Paris et Rome se sont livrées une bataille sans précédant en ce début de semaine, après que les dirigeants italiens aient accordé leur soutien aux gilets jaunes. Les tensions entre les deux alliés européens ont pris encore plus d'ampleur mardi, des figures des deux gouvernements s'étant livrés à des échanges incisifs sur la situation de la France. C'est l'Italie qui a ouvert les hostilités lundi, en accordant son soutien aux gilets jaunes, ce mouvement non politisé qui manifeste tous les samedis depuis le 17 novembre dernier et que le gouvernement français n'a toujours pas su (ou pu) maîtriser. En effet, Luigi Di Maio, le chef de file du Mouvement 5 étoiles (M5s, anti-système) et Matteo Salvini, patron de la Ligue (extrême droite), tous deux vice-premiers ministres, ont lancé des invectives à la France en affichant leur soutien au mouvement au lieu de soutenir le gouvernement français, ce qui se fait « normalement » dans la diplomatie, surtout entre deux pays amis, membres de l'Union européenne. L'Italie s'en prend au président français A quelques mois des élections européennes, et fidèle à sa politique populiste, Luigi Di Maio a écrit sur le blog du M5S, « Gilets jaunes, ne faiblissez pas ! », un appel direct au maintien e à la poursuite des manifestations. De son côté, Matteo Salvini, connu pour ses positions anti-européennes et anti-immigration, a déclaré qu'il soutenait « les citoyens honnêtes qui protestent contre un président gouvernant contre son peuple », en référence au président français Emmanuel Macron. « Plus vite il rentrera chez lui, mieux ça vaudra! », a-t-il renchéri, saisissant l'occasion et la position de faiblesse du président français pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Car il faut le dire, Emmanuel Macron n'a pas apprécié le résultat des élections en Italie. Voyant des populistes prendre la tête de l'Italie, le président français avait de quoi s'inquiéter pour son projet européen et surtout concernant le volet de la migration étant donné que l'Italie est l'un des principaux pays vers lesquels les migrants se dirigent. La France demande du respect Prenant la défense de son pays, la ministre française pour les Affaires européennes, a vite réagi sur Twitter aux réactions italiennes, qui se réjouissaient de la colère des gilets jaunes envers le pouvoir français dès le début des manifestations. Lundi au soir, Nathalie Loiseau a donc tweeté que la France préférait ne pas « donner des leçons » tout en invitant le gouvernement italien à « balayer devant sa porte », avant de s'attaquer à l'Hexagone. Mardi, à Bruxelles, la ministre a saisi l'occasion pour s'exprimer à nouveau devant la presse, en estimant que l'Italie ne devrait pas s'ingérer dans les affaires des la France. « Je pense que la priorité du gouvernement italien c'est de s'occuper du bien-être du peuple italien, je ne suis pas sûre que de s'intéresser aux gilets jaunes a quoi que ce soit à voir avec le bien-être du peuple italien », a-t-elle déclaré. « J'ai beaucoup entendu le gouvernement italien demander le respect pour la manière dont il gouvernait l'Italie. Ce respect leur est dû, mais il est dû à n'importe quel pays, surtout quand on est voisins, alliés et amis », a ajouté la ministre, en faisant référence à la nouvelle politique populiste du gouvernement italien, qui lui a valu de vertes critiques au niveau européen. Pas de respect pour Macron Sur Facebook, Luigi Di Maio a répondu aux appels de « respect » de la française par « que d'hypocrisies », pointant du doigt le président français qui selon lui n'a pas hésité à s'attaquer aux Mouvement 5 étoiles et à La Ligue. »Peut-être, ne se souvient pas du président Macron quand il nous comparait à la lèpre en parlant de notre gouvernement », a déclaré Di Maio. Remettant une couche, l'italien a ajouté qu'il ne pouvait pas, ne pas partager les envies de changement des français et la « prise en compte » de leurs exigences. Il a par ailleurs mis en cause la politique « colonialiste » de la France en Afrique. « Il est temps d'arrêter d'appauvrir l'Afrique » a déclaré le chef de file du M5S, estimant que c'est ce qui provoque la migration vers l'Europe et que l'Italie a dû gérer « seule » à plusieurs reprises.