril, portée notamment par les ventes de phosphates et dérivés, faisant remarquer qu'en parallèle, les importations se sont alourdies de 4,7 %, tirées en grande partie par les achats de biens d'équipement et des demi-produits. Quant aux recettes de voyage, elles se sont améliorées de 1,5% alors que les transferts des MRE ont accusé un recul de 2,9%. En termes de perspectives, ajoute la même source, la dynamique des exportations se maintiendrait à moyen terme, avec en particulier un rebond des ventes de l'automobile en 2020, en lien avec l'entrée en production de l'usine PSA prévue au cours du second semestre de 2019, alors que les importations sont projetées en ralentissement, avec les baisses attendues de la facture énergétique et du rythme d'acquisition des biens d'équipement. Les recettes de voyage et les transferts des MRE devraient enregistrer une amélioration de leur rythme au terme de 2019 et se renforcer en 2020. Tenant compte de ces évolutions et sous l'hypothèse d'entrées de dons du CCG de 2 milliards de dirhams en 2019 et de 1,8 milliard en 2020, BAM s'attend à que le déficit du compte courant s'allégerait de 5,5 % du PIB en 2018 à 4,5 % en 2019 puis à 3,1 % en 2020. BAM estime que, dans ces conditions, les réserves internationales nettes (RIN) s'établiraient à 239 milliards de dirhams à fin 2019 et à 234,5 milliards au terme de 2020, continuant ainsi à assurer la couverture d'un peu plus de 5 mois d'importations de biens et services. Renforcement des recettes ordinaires S'agissant des conditions monétaires, Bank Al-Maghrib estime que le taux de change effectif réel devrait ressortir en légère appréciation en 2019, l'écart d'inflation devant atténuer l'appréciation nominale prévue du dirham, notant qu'en 2020, il connaîtrait une légère dépréciation, résultat d'une quasi-stabilité en termes nominaux et d'une atténuation de l'écart d'inflation. Pour ce qui est des finances publiques, BAM signale que l'exécution budgétaire des cinq premiers mois de l'année s'est soldée par un allègement du déficit à 18,5 milliards de dirhams en raison notamment du renforcement des recettes ordinaires de 6,2%, reflétant principalement une augmentation notable des produits de l'IR et de la TIC ainsi que l'encaissement de la contribution sociale de solidarité sur les bénéfices. Les rentrées de la TVA ont été, en revanche, en baisse, impactées par la hausse des remboursements qui ont atteint 5,1 milliards de dirhams contre 2,6 milliards un an auparavant, constate Bank Al-Maghrib, relevant qu'en parallèle, les dépenses globales se sont alourdies de 2,6 %, tirées par les hausses de celles au titre des "autres biens et services" et de l'investissement.