Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) d'Ahmed Reda Chami, a présenté ce mercredi son rapport annuel au titre de l'année 2018. Exposant l'économie bleue, comme pilier d'un nouveau modèle de développement du Maroc, le Conseil évoque essentiellement la recherche, l'innovation et la prise en compte de la vocation régionale comme principaux axes à promouvoir. Intervenant lors de la séance inaugurale de l'atelier de restitution dudit rapport, Ahmed Reda Chami a fait savoir que ce document, fruit d'une réflexion commune, gagnerait à être porté par l'ensemble des acteurs concernés. « Ce n'est qu'à travers une action commune et concertée que nous pourrons relever le défi de la promotion d'une économie bleue, inclusive, innovante et respectueuse des équilibres naturels. Une économie qui soit au service de développement humain et qui est susceptible de constituer un des piliers du nouveau modèle de développement, en cours de construction », a-t-il dit. Et de préciser que l'économie bleue n'est pas l'affaire d'un seul secteur ou d'un département, mais un concept qui permettrait à plusieurs activités marchandes et non-marchandes de coexister sur le même espace maritime et littoral, pour un meilleur développement socio-économique au bénéfice des populations locales. C'est ainsi que ledit rapport préconise l'adoption d'une Stratégie nationale de l'économie bleue durable et inclusive, adaptée aux vocations territoriales et déployée autour des secteurs économiques traditionnels (la pêche, le tourisme et les activités portuaires), tout en développant de nouveaux secteurs porteurs à forts potentiels de croissance (aquaculture, écotourisme, bioproduits marins ou biotechnologies, construction navale, énergies, etc.). Une croissance bleue forte autour de nouvelles filières Le rapport souligne également que les filières existantes nécessitent une réadaptation de leurs modèles économiques aux finalités de l'économie bleue, tant sur le plan légal, institutionnel, budgétaire, qu'en termes d'offre de formation. Elles peuvent de ce fait, représenter de véritables moteurs de la croissance bleue, en procédant à leur restructuration en vue de renforcer leur compétitivité économique et assurer leur pérennité, a ajouté la même source. Il s'agit aussi de favoriser les nouvelles activités et soutenir les activités émergentes pour en faire de réels relais de croissance, à travers notamment l'organisation de débats nationaux pour développer une vision et des mécanismes de développement des nouvelles activités, l'accélération de la mise en place des dispositions institutionnelles, réglementaires, budgétaires, de formation et d'accompagnement nécessaires pour promouvoir le développement de nouveaux secteurs. L'importance de la création d'emplois pour les jeunes en donnant une place importante aux idées innovantes et à l'entreprenariat, ainsi que de la création de synergies bénéfiques au développement de ces nouveaux secteurs et activités et les secteurs existants et traditionnels, sont également mises en avant par le rapport. L'enjeu climatique n'est pas en reste, en ce sens qu'il est pris en compte comme un axe fort de l'économie bleue. Une stratégie adaptée aux vocations régionales Par ailleurs, le rapport préconise l'adoption d'une stratégie nationale de l'économie bleue (SNEB) durable, inclusive et adaptée aux vocations régionales. Cette stratégie doit être déployée autour des secteurs économiques traditionnels (la pêche, le tourisme et les activités portuaires), tout en développant de nouveaux secteurs porteurs de forts potentiels de croissance (aquaculture, écotourisme, bioproduits marins ou biotechnologies, construction navale, etc.). S'agissant des projets relatifs à la mise en œuvre de ladite stratégie, ils devraient, selon le CESE, être à la fois élaborés en concertation avec les citoyens et les acteurs concernés, avec pour premier objectif de favoriser l'accès aux services et aux ressources maritimes à toutes les catégories sociales. Dans ce sens, le rapport recommande la mise en place d'une gouvernance institutionnelle efficiente de la SNEB confiée à une commission interministérielle créée auprès du chef du gouvernement et chargée, entre autres, d'élaborer le projet de cette stratégie de manière concertée avec l'ensemble des parties prenantes, notamment les collectivités territoriales, le secteur privé et la société civile, au niveau national et territorial, et de définir les mesures d'intégration de ses orientations dans les politiques publiques, les stratégies et les plans sectoriels au niveau national, régional et local. Elle se chargera, entre autres, de proposer des mesures opérationnelles en vue d'assurer la cohérence des politiques publiques des secteurs concernés avec les priorités et les orientations générales de la SNEB et d'établir un reporting annuel de mesure de la performance de la mise en œuvre de la stratégie et ses retombées sur l'atteinte des 17 objectifs de développement durable. Des atouts non-négligeables Selon Ahmed Reda Chami, le Maroc « dispose d'un réel potentiel en matière d'économie bleue. Ses deux façades maritimes s'étendant sur 3.500 km de littoral, 1.2 million de km2 de zone économique maritime exclusive, avec un patrimoine halieutique et des ressources renouvelables considérables, lui confèrent un important capital maritime ». Pour le rapporteur de l'auto-saisine sur l'économie bleue, Abdellah Mouttaqi, a souligné ce projet doit être bâti sur plusieurs points, notamment la consolidation et le développement davantage des filières existantes (secteur halieutique, transport maritime, tourisme responsable). Pour rappel, le CESE s'est auto-saisi, en date du 1-er décembre 2017 d'un rapport sur le thème de l'économie bleue, conformément à l'article 6 de la loi organique N°128-12 relative à son organisation et à son fonctionnement. Dans ce cadre, le Bureau du Conseil a confié à la Commission permanente chargée des Affaires de l'environnement et du développement durable la préparation d'un rapport sur le sujet. Lors de sa 93-ème session ordinaire tenue le 21 décembre 2018, l'Assemblée Générale du CESE a adopté à l'unanimité un rapport intitulé « Economie Bleue : pilier d'un nouveau modèle de développement du Maroc ».