Comme à l'accoutumée, le défilé de travailleurs célébrant la fête du 1er mai a rassemblé plusieurs corporations ce matin au centre-ville de Rabat. Mais pour cette année, la plupart des dirigeants syndicaux se sont rendus aux célébrations tenues à Casablanca, poumon économique du pays. A Rabat ce matin, les fédérations professionnelles de l'UGTM, branche syndicale de l'Istiqlal, ont formé le plus important rassemblement. La présence du patron du syndicat, Enaâm Mayara n'a toutefois pas été remarquée. C'est la chef syndicale et conseillère parlementaire Khadija Zoumi qui a tenu un discours à cette occasion. Elle a notamment estimé que l'accord social signé par le gouvernement et les syndicats « n'était qu'un début », considérant que le gouvernement « est dans une impasse depuis 2012 pour parvenir à cet accord en octroyant des miettes aux travailleurs ». Egalement présidente de l'Organisation de la femme istiqlalienne, Khadija Zoumi ajoutait que le gouvernement El Othmani « n'appréciait pas la situation délicate dans le pays ». CDT, seule contre tous De son côté, la CDT a exprimé dans le défilé d'aujourd'hui son rejet des récentes conclusions du dialogue social. Membre du bureau exécutif de la centrale, Othmane Bakka nous déclare que la CDT « n'a pas signé l'accord social pour plusieurs raisons ». Il énumère ainsi « le refus du gouvernement d'amender l'article 288 du Code pénal », limitant l'exercice du droit de grève, mais aussi le « refus d'exécuter ce qui reste de l'accord du 26 avril 2011 », et le refus du de ratifier Convention 87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical qui permet à d'autres secteurs publics de s'organiser syndicalement, ainsi que le « refus de réviser la politique fiscale des travailleurs ». Le Secrétaire général de la CDT, Abdelkader Zair a critiqué l'approche adoptée par le gouvernement avant de parvenir à un accord que son syndicat a rejeté. Il a accusé les autres centrales d'avoir « retourné leur veste » et en leur reprochant d'avoir accepté l'offre gouvernementale « non pas en ayant participé à des négociations mais à de simples consultations ». Moukharik et les Hirak populaires Pour sa part, l'UMT s'est trouvée contrainte de déplacer son défilé débutant traditionnellement à partir du siège de la centrale, avenue des FAR à Casablanca. Ceci n'a pas empêché son patron, Miloudi Moukharik de prononcer un discours devant les siens. Il a notamment appelé à « répondre au plus vide aux demandes justes et légitimes de divers groupes et expressions sociales et civiles » et à « la libération des détenus des Hirak populaires d'Al Hoceima, de Jerada et d'autres villes ». Le secrétaire général du premier syndicat marocain en terme de représentativité dans le monde du travail déclare que « l'UMT est solidaire des différentes manifestations économiques et sociales dans les villes marocaines ». Il a également réitéré son rejet de l'utilisation par le gouvernement de ce qu'il a appelé « l'approche sécuritaire et répressive » et « la répression pacifique des manifestants ».