Dimanche 17 février, les autorités marocaines de Nador ont arrêté, puis expulsé un journaliste hollandais, du nom de Gerbert Van Der Aa. Spécialiste de migration, il a été redirigé vers l'enclave voisine de Melilla. Les détails. Arrivé à Nador il y a une semaine pour travailler sur le thème de la migration, le journaliste de l'hebdomadaire Elsevie n'aura finalement pas l'opportunité de rassembler toutes les données utiles à son article. A la presse qui a recueilli ses propos suite à son expulsion, l'intéressé affirme notamment que les autorités marocaines l'auraient prié de retourner à Melilla, et qu'il pourrait revenir à Nador le lendemain lundi. Mais en se rendant à la frontière qui sépare l'enclave espagnole du royaume, Gerbert Van der Aa s'est fait refouler. Président de la section Nador de l'Association marocaine des droits humains (AMDH), Omar Naji explique à Hespress FR que le journaliste a été expulsé en raison de son travail sur le dossier de la migration. Un dossier « tabou » selon l'acteur associatif. « Ce n'est pas la première fois que ça arrive à Nador, tout journaliste souhaitant travailler sur ce thème se fait expulser car les autorités craignent le traitement médiatique de deux questions essentielles ». Omar Naji énumère ainsi la « dissimulation de violations faites aux migrants » et explique que « des arrestations abusives, des morts, des lieux de détention et des déportations illégales », sont constamment signalés par la section Nador de l'AMDH. Le journaliste néerlandais Gerbert van der Aa est lui même entré en contact avec l'association pour obtenir des données en ce sens, avant d'envisager de rencontrer des migrants établis au pourtour de la ville. La bataille de l'information La deuxième question évoquée par le militant des droits humains, concerne la collecte de données statistiques sur le terrain. « Tout travail journalistique en mesure de donner des statistiques détaillées sur le nombre des migrants à Nador est interdit (…). Ces migrants sont estimés par notre interlocuteur à « 2000 jusqu'à 3000 seulement, contrairement aux chiffres officiels ». Rappelant le chiffre officiel évoquant l'arrestation de plus de 70 000 migrants au cours de l'année écoulée. Omar Naji considère que ce chiffre est « faux », car il ne représenterait pas le nombre de migrants arrêtés, mais le nombre d'arrestations faites. « En une seule année un migrant peut être arrêté, et relaxé jusqu'à 5 ou 6 fois. Les arrêtés se font déplacer vers le sud du pays mais ils finissent pas revenir à Nador », explique Omar Naji. Revenant sur l'affaire du journaliste expulsé, la section AMDH donne l'exemple de médias étrangers ou ONG n'ayant pas eu la possibilité d'effectuer un travail de terrain à Nador, ville la plus proche de l'enclave espagnole de Melilla. « Le journaliste néerlandais ne prévoyait pas de faire un reportage et n'était pas présent à Nador pour filmer. Il prévoyait plutôt une collecte de données et des rencontres avec des migrants dans les forets avoisinantes de Nador, où des exactions sont signalées », souligne Omar Naji. A signaler que Hespress Fr a tenté, à maintes reprises, de joindre le ministre de la Communication et le porte-parole du gouvernement, sans pour autant réussir à les toucher.