Les yeux sont rivés sur l'Azerbaïdjan qui abrite cette année les travaux de la 29è session de la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. La capitale Bakou a commencé samedi à accueillir les chefs d'Etat et des gouvernements, ainsi que les différentes délégations participant à cet événement planétaire pour trouver des solutions aux menaces des changements climatiques, alors que l'ONU avait averti d'un record mondial d'émissions de gaz à effet de serre (GES) atteint en 2023. « C'est un grand honneur » pour Azerbaïdjan d'abriter cette conférence, avait dit le président de ce pays Ilham Aliyev dans un discours lors du 15è Dialogue de Petersberg sur le climat, tenu an avril dernier à Berlin. Selon M. Aliyev, abriter cette messe climatique est un « signe de respect de la part de la communauté internationale » pour ce que fait son pays, particulièrement dans le domaine des énergies vertes. « C'est une grande responsabilité parce que nous ne voulons pas organiser seulement un bon événement, mais donner aussi de bons résultats », avait-il souligné. L'année 2024 a été proclamée par le président année de la solidarité en faveur d'un monde vert en Azerbaïdjan. Le pays s'était fixé l'objectif de réduire les émissions de GES de 35% jusqu'en 2030 et de 40 % jusqu'en 2050 par rapport à l'année de référence (1990). La COP29 sera axée, comme d'autres COP, essentiellement sur l'accélération des efforts mondiaux pour atténuer et s'adapter aux changements climatiques. Son agenda d'action vise à assurer une accessibilité des ressources pour les pays en développement, avait indiqué, il y a quelques jours, Mukhtar Babayev, le ministre azerbaidjanais de l'Ecologie et des ressources naturelles et président de l'actuelle COP. La communauté internationale attend beaucoup de cet événement climatique mondial, alors que le réchauffement planétaire « dévaste déjà les communautés du monde entier, en particulier les plus pauvres et les plus vulnérables », comme l'avait déclaré la directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), Inger Andersen. « Des tempêtes violentes aplatissent les maisons, des incendies anéantissent les forêts, et la dégradation des terres et la sécheresse dégradent les paysages », avait déploré Mme Andersen, citée dans un rapport du PNUE intitulé « L'écart d'adaptation 2024 : contre vents et marées ». Ainsi, le Programme onusien estime qu'il est grand temps de commencer par des engagements en vue d'augmenter le financement de l'adaptation et appelle à « nouvel objectif collectif quantifié » pour le financement climatique lors de la COP29. Alors que le financement international de l'adaptation pour les pays en développement a atteint 28 milliards de dollars en 2022, il reste bien en deçà des besoins. Les estimations de l'ONU suggérent qu'entre 187 et 359 milliards de dollars par an seront nécessaires pour combler le déficit de financement de l'adaptation. Selon les médias internationaux, plusieurs États dont l'Inde, le groupe arabe et le groupe Afrique ont fait des propositions variant entre 1.000 et 1.300 milliards de dollars par an, entre 2025 et 2030. Les pays développés ont rejeté ces sommes. Pour sa part, la présidence du pays hôte de cette messe climatique a une vision qui « repose sur deux piliers principaux : renforcer l'ambition et mobiliser l'action. Cette vision vise à définir des plans d'action concrets pour maintenir l'objectif de limitation de la hausse des températures à +1,5 °C, tout en veillant à ce que personne ne soit laissé de côté », a précisé l'ambassadeur d'Azerbaïdjan au Maroc, Nazim Samadov, dans une déclaration à la MAP. La Présidence s'engage également à « mener les négociations de manière transparente, impartiale et inclusive, en mettant un accent particulier sur le financement climatique. Elle appelle les Parties à soumettre des contributions nationales ambitieuses et à parvenir à un consensus sur un nouvel objectif collectif chiffré en matière de financement climatique (NCQG) qui soit équitable et ambitieux », a ajouté M.Samadov. Par ailleurs, le Maroc a récemment apporté son soutien à 14 initiatives lancées par l'Azerbaïdjan pour encourager la coopération et l'action climatique mondiale, « renforçant ainsi l'engagement des pays du Sud à collaborer sur les objectifs climatiques », s'est-il réjoui. De son côté, l'Union européenne avait souligné l'importance de convenir d'un NCQG en matière de financement climatique qui soit réalisable et adapté à son objectif. Le nouvel objectif devrait, selon l'UE, être conçu sur la base d'une « approche large, transformatrice et à plusieurs niveaux », incluant divers flux financiers et un groupe plus large de contributeurs, et refléter l'évolution des capacités économiques respectives et la part croissante des émissions mondiales de GES depuis le début des années 1990. La COP29 doit aussi s'attarder sur la question des pertes et préjudices, le renforcement de la coopération internationale en matière de marchés carbone et les solutions fondées sur la nature et des transitions vers les énergies propres. L'article 6 de l'Accord de Paris, les droits humains dans les politiques climatiques et la participation de la société civile et des peuples autochtones seront également à l'ordre du jour de ce sommet climatique.