Les Algériens sont retournés dans les rues pour dénoncer le « pouvoir assassin » dont ils réclament la chute. En ce dernier vendredi du Ramadan, plusieurs manifestants ont porté des tenues traditionnelles mozabites en signe de soutien et de compassion de la mort du mozabite Kamel Eddine Fekhar, mort en prison. Pour la deuxième fois consécutive, des opérations des forces de l'ordre ont débuté tôt avant le début des manifestations pour procéder à des arrestations arbitraires aux abords de la Grande Poste, point névralgique de la contestation algéroise. Néanmoins, les manifestants n'ont pas été découragés, et cette fois-ci, des pancartes portant des messages de soutien à Kamel Eddine Fekhar, cet acteur de la cause mozabite et défenseur des droits de l'Homme, arrêté et mort en prison après une grève de la faim. Jamais le slogan des premiers jours, « pouvoir assassin » n'aura été aussi poignant dans la bouche des manifestants, furieux des traitements inhumains 13h55 « Pouvoir assassin » pic.twitter.com/c5H7LSktdE — Khaled Drareni (@khaleddrareni) May 31, 2019 Les manifestants, drapeaux algériens en l'air et signe du V de la victoire, ont également observé une minute de silence en hommage à ce défenseur des droits de l'Homme qui avait commencé à perdre la mémoire et qui avait déclaré à son avocat peu avant sa disparition: « on a programmé ma mort », selon une déclaration de Salah Dabouz, son avocat, cité par TSA. Les Algérois se sont par ailleurs rassemblés devant la Place des martyrs, en symbole de la mort de Fekhar en détention. Ce vendredi, les manifestants n'ont pas lésiné sur leurs slogans anti-régime en s'adressant au chef d'Etat major, Ahmed Gaid Salah. « Yetnehaw Gaa » (qu'ils partent tous), ont-ils crié encore une fois manifestant l'une de leurs premières revendications, le départ de toutes les figures du système corrompu. Alors que le nouveau Caïd algérien a manifesté en début de semaine sa volonté de passer au dialogue, notamment en incluant les leaders d'opinion et les partis politiques, les manifestants eux, ont répondu par la négative avec un nouveau slogan: « Pas de dialogue avec la bande et le pouvoir ». « لا حوار لا حوار مع العصابة و البوفوار » « Pas de dialogue avec la bande et le pouvoir » Nouveau slogan face à la proposition de dialogue lancé par le Chef d'Etat major de l'armée #الجزائر#الجمعة15 pic.twitter.com/l5WDJGEuhY — Khaled Drareni (@khaleddrareni) May 31, 2019 Les mozabites, vêtus de calotte blanche, se sont joint à la manifestation en grand nombre accusant la « Issaba » (la bande) d'avoir tué Fekhar. Ils s'en sont pris par ailleurs à Gaid Salah en déclarant leur refus d'un Etat géré par l'armée. Parmi les manifestants, certains ont accepté la demande de dialogue entre l'armée et le peuple demandée par Gaid Salah, mais pour d'autres, il est hors de question de se mettre à la même table avec la « Issaba ».