Le gratin du football mondial actuel pourrait se résumer en quelques données, relatives notamment aux insolences de Diego Simeone, aux pétrodollars de City, aux collabs du PSG, au marketing de Manchester United, aux millions du Real, au réalisme de la Juve et au conservatisme du Barça. Heureusement, l'Ajax Amsterdam sera toujours là pour rappeler que le football est, avant tout, un jeu. Enfin presque. L'Ajax a toujours fait à sa façon. Et sa jeunesse en a toujours été la vitrine scintillante pour déballer l'alpha et l'oméga de la recette. La même depuis presque un demi-siècle, et qui resurgit aujourd'hui après presque vingt ans de l'illusion d'un déclin irrémédiable. On l'a cru dépassé par l'évolution du football moderne: L'arrêt Bosman, les budgets à bientôt un milliard d'euros annuels, l'explosion des droits de diffusion, l'empilement de joueurs galactiques dans un nombre restreint d'équipes, ou les trios d'attaquants à plus de 100 buts par saison. L'âme de Cruyff est de retour Et puis, il aura suffi d'une qualification pour les demies de finale de la champions league, d'un match aller à l'issue injuste et d'un retour où la Juve a été balayée par l'insolence et l'audace d'une équipe en démonstration, pour que remonte à la surface un concept poussiéreux: le football selon l'Ajax. Des jeunes de 20 ans, le pressing, le mouvement, défendre en avançant, ce mélange d'assurance et d'arrogance qui a construit la mythologie du club d'Amsterdam. Un football à l'image de la ville, à la fois libertaire et aristocratique. Volonté permanente d'attaquer, même face au triple tenant du titre de la Ligue des champions, voilà les forces de cet Ajax version 2018-2019. Avec de l'audace, le style produit par l'équipe d'Erik ten Hag est un hymne au romantisme, dans lequel chacun connaît parfaitement la partition qu'il doit jouer. De la charnière Matthijs De Ligt – Daley Blind, chargée d'assurer les premières relances, à l'attaque menée par le trio De Jong, Ziyech et autres Tadic, et qui a fait de l'Ajax la meilleure attaque européenne en termes de buts marqués en championnat cette saison. Construire par l'arrière, bien se positionner sur le terrain dans la largeur et la profondeur, alterner entre jeu posé et jeu direct et ne pas avoir peur de provoquer sans cesse l'adversaire balle au pied: ces préceptes sont inculqués très tôt à l'Ajax. Tous les jeunes joueurs qui rejoignent le club se doivent de les intégrer. Et pour que cette identité soit conservée, l'Ajax peut compter sur des clubs satellites qui voient le football de la même manière. L'ADN du club, l'élément capital L'ADN du club, c'est de jouer en 4-3-3. Cela ne changera pas, c'est immuable. Les coachs de l'académie et ceux affiliés à l'Ajax sont les chaînons essentiels de cette philosophie. Pour être sûr qu'elle soit bien comprise et appliquée, l'Ajax forme les entraîneurs de ses clubs satellites selon les méthodes mises en place par la direction sportive. Si l'Ajax en est à son apogée , elle le doit en partie à la révolution en 2010 de Johan Cruyff. Le club est alors en grande difficulté sur le plan sportif et à court d'idées. Pour qu'il retrouve sa grandeur et les sommets, Cruyff décide de revenir aux affaires et de mettre en place un plan à suivre, en s'appuyant sur des hommes de confiance. Il s'entoure notamment de deux formateurs: Wim Jonk et Ruben Jongkind. leurs objectifs était: Redéfinir la politique sportive en misant avant tout sur la formation et considérer d'abord l'individu plutôt que les résultats. Certaines de leurs méthodes sont bien particulières. «On a remarqué et on le sait que les plus grands joueurs ont joué dans la rue et y ont beaucoup appris. Ce n'était plus le cas ces dernières années», assure Ruben Jongkind formateur à l'ajax . «On a donc commencé à s'entraîner sur des parkings pour développer leur habilité technique et leur faculté à jouer debout et du futsal pour leur apprendre à évoluer dans les petits espaces, mais aussi du football sur des terrains de squash pour les rebonds et l'intensité. Tout ceci pour qu'ils s'habituent à de nouvelles situations et à différents espaces. Toujours dans l'idée du développement individuel du joueur», appuie-t-il. L'objectif était également que les joueurs se détachent du résultat. Dominer le match et proposer un jeu attractif, c'est la priorité pour tous les entraîneurs de l'Ajax.