Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib (BAM), a décidé de maintenir le taux directeur à 2,25 %, tout en baissant le taux de la réserve monétaire de 4 % à 2 %. Le Wali de BAM a par ailleurs partagé sa vision quant au futur de l'économie marocaine pour l'année 2020, indiquant être confiant et mettant, au passage, un terme aux spéculations de certains « détracteurs » concernant de mauvaises performances. Jouahri a indiqué lors du Conseil trimestriel de la Banque Centrale, tenu ce 24 septembre à Rabat, que la décision de baisser le taux de la réserve monétaire s'explique par le besoin d'alléger la pression sur les liquidités bancaires, afin d'éviter des scénarios semblables à des pays voisins, notamment l'Algérie, dont les réserves en dollars ne sont plus que de 70 millions face à une situation monétaire critique. Le Wali de Bank Al Maghrib a par ailleurs expliqué que cette action permettra de « dégager un montant de 11 milliards de dirhams de liquidité au profit des banques », ce qui s'annonce comme un point positif pour l'économie nationale. Mais il faut noter que Jouahri aspire surtout, à travers cette action, à éviter que le Maroc ne passe par un nouveau plan d'ajustement structurel (PAS), comme celui qu'a connu le royaume dans les années 80. Photo Mounir Mehimdate « Il ne faut pas hypothéquer l'avenir des générations futures par un endettement excessif », a-t-il dit. Le Wali de BAM a par ailleurs confirmé la tendance selon laquelle le secteur agricole ne serait plus le grand contribuable au PIB national, du fait que la valeur ajoutée de la croissance agricole devrait s'établir au taux en baisse de 4,7 %, avant de se hausser à 6,3 % en 2020. Dans ce sens, il a indiqué que 176.000 pertes d'emplois ont été enregistrées au niveau du secteur agricole au deuxième trimestre 2019 (T2 2019). Sur ce point, il est à noter que l'emploi a enregistré une baisse importante, puisque le nombre de nouveaux postes créés est passé de 117.000 postes au T2 2018, à 7000 postes seulement au T2 2019, soit une perte colossale de 110.000 emplois. Toutefois, la tendance du marché laisse à penser que la population active se dirige de plus en plus vers les services, puisque ceux-ci ont enregistré la création de 183.000 postes pour ladite période. Concernant le déficit budgétaire, Jouahri a indiqué que si l'objectif de 3,7 % du produit intérieur brut (PIB) est envisageable pour l'année 2019, la Banque Centrale peut bien aspirer à une baisse de cet indicateur en 2020, notamment en le portant à 3,5 %. Cela dépendra par ailleurs de plusieurs facteurs économiques, mais il reste confiant dans la réalisation de cet objectif. Pour ce qui est des dons du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), après s'être placés à 2 milliards de dirhams en 2019, avec une prévision de 1,8 milliard de dirhams en 2020, ceux-ci seraient en accord avec les reliquats fixés depuis 2012. Le Wali de Bank Al Maghrib a par ailleurs fait savoir qu'il s'entretiendra avec le ministre de l'Economie et des Finances, Mohamed Benchaaboun, dans la journée du 25 septembre, afin de discuter de plusieurs dossiers. Photo Mounir Mehimdate Dans ce sens, il n'a pas caché que la flexibilité du dirham sera à l'ordre du jour, afin d'étudier les avancées de ce dossier. Toutefois, a-t-il fait noter, il faudra prendre assez de recul par rapport à la chose, afin de permettre à l'ensemble des opérateurs économiques d'y prendre part. Jouahri a expliqué à cet égard que BAM insiste sur « les conditions proposées aux PME qui n'ont pas accès aux salles de marchés » à ce niveau. Pour ce qui est de l'interopérabilité des solutions de paiement mobile, Jouahri a indiqué que 15 agréments ont été octroyés à ce jour, relevant que le dispositif a été concluant entre certains opérateurs nationaux. Toutefois, cela est loin d'être prêt pour un déploiement généralisé, puisqu'il faudra résoudre pas mal de points en attente.