La confédération d'ONGs, Oxfam, a rendu public, ce lundi 21 janvier, son rapport annuel sur les inégalités dans le monde. Il en ressort que 26 milliardaires possèdent autant de richesses que 3,8 milliards d'habitants, soit la moitié de la population mondiale. Ainsi, explique la confédération, la fortune des milliardaires a augmenté de 12 % l'an dernier, soit de 2,5 milliards de dollars par jour, tandis que les 3,8 milliards de personnes qui composent la moitié la plus pauvre de l'humanité ont vu leur richesse diminuer de 11 %. Dans ce rapport, qu'Oxfam a intitulé « 'Services publics ou fortunes privées », l'ONG montre « à quel point le fossé qui se creuse entre riches et pauvres nuit à la lutte contre la pauvreté et à nos économies, et attise la colère publique dans le monde entier ». On y apprend, entre autres, comment les gouvernements peuvent exacerber les inégalités, d'un côté en sous-finançant les services publics, tels que la santé et l'éducation, et de l'autre en sous-imposant les grandes entreprises et les individus fortunés et en renonçant à combattre efficacement l'évasion fiscale. Dans le volet genre, Oxfam relève que « les femmes et les filles sont les plus durement touchées par la hausse des inégalités économiques ». Titanesques disparités Pour Winnie Byanyima, directrice d'Oxfam International, « le néolibéralisme économique est à la racine des titanesques disparités de ressources entre milliardaires et milliards de pauvres ». Elle propose pour y remédier, de « taxer davantage les ultrariches pour financer les services publics ». Elle expose son point de vue en trois points, à avoir que les fortunes de milliardaires ont augmenté de 2,5 milliards de dollars par jour en 2018 alors que des dizaines de milliers de personnes meurent chaque jour faute d'accès aux soins. De même, poursuit-elle, les gouvernements sous-taxent les plus fortunés quand, dans le même temps, les services publics cruciaux, comme la santé ou l'éducation, s'effondrent faute de financement, affectant en premier lieu les femmes et les filles. La solution ? La taxation En dernier lieu, la patronne d'Oxfam appelle à davantage de solidarité, en ce sens que « les gouvernements doivent faire en sorte que les plus nantis participent plus activement à la justice fiscale afin de mieux s'attaquer à la réduction de la pauvreté ». Winnie Byanyima s'insurge contre une réalité qui la choque : « Alors que les grandes entreprises et les super-riches sont relativement peu imposés, des millions de filles se voient refuser une éducation correcte et des femmes meurent par manque de soins obstétriques. » Pour elle l'équation est toute simple : Demander aux 1% les plus riches de payer seulement 0,5 % d'impôt en plus sur leur fortune permettrait de récolter plus d'argent qu'il n'en faut pour assurer l'éducation des 262 millions d'enfants déscolarisés et de fournir les soins médicaux pouvant sauver la vie de 7 millions de personnes. Le monde ne va pas mieux Concernant le choix prémédité de publier le rapport au moment même où se réunissent les dirigeants politiques et économiques à l'occasion du Forum économique mondial de Davos, en Suisse, Winnie Byanyima rétorque que « Davos constitue une formidable plateforme pour qu'Oxfam diffuse son message sur la planète ». Et le message est en fait un appel aux dirigeants pour écouter les exigences et les solutions portées par les citoyennes et citoyens en matière d'inégalités, et non les élites de Davos. Contrairement à ce qu'elles pensent, le monde ne va pas pour le mieux...