Sur une période de sept jours étalés sur trois semaines, les médecins du secteur public s'apprêtent à entamer une grève nationale d'envergure pour protester contre ce qu'ils qualifient de « non-respect par le gouvernement » des engagements pris dans le cadre de l'accord du 29 décembre 2023 et du procès-verbal signé à la fin janvier 2024 entre le ministère de la Santé et leur syndicat. Les professionnels de la santé réaffirment ainsi leur attachement à la « conservation du statut de fonctionnaire public à part entière, la centralité des salaires, des postes budgétaires centraux et des salaires issus du budget général (dans la section des dépenses de personnel)« . Dans un communiqué parvenu à Hespress FR, le Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP) annonce que la première étape de cette mobilisation débutera par une grève nationale les mardi 17 et mercredi 18 décembre 2024. Tous les établissements de santé publics seront concernés, à l'exception des services vitaux comme les urgences et la réanimation, qui resteront fonctionnels. Lors de la deuxième semaine, la mobilisation prendra de l'ampleur avec une grève de trois jours consécutifs prévue les 24, 25 et 26 décembre. Cette action touchera toutes les structures sanitaires du pays, tout en continuant d'épargner les services critiques pour les patients. Enfin, la troisième semaine sera marquée par une « semaine de la colère des médecins du secteur public » du 30 décembre 2024 au 5 janvier 2025. Au programme, la suspension totale des consultations médicales dans les centres de diagnostic du 30 décembre au 3 janvier, un boycott des cachets médicaux et l'organisation de sit-in à l'échelle régionale et provinciale. Le point culminant de cette mobilisation sera la marche nationale prévue à Rabat le dimanche 29 décembre, visant à contester les lois sur le droit de grève et la réforme des retraites. Outre ces actions ponctuelles, les médecins du secteur public entendent adopter des mesures permanentes pour accroître la pression sur le gouvernement. Ils s'engagent à appliquer strictement les normes scientifiques et d'asepsie dans les hôpitaux, limitant leur intervention aux seuls cas urgents. Les consultations de routine et la délivrance de certificats médicaux, exceptés ceux relatifs aux congés maladie, seront suspendues. Les médecins prévoient également un boycott des programmes numériques, largement utilisé dans les hôpitaux publics, ainsi que de la campagne de santé scolaire, qu'ils jugent inadaptée en raison de l'absence de normes médicales et administratives. Les caravanes médicales et les campagnes chirurgicales qu'ils qualifient d' »anarchiques » seront également abandonnées, ces dernières ne respectant pas, selon eux, les conditions de sécurité des patients. Sur le plan administratif, les médecins se retirent de toutes les tâches non médicales, comme la gestion des registres, les statistiques à l'exception des déclarations obligatoires de maladies, et les rapports périodiques. La délivrance des certificats administratifs sera, elle aussi, suspendue, à l'exception des certificats de naissance et de décès. Ils annoncent également leur refus de participer aux réunions administratives, aux sessions de formation et à la couverture des événements médicaux non conformes aux circulaires ministérielles. Le comment du pourquoi Ce mouvement de contestation s'inscrit dans une série d'actions similaires menées ces derniers mois par les médecins du secteur public. Le Syndicat indépendant des médecins du secteur public dénonce depuis longtemps la situation « catastrophique » du système de santé, marquée par « l'absence d'une véritable vision politique sincère pour sauver la situation« . Le syndicat critique également la pénurie en ressources humaines, en équipements médicaux et la dégradation continue des conditions de travail. Dans son communiqué, le syndicat réfute fermement les modifications introduites par le projet de loi de finances 2025 et exige le respect des accords précédents, notamment celui du 29 décembre 2023, tout en condamnant le manque de solutions concrètes pour les « postes budgétaires centraux » et réclame des garanties pour la préservation du statut de fonctionnaire public. Les professionnels de la santé contestent par ailleurs le projet de statut qu'ils considèrent comme porteur d' »articles piégés« , menaçant leurs droits acquis et accordant « des pouvoirs excessifs » aux directions générales, notamment en matière de licenciement, d'horaires et de lieux de travail. Ils dénoncent aussi la suppression de a promotion selon l'ancien système, remplacé par un quota qu'ils jugent « injuste« . Malgré les annonces du ministère affirmant avoir résolu certains points de discorde, le syndicat persiste à exiger des « mécanismes juridiques » pour garantir les droits des médecins. En l'absence de réponse concrète de la part du gouvernement, il appelle à la mobilisation pour faire entendre ses revendications concernant les salaires, les décrets relatifs aux horaires de travail, à la formation continue et à la possibilité d'exercice dans le secteur privé. Le bras de fer entre le gouvernement et les médecins du secteur public semble donc loin d'être résolu. Face à l'absence de dialogue concret, cette grève nationale pourrait marquer un tournant dans la lutte des professionnels de la santé pour l'amélioration de leurs conditions de travail et la défense d'un système de santé publique plus juste et efficace.