Selon la dernière enquête du Baromètre arabe, 66 % des Marocains interrogés ont une opinion favorable des Nations Unies, un taux supérieur à celui de tous les autres pays de la région. L'image des Nations Unies dans le monde arabe est loin d'être homogène. Entre pays en conflit, attentes vis-à-vis de l'organisation et perception de son efficacité, les avis divergent fortement. C'est ce que révèle une enquête du Baromètre arabe qui offre un aperçu précis du regard porté par les citoyens arabes sur l'ONU. Dans ce panorama contrasté, le Maroc se distingue : avec 66 % d'opinions favorables, le pays affiche le taux le plus élevé de la région. Cette perception positive tranche avec celle observée dans des pays comme la Palestine, l'Irak ou la Libye, où la défiance envers l'organisation est marquée. Une perception positive portée par la stabilité Au Maroc, l'absence de conflit armé ou d'intervention militaire étrangère semble avoir contribué à entretenir une image plutôt favorable des Nations Unies. L'ONU y est encore perçue comme un acteur utile pour la médiation et la résolution des conflits, dans un contexte régional souvent marqué par les tensions. Le Maroc n'est pas le seul dans ce cas : des pays comme la Jordanie, l'Algérie, le Liban, le Soudan ou la Mauritanie présentent également des taux relativement élevés d'opinions positives envers l'organisation. À l'inverse, dans les pays ayant connu des guerres ouvertes, ou estimant avoir été délaissés par l'ONU face à des crises majeures, la confiance est bien plus faible. C'est notamment le cas en Palestine, en Irak et en Libye, où l'organisation est souvent jugée inefficace, voire impuissante. Les frustrations liées à l'inaction perçue de l'ONU dans ces contextes pèsent lourd sur sa crédibilité auprès des opinions publiques. Corruption et conflit israélo-palestinien : des attentes divergentes Les priorités assignées à l'ONU varient également selon les pays. Alors que la résolution du conflit israélo-palestinien reste la principale attente en Palestine (52 %), en Algérie (41 %), en Jordanie (37 %) ou en Tunisie (33 %), d'autres pays attendent avant tout une action contre la corruption. Le Liban (52 %), la Mauritanie (38 %), l'Irak (37 %) et le Maroc (29 %) souhaitent voir l'organisation concentrer ses efforts sur ce fléau. Cette préoccupation croissante pour la corruption traduit un changement de perception sur le rôle que peut jouer l'ONU dans l'amélioration de la gouvernance interne. Au Maroc, cette attente exprimée par près d'un tiers des répondants complète une opinion générale favorable à l'organisation, perçue non seulement comme arbitre international, mais aussi comme soutien potentiel aux réformes internes. Une confiance fragile, mais persistante Même dans les pays où la popularité de l'ONU est en recul, les attentes restent fortes. En Libye, par exemple, les citoyens espèrent davantage d'engagement pour la résolution des conflits internes. Cette ambivalence souligne un paradoxe : malgré la défiance, l'ONU demeure aux yeux de nombreux Arabes un acteur incontournable, capable – potentiellement – de faire évoluer les choses. Dans ce paysage, le Maroc apparaît comme l'un des rares pays où l'adhésion à l'ONU est à la fois élevée et relativement stable. Reste à savoir si cette confiance pourra se maintenir, alors que les opinions publiques de la région restent sensibles à l'efficacité perçue de l'organisation dans ses interventions futures.