Dans son analyse du Projet de Loi de Finances (PLF) 2025, l'économiste Abdelghani Youmni remet en question l'hypothèse d'une croissance de 4,6 %, la qualifiant de très optimiste. Selon lui, la réalité économique du Maroc, marquée par une dépendance à l'agriculture et aux aléas climatiques, limite les perspectives de croissance à un maximum de 3,8 à 4 %. L'hypothèse de 4,6% de croissance retenue dans le PLF 2025 reste, selon l'économiste Abdelghani Youmni, très optimiste. Dans une analyse accordée à Hespress Fr, l'économiste est d'avis que la croissance de l'économie nationale ne pourrait pas dépasser 3,8 à 4% dans le meilleur des cas, en raison notamment de sa structure qui reste agricole et dépendante de la pluviométrie. L'hypothèse d'une croissance de 4,6% est très optimiste Le PLF 2025 table sur un taux de croissance de 4.6% et un taux d'inflation à 2% en se basant sur des prévisions et sur les données de la conjoncture nationale et internationale. Le gouvernement prévoit une récolte céréalière de 75 millions de quintaux, un cours du pétrole brut Brent de 79 dollars le baril, du gaz butane à 500 dollars la tonne. Un taux de change du dollar de 9,8 dirhams et un déficit budgétaire réduit 3,5 % du produit intérieur brut (PIB) avec une dette publique soutenable et maintenue à moins de 86% du PIB. Aussi instructives soit-elle, ces prospections, d'après M. Youmni, sont toutes réalistes et réalisables à deux exceptions de l'hypothèse d'une croissance à 4.6% trop optimiste, malgré les futurs chantiers d'investissements publics dans les infrastructures en préparation de la coupe du monde 2030 et l'attractivité en Investissements Directs Etrangers (IDE). "Notre croissance ne pourrait dépasser les 3.8 à 4% dans les meilleurs des cas. Et pour cause, sa structure reste agricole dépendant de la pluviométrie et la deuxième partie dépendra de la dynamique de la croissance économique de l'union européennes qui ne pourra dépasser les 1% en 2025", souligne l'économiste. La deuxième réserve, poursuit Youmni, "est sur la récolte céréaliers du Maroc qui a été en moyenne de 42.5 millions de quintaux de 2021 à 2024 et donc il faut une année exceptionnelle pour espérer les 75 millions de quintaux", indiquant que "le gouvernement a tout à fait raison ( de tabler sur 75 millions de quintaux) car la réussite de la récolte céréalière est parfaitement compatible avec un accroissement conséquent de la croissance économique". L'enveloppe allouée à la consolidation de l'Etat sociale est conséquente Pour ce qui est de la consolidation de l'Etat social et du financement de l'assurance maladie, de l'allocation chômage et des aides directes aux familles vulnérables, le gouvernement, note l'économiste, poursuit ses réformes de consolidation des outils juridiques, des mécanismes de financement et des incitations à la cotisation pour pérenniser le modèle d'une protection sociale universelle. "L'enveloppe reste conséquente est constante à 36 milliards de dirhams, ce qui ne représente pas loin de 3.2% du PIB", fait-il remarquer. Quant au soutien du pouvoir d'achat, la révision de l'impôt sur le revenu répond favorablement à une forte demande de justice fiscale et sociale en direction des classes populaires et des classes moyennes. "Ce n'est pas certes l'optimum recherché mais ce n'est pas négligeable au regard des contraintes budgétaires et de la nécessité de ne pas financer la consommation par l'endettement de l'Etat surtout face à des taux d'intérêt à l'international équivalent à 2.5 fois les taux d'inflation mondiale", affirme Youmni. Et d'ajouter que "le PLF 2025, prévoit une audacieuse décision de ne plus assujettir à l'impôt les revenus inférieur ou égal à 6.000 dirhams brut par mois, cela concernera des milliers de salariés. En direction de la classe moyenne, il est prévu le taux marginal de 38 à 37%". Bien entendu, "l'investissement et l'emploi restent au cœur du PLF 2025 qui propose un modèle économique basé sur une politique de l'offre et la poursuite de l'inversion des ratios entre investissement public et investissement privé". Il est également question de continuer à "s'appuyer sur la charte d'investissement, sur les centres régionaux d'investissement et sur les régions dans le but de créer plus d'emplis et d'améliorer le niveau de productivité. Si aucun chiffre n'est avancé, il faut reconnaître que l'emploi reste le talon d'Achille de l'économie marocaine, réussir à résoudre cette énigme reviendrait à l'entrée effective du royaume dans le club des émergents".