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France-Maroc : une relation historique séculaire à restaurer
Publié dans Hespress le 25 - 07 - 2024

La relation entre la France et le Maroc, fondée sur des siècles d'histoire commune, est aujourd'hui à un tournant crucial. Alors que le monde évolue rapidement, la France ne peut se permettre de négliger un partenaire aussi stratégique et influent que le Maroc. Sous le règne de Mohammed VI, le Royaume a su se réinventer et devenir un acteur clé sur la scène internationale. Il est donc impératif pour la France de renouer avec ce partenaire indispensable.
Depuis son accession au Trône en 1999, le Roi Mohammed VI a marqué le Maroc de son empreinte réformatrice. Le 30 juillet prochain, le Souverain célèbrera ses vingt-cinq ans de règne, durant lesquels il a transformé le pays en une nation moderne et stable. Son père, feu Hassan II, lui avait légué un pays stabilisé et ouvert lentement à la démocratie. Le Roi Mohammed VI a su tirer parti de cette base pour renforcer les institutions marocaines et répondre aux défis contemporains.
Un quart de siècle de réformes et de stabilité
La justice transitionnelle, mise en place pour tourner la page des violences passées, a été une étape cruciale. En parallèle, la réaction modérée du Maroc aux Printemps arabes, avec une réforme constitutionnelle en 2011, a permis d'éviter les troubles qui ont secoué d'autres pays de la région. En intégrant le parti islamiste majoritaire au gouvernement tout en maintenant un islam modéré, le Souverain a réussi à prévenir les violences et les bouleversements qui ont touché le voisinage et au-delà.
Sous l'impulsion du Roi Mohammed VI, le Maroc a intensifié ses relations avec les pays africains, redéfinissant sa politique étrangère. En réintégrant l'Union africaine, après des décennies de retrait, le Maroc a consolidé sa position en tant que leader continental. Les investissements marocains dans des secteurs clés comme la construction, la banque, les télécommunications et l'agriculture ont fait du pays un acteur majeur du développement en Afrique de l'Ouest.
Cette dynamique est soutenue par des initiatives telles que l'ouverture des universités marocaines à la jeunesse africaine et l'engagement du Maroc dans les discussions onusiennes sur les migrations. Le Maroc est ainsi devenu un partenaire incontournable dans la résolution des problèmes qui touchent le continent africain.
Indépendance géopolitique et diversification des partenariats
Le Maroc, sous la direction de Mohammed VI, a également affirmé son indépendance sur la scène internationale. En signant les accords d'Abraham en 2020, le pays a normalisé ses relations avec Israël tout en maintenant son soutien au peuple palestinien. Cette décision illustre la capacité du Maroc à adopter une politique étrangère équilibrée et audacieuse.
De plus, le Maroc a diversifié ses partenariats économiques au-delà de ses alliés traditionnels comme la France. Les développements portuaires à Tanger et Dakhla ont transformé le pays en une plaque tournante du commerce entre l'Europe, l'Afrique et les Amériques. La montée en puissance des énergies renouvelables, favorisée par une planification à long terme, témoigne également de cette vision stratégique.
Les défis d'une relation distendue
Le Royaume joue un rôle essentiel dans la sécurité régionale, notamment en matière de lutte contre le terrorisme au Sahel. Par sa participation à des exercices militaires internationaux et sa coopération sécuritaire étroite avec des pays comme les États-Unis, le Maroc contribue significativement à la stabilité de la région. Son approche modérée de l'islam, combinée à une participation active dans les domaines judiciaire et du renseignement, renforce la sécurité des États méditerranéens, dont la France.
Malgré ces évidences, les relations entre Paris et Rabat se sont détériorées depuis 2017. Emmanuel Macron, en multipliant les concessions à l'Algérie, a mis à mal une relation historique avec le Maroc. Les gouvernements de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy avaient su maintenir un équilibre entre un partenariat fort avec le Maroc et ce n'en déplaise à l'Algérie qui, elle, maintenait des relations plus tendues dès lors qu'il s'agissait du Royaume. En revanche, les choix diplomatiques récents de la France ont engendré des tensions avec une élite marocaine attachée aux liens historiques entre les deux pays.
Dans une tribune dans le JDD, Christophe Boutin, politologue et professeur de droit public à l'Université de Caen, souligne l'importance de restaurer cette relation. Selon lui, la France doit réaffirmer son soutien au plan d'autonomie marocain pour le Sahara occidental à l'ONU et travailler à restaurer la confiance perdue.
Le dialogue millénaire est le fondement d'une relation équilibrée
La profondeur historique des relations franco-marocaines remonte à des siècles. Même sous le protectorat, le dialogue entre les deux nations était respectueux de leurs racines millénaires. Le Roi Mohammed VI, en ancrant sa politique dans cette continuité historique, a démontré que le Maroc sait où il va parce qu'il sait d'où il vient.
La France, en reconnaissant cette continuité et en réaffirmant ses liens avec le Maroc, pourrait bénéficier d'un partenariat solide et équilibré. Alors que le Maroc continue de jouer un rôle stabilisateur et progressiste en Afrique, il est impératif que Paris rétablisse une relation de confiance et de coopération avec Rabat. Dans un contexte géopolitique en constante évolution, ce partenariat est plus essentiel que jamais.
« Même sous le protectorat, le dialogue entre la France et le Maroc est resté celui de deux États qui plongent leurs racines dans l'histoire ancienne : ce sont deux nations millénaires, et la dynastie actuelle régnait quand Louis XIV dirigeait la France. Ce ne sont donc pas de ces « territoires » aux composantes floues dont le progressisme aime à organiser une « gouvernance » qui se veut toujours « fluide » mais n'est que fluctuante », fait valoir l'auteur.
Pour conclure: « Le bilan du quart de siècle de règne de Mohammed VI le prouve amplement : c'est parce qu'il sait d'où il vient que le Maroc sait où il va. Espérons qu'une France qui retrouvera cette même assise pourra renouer le dialogue avec lui, car ce dernier est aujourd'hui plus que jamais nécessaire ».


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