Le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) s'est réuni, le 19 mars au siège de la banque à Rabat, afin de faire l'état des lieux sur les performances économiques du Maroc. Abdellatif Jouahri, Wali de la Banque Centrale a indiqué que le taux directeur sera maintenu à 2,25 %, au vu de la situation économique actuelle, tout en indiquant que le royaume reste tributaire des conditions climatiques. Selon les éléments présentés par Jouahri, l'économie s'est caractérisée par une situation quasi stable sur la période allant de 2017 jusqu'à 2019. A noter que la tendance se poursuivra en 2020, selon les prévisions de BAM. Ainsi, si 2017 a enregistré des performances avec un léger recul, la tendance était à la hausse en 2018, alors que l'année 2019, à hauteur de janvier, affiche des performances quasi stables avec une baisse à certains niveaux. Cela dit, les prévisions de BAM pour 2020 montrent que l'économie nationale connaitra une situation stable, avec une légère décélération. Dans ce sens, le Wali de BAM a affirmé que l'inflation au titre de l'année 2018 s'est établie à 1,9 %, poussée principalement par les performances du secteur des produits alimentaires. Jouahri a indiqué que la saison agricole devrait totaliser une production céréalière de 60 millions de quintaux, au lieu des 80 millions de quintaux prévus initialement. Le Wali a ajouté que l'économie nationale reste tributaire de la situation pluviométrique, soulignant que le volume pluviométrique pour l'année 2018-2019 a enregistré une baisse de 15,1 %, par rapport à celui de la saison agricole 2017-2018. Par ailleurs, Jouahri a mis le point sur le fait que l'économie nationale ne devrait plus reposer sur l'agriculture, mais qu'«il faut développer les secteurs non marchands». Cela devrait aider l'économie marocaine à s'aligner sur ce qui se fait à l'étranger à ce niveau. Pour ce qui est des exportations et des importations du pays, le Wali a indiqué que les exportations de biens ont enregistré des performances notables, notamment au niveau des secteurs des phosphates, de l'automobile, ainsi que l'agroalimentaire. Du côté des importations, elles ont été impactées par l'alourdissement de la facture énergétique, ainsi que la hausse des achats de biens d'équipement. Des hauts et des bas pour la finance Par ailleurs, le Wali de BAM a démenti les informations selon lesquelles les réserves de devises seraient en baisse. Dans ce sens, il a relevé que le cours moyen de l'euro va se déprécier à 1,13 dollar en moyenne durant l'année 2019, contre 1,18 une année auparavant. Cela dit, cette situation devrait changer à la hausse à l'horizon 2020. Il est à noter que les réserves internationales nettes devraient s'établir à 239 milliards de dirhams en 2019, alors qu'elles étaient de 231 milliards en 2018. Dans ce sens, les prévisions de BAM indiquent que les réserves devraient s'établir à 236 milliards de dirhams à l'horizon 2020, assurant la couverture de plus de 5 mois d'importations de biens et service. Jouahri a indiqué que les dons des pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) pourraient être renouvelés dans le futur, sans donner de précisions dans ce sens. Cela dit, il est à noter que les dons du CCG devraient s'établir à 2 milliards de dirhams en 2019, et à 1,8 milliard de dirhams en 2020, marquant ainsi la fin du programme de dons fixés à 5 milliards de dollars, initié en 2012. Pour ce qui est des taux débiteurs, ceux-ci ont enregistré une baisse trimestrielle de 5,06 % au quatrième trimestre 2018 (T4 2018). Cela a été particulièrement ressenti du côté des entreprises, avec un recul de 28 points au niveau des prêts aux entreprises, et de 11 points du côté des particuliers. Du côté des finances publiques, le déficit budgétaire s'est établi à 41,4 milliards de dirhams, soit 3,7 % du PIB, contre les prévisions initiales de 3 % de la loi des finances 2018. Dans ce sens, BAM indique que le déficit, hors privatisation, devrait s'établir à 4,1 % du PIB en 2019, avant de baisser à 3,5 % en 2020. Jouahri reste confiant dans l'économie nationale Abdellatif Jouahri s'est dit confiant sur l'avenir des performances économiques du royaume pour les années à venir. Pour le Wali, «la politique contrôle l'économie marocaine», une situation qu'il souhaiterait voir changer, mais qui est nécessaire dans un sens. Pour ce qui est des solutions de paiement mobile, Jouahri a fait savoir qu'elles sont actuellement en phase d'homologation pour ce qui est de la technologie Switch, qui concerne l'interopérabilité des opérations bancaires. Les résultats du m-payment au Maroc devraient être présentés en avril prochain, selon le Wali. Par ailleurs, Jouahri a déclaré avoir envoyé une lettre à Fitch Ratings, à la date du 18 mars, concernant les informations que l'agence de notation publie sur le Maroc. En effet, le Wali estime que Fitch Ratings ne dispose pas vraiment des bonnes informations concernant les performances économiques du royaume, et devrait dans ce sens s'informer avant de publier quoi que ce soit.