Ils sont de plus en plus nombreux à s'imposer sur la toile nationale. Les influenceurs made in morocco se sont fait remarquer petit à petit au sein des différentes plateformes sociales ces dernières années. Vrai phénomène du digital, ce « métier » n'est pourtant pas à la portée de tous. Aujourd'hui, n'importe qui peut se mettre devant sa caméra et aborder n'importe quel sujet de n'importe quelle façon. Mais captiver l'attention de son audience est une autre chose. Il faut savoir que pas n'importe quel Youtubeur, Instagrameur, Twitcheur ou Snapchateur peut être influenceur. Tout dépend du contenu créé, mais surtout de la manière de le transmettre. Nos influenceurs sont bien différents des PewDiePie, Casey Neistat et Jesse Wellens, etc. En effet, si ces « stars » du digital arrivent bien à se faire un « paquet » d'argent de leur passion, car oui, la majorité de ceux qu'on nomme influenceurs à l'étranger aujourd'hui, ont commencé par nourrir leur passion, avant de la voir fleurir et porter ses fruits. Si la plupart des influenceurs du Web décrochent des contrats à des millions avec des marques mondiales, ceux de chez nous peinent souvent à joindre les deux bouts. Ils ont souvent des carrières à côté de leur passion, si ce n'est que certains d'entre eux travaillent en freelance sur divers projets. Cela dit, le principe reste le même : quand on atteint une certaine visibilité ou notoriété auprès des utilisateurs des réseaux sociaux, on se fait contacter soit directement par les marques, soit par des agences de communication qui effectuent un travail de « chasseurs de têtes » afin de dénicher la perle rare, qui correspondra au besoin du client. Pour développer ce point, il faut savoir que chaque marque cherche un profil qui saura concrétiser au mieux sa vision, et par concrétiser on cherche à dire « influencer » les consommateurs. Dans ce sens, il faut savoir que certains influenceurs ont les moyens de travailler en équipe, avec des cameramans, des monteurs, des scénaristes, des commerciaux, des comptables, des designers, etc., alors que d'autres n'ont d'autre choix que de revêtir plusieurs casquettes à la fois. Hespress FR s'est entretenu avec quelques-uns de ces créateurs de contenu, qui sont parmi les profils les plus actifs sur les réseaux sociaux, mais surtout sollicités par les marques. Que ce soit Nada « Nada Fashion Lover » Oubnichou (194.000 abonnés sur Instagram et 51.000 sur YouTube), Achraf Chagroufi (57.600 abonnés IG), Mohcine « Aoki » Harris (64.700 abonnés IG) ou Mehdi Nejmeddine (67.700 abonnés IG), ils ont tous décidé de se lancer dans la niche de la mode, avec une touche personnelle en plus, que ce soit en apportant des conseils en coaching, en fashion, life style ou même pour faire découvrir le Maroc sous un autre angle. View this post on Instagram Second one, 40 SECOND OUTFIT featuring the hit of the year ''TRAP BELDI'' ?? ? : Essadik Asli ? : @mohcineaoki ACTORS : @issamharrris @achrafchagroufi . @dolly_pran . ASSISTANTS : @izudizzy @hamchaimi @ashraafelouarid @tarikelmaliki . Mohcine's outfit detail : Coat : @burberry ( @we_thrifting ) Turtleneck : No Brand Jean : Calvin Klein Socks : @urbansox Sneakers : @pedroshoes_official #Trapbeldi #menswear #pedroshoes_official #hitoftheyear #fashion #musicvideo #artists #moroccanfashion #moroccanmusic A post shared by Mohcine Harisse (@mohcineaoki) on Feb 2, 2019 at 1:31pm PST Il fait mal d'être influenceur au Maroc Les influenceurs au Maroc sont souvent des blogueurs qui traitent de plusieurs thématiques. Que ce soit la cuisine, le sport, les nouvelles technologies, il semble que les influenceurs les plus actifs sont ceux qui traitent de la mode. La communauté marocaine des blogueurs spécialisés dans la fashion industry est l'une des plus actives dans le monde du Web. Que ce soit des tutos make-up, ou la présentation de looks pour le compte de marques présentes au Maroc tout aussi bien qu'à l'étranger, les blogueurs mode sont souvent conviés aux événements VIP et côtoient la jet set locale. Mais loin de l'image glamour qu'ils partagent sur les réseaux sociaux, cela n'est rien d'autre qu'une opération marketing pour mettre en valeur un produit X ou Y de façon discrète. S'il n'est pas évoqué directement dans le titre ou la description de leur contenu, il ne faut pas chercher plus loin que dans les tags de leurs publications pour savoir de quoi il s'agit. Un point a toutefois attiré notre attention. Les trois blogueurs auxquels nous avons parlé nous ont indiqué que les influenceurs au masculin n'ont pas les mêmes avantages que leurs compères féminines. « Les marques cherchent souvent à collaborer avec les blogueuses, car on le sait bien, être une femme a toujours été un argument de vente utilisé dans le marketing depuis la nuit des temps », nous déclare Nejmeddine. En effet, ces quatre influenceurs sont actuellement sollicités par plusieurs marques de vêtements, nouvelles technologies, automobile et même de production artistique pour leur créer un contenu qui « parle » aux jeunes. D'ailleurs, il est à noter que Aoki n'est nul autre que le frère de Issam, auteur du tube « Trap Beldi », qui compte actuellement près de 10 millions de vues sur YouTube, et sur lequel Mohcine et Achraf ont collaboré en apportant leur « touche artistique ». View this post on Instagram If we can teach people about wildlife, they will be touched. Share my wildlife with me. Because humans want to save things that they love ? Special thanks to @ledomaineduretro @salimbekkari_leadevents @younesbekkari @iraqikhadija ? : @mohcineaoki ? : @mohcineaoki #travelblogger #travelphotography #fashionblogger #explorer A post shared by Mehdy Nejmeddine (@nejmeddiine) on Feb 7, 2019 at 10:42am PST Cela dit, nos quatre blogueurs au masculin nous ont expliqué qu'être blogueur au Maroc est une chose compliquée, car on ne peut pas vivre de sa passion. « Notre métier est plus perçu comme un hobby ou un passe-temps qu'un vrai travail. Cela nous prend des heures, voir des journées entières pour trouver un concept intéressant qui puisse captiver nos abonnés, ainsi que les marques avec lesquelles nous collaborons », explique Achraf. Celui-ci travaille d'ailleurs comme cameraman-photographe, afin d'acquérir du matériel qui lui sert dans ses projets. Nada indique pour sa part qu'une carrière d'influenceur sur les réseaux sociaux au Maroc « peut être un complément, mais en vivre, je ne pense pas que ce soit possible pour le moment. Peut-être bien dans le futur ». Pour Mohcine, qui a remporté la 11e édition des Maroc Web Awards (MWA) pour la catégorie « mode », pour laquelle il était d'ailleurs le seul concurrent masculin à figurer, une niche qu'il dit être « envahie » par la gent féminine, il est compliqué de se faire vraiment de l'argent sur les réseaux sociaux au Maroc, surtout que « certaines agences de communication n'ont pas de mal à nous traiter d'une façon mesquine, comme quoi, en nous invitant à des soirées ou des galas, cela fait office d'un geste de plaisir, alors que nous travaillons vraiment ». Pour Nada, les choses sont bien différentes. Elle a sa propre marque de vêtements, qui n'est rien d'autre que la concrétisation de sa passion pour ce domaine. « Je suis devenue blogueuse par le plus grand des hasards. Je faisais la promotion de ma marque via les réseaux sociaux, surtout Snapchat. Cela m'a permis de booster mon chiffre d'affaires. Par la suite, les personnes qui me suivaient pour ma marque ont commencé à m'en demander plus, surtout des conseils fashion, ma routine personnelle. Cela a déclenché le lancement de mon compte Instagram et de ma chaine YouTube, où je partage des conseils de life style et de mode ». View this post on Instagram Had such fun filming this 30s Lookbook vidéo with one of the most talented content maker in Morocco @mohcineaoki ?? . Do you like this new video forma? Do you want more of it? . . Détail de la tenue: Leopard vest: @guzelaelegance Skirt: @hm Boots: @callitspring . . #fashion #fashionblogger #ootn #outfitinspiration #green #outfit #mode #streetstyle #love #TFLers #tweegram #photooftheday #20likes #amazing #smile #follow4follow A post shared by Nada Oubnichou (@nada_fashionlover) on Feb 1, 2019 at 11:48am PST Une carrière d'influenceur vient donc avec un lot « important » de contraintes, notamment pour ce qui est de la sauvegarde d'une bonne « image » auprès du public et des marques. « On ne peut se permettre de faire tout et n'importe quoi. Loin de tout ce qui est alcool et autres pratiques qui peuvent être à problèmes, nous devons garder une bonne image auprès de nos abonnés tout aussi bien que des marques avec lesquelles nous traitons, car elles ont bien des standards que nous nous devons de respecter », nous explique Nejmeddine, qui ajoute « nous sommes quelque part esclaves de nos carrières d'influenceurs ». Pour Nada, il s'agit plus de la difficulté d'allier sa carrière professionnelle, sa vie de famille et sa carrière d'influenceuse. « Être influenceur nécessite beaucoup de travail, de temps et d'engagement. Pour une maman qui travaille, et qui a une autre carrière à part, il faut chercher l'équilibre pour concilier notre vie personnelle et professionnelle, notamment notre carrière d'influenceur. Nous nous devons de maintenir une bonne relation avec notre communauté, tout en trouvant des moyens pour la développer ». Être influenceur au Maroc est donc plus une passion qu'un métier, car s'il est vrai que l'on arrive à se faire de l'argent avec, on est encore loin de pouvoir dire que l'on peut en vivre comme source principale de revenu.