Le Venezuela vit un tournant de son histoire. Le chef de l'Assemblée Nationale, Juan Guaido, devenu président par intérim après une auto-proclamation sur fonds de grogne sociale, aspire, entre autres, à réviser la position de Caracas sur nombre de questions d'ordre aussi bien interne qu'externe. Parmi les dossiers sur lesquels le Venezuela de Guaido compte revoir ses calculs, les relations de Caracas avec le Maroc et sa position concernant la question du Sahara marocain. Selon Manuel Avendano, conseiller en affaires étrangères de l'Assemblée nationale vénézuélienne, Caracas a l'intention de « reconsidérer sa reconnaissance de la RASD sous le gouvernement du président par intérim Juan Guaido ». Dans une déclaration à la MAP, il a affirmé que son cette reconnaissance « est plus liée aux idéologies de gauche, comme celles du régime de Nicolas Maduro, qu'à une véritable quête d'une solution pacifique et politique au différend autour du Sahara ». Rompre avec le passé Ces propos ont été réitérés par Juan Guaido, lors d'un entretien téléphonique avec le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita. La position des nouvelles autorités en place à Caracas laisse entendre un retour à la raison après des décennies d'hostilité ouverte à l'égard du Maroc. Pourtant, aux pires moments de la vie politique vénézuélienne, le royaume a toujours veillé à faire montre de modération, et à adopter le principe de « non-ingérence » dans les affaires internes d'autres Etats souverains. En face, une véritable campagne de dénigrement sur la question du Sahara était menée par la diplomatie vénézuélienne de l'époque, en témoignent les joutes verbales avec les diplomates marocains au sein du Conseil de sécurité de l'ONU. Dénigrer à tout prix Dans ce sens, l'ambassadeur du Venezuela aux Nations unies, profitant de la présence de son pays au Conseil de Sécurité et sa présidence du Comité des 24, Organe subsidiaire de l'Assemblée générale de l'ONU, a tout tenté pour contrecarrer le Maroc et servir l'agenda de l'Algérie. Conférer au Polisario la qualité du seul représentant du Sahara, refuser la participation des élus des provinces du sud aux travaux du séminaire régional du C24 au Nicaragua en mai 2016, refuser l'examen de la candidature du Maroc et d'autres pays au Comité des 24, ou encore provoquer pas moins de 20 réunions au sein du Conseil de Sécurité pour instrumentaliser la question du Sahara et exprimer des positions anti-marocaines, rien n'a été épargné pour envenimer davantage des relations bilatérales rompues depuis 1982, en raison de la reconnaissance par le Venezuela de la RASD . Privilégier la sagesse En exprimant son souhait de rétablir les relations entre Caracas et Rabat, tout en les renforçant davantage, le président par intérim du Venezuela opère un réel revirement qui tient, enfin, compte des dénominateurs communs et de l'histoire partagée entre les deux pays.