C'est une escalade sans pareille qu'ont enregistrée les relations diplomatiques entre la France et l'Italie. Depuis quelques semaines, les tensions ont fluctué jusqu'à ce qu'une goutte fasse déborder le vase et provoque le rappel de l'ambassadeur français à Rome. Une mesure qui ne s'est pas faite depuis 70 ans! Si Giuseppe Conte, le chef de gouvernement italien s'est voulu rassurant, en déclarant que « les relations entre les deux pays sont si anciennes que toute mauvaise passe, même institutionnelle et un peu vive, pourra être dépassée », ce n'est pas du tout de cette oreille que l'entend Paris qui a rappelé son ambassadeur après une énième provocation italienne. Farouchement opposés l'un à l'autre, les gouvernements français et italien ont tout pour se détester. En effet, ce sont deux visions diamétralement opposées, le gouvernement italien est composé d'une coalition entre le Mouvement 5 étoiles (anti-système) et La ligue (extrême droite), tandis que la France est gouvernée par un parti social libéral. En outre, ils ont des positions tranchées concernant l'Europe et la migration. Politique migratoire Depuis cet été, Rome et Paris n'entretiennent pas les meilleures relations, et cela à cause du navire Diciotti transportant des migrants secourus en mer, qui est resté plusieurs jours sans pouvoir accoster. Emmanuel Macron s'est fait ouvertement critiquer à plusieurs reprises par Matteo Salvini (patron de la Ligue) et Luigi Di Maio (patron du M5S) qui en ont fait leur cible de choix, n'hésitant pas à s'en prendre au chef de l'Etat français qui les a snobés, comparant la vague nationaliste en Europe à la « lèpre ». « Si Macron est si bon qu'il le dit, qu'il le montre avec des faits et aux milliers de réfugiés qui sont en Italie et à qui il a promis l'accueil avec d'autre pays européens », a critiqué Matteo Salvini dans une vidéo publiée sur Facebook le 22 janvier. De son côté Luigi Di Maio, a critiqué la France en l'accusant d'appauvrir l'Afrique avec le franc CFA. « Si aujourd'hui, nous avons des personnes qui partent de l'Afrique, c'est parce que certains pays européens, avec la France en tête, n'ont jamais cessé de coloniser l'Afrique », avait déclaré le vice-président le 20 janvier. Les européennes A quelques mois d'un enjeu de taille, les élections européennes, les crispations entre les deux voisins européens vont crescndo. De toute évidence, Rome avec à sa tête un gouvernement populiste cherche à discréditer la politique d'Emmanuel Macron qui fait face à la crise de gilets jaunes, pour faire émerger l'idée que Marine Le Pen (extrême droite), est la candidate idéale aux européennes. Les gilets jaunes Le soutien du gouvernement italien aux gilets jaunes a été vraisemblablement la fois de trop. Appelant les gilets jaunes à continuer les manifestations alors que l'exécutif français tente de mettre fin à la crise, Matteo Salvini et Luigi Di Maio se sont attiré les foudres parisiennes. « Qui sème la pauvreté, récolte les manifestations », avait déclaré le chef de la Ligue en décembre mais, la goutte qui a fait déborder le vase c'est la rencontre entre Di Maio et des gilets jaunes. Cherchant à avoir la reconnaissance du président français en utilisant la manière forte, jeudi soir, les deux dirigeants italiens se sont tous les deux dits « disposés » et « disponibles », à « rencontrer le président (français Emmanuel) Macron et le gouvernement français », d'après le communiqué de Matteo Salvini. Même son de cloche pour son rival et acolyte Luigi di Maio qui a dit, sur Facebook, être disponible pour « des rencontres au plus haut niveau avec le gouvernement français » .