Le dirigeant PJDiste, Abdelali Hamieddine, inculpé pour « participation à un homicide volontaire » dans l'affaire de l'assassinat en 1993 de l'étudiant Ait El Jid Benaissa, sera à compter de ce mardi 25 décembre face à son destin, son procès devant s'ouvrir aujourd'hui devant la Cour d'appel de Fès. Si le chef du gouvernement Saad Eddine El Othmani, par ailleurs secrétaire général du PJD, a interdit à ses ministres « toute présence lors de la première audience du procès », le parti n'en soutient pas moins son conseiller. Faute de ministres, des membres du secrétariat général du parti et d'autres dirigeants seront bien là, ainsi que des membres de la jeunesse PJDiste. Cette dernière a confirmé, sur son site officiel, qu'elle suivra ce procès, notant que l'audience de mardi « sera marquée par la présence de dizaines d'avocats avec, à leur tête, le secrétaire national de la Jeunesse ainsi que le président des avocats du PJD, Abdessamad El Idrissi. D'autres avocats vont rejoindre l'équipe de la défense pour plaider la cause de leur +frère+ devant la chambre criminelle de Fès ». Une campagne a également été lancée sur Facebook pour appeler les militants « à venir nombreux pour soutenir Hamieddine ». Dès l'annonce de l'inculpation de Hamieddine, les Frères étaient montés au créneau pour crier au scandale. Une commission, dirigée par le ministre et gros calibre du parti, Mustapha Ramid, a été mise en place « pour suivre le développement de ce dossier ». Toutefois, le « ténor » qui « fournira le soutien et l'appui nécessaires au frère Abdelali Hamieddine » pendant son procès, ne sera pas présent afin que l'on « ne nous accuse pas de politiser cette affaire comme certains essayent de nous pousser à le faire », a fait savoir le parti d'El Othmani. La direction du PJD avait même qualifié la décision du juge d'instruction d' »inappropriée », car le leader avait été jugé en 1993 et ne peut donc pas être « rejugé », même sous une qualification juridique différente. Pour rappel, en 1993 vivait au rythme des affrontements entre étudiants gauchistes et islamistes, Mohamed Ait El Jid (dit Benaissa) est agressé à mort. Trois personnes sont poursuivies dans cette affaire : Haddioui El Khammar, Abdelali Hamieddine et Omar Rammach, les deux derniers appartenant à la mouvance islamiste. Le 4 mai 1994, les trois hommes sont condamnés chacun à deux ans de prison ferme pour « participation à une rixe au cours de laquelle sont exercées des violences ayant entraîné la mort », selon les dispositions de l'article 405 du Code pénal. Les peines sont confirmées en appel, puis en cassation. Hamieddine est alors emprisonné, d'abord à Ain Kadous, puis à Errachidia. En 2004, bien après avoir purgé sa peine, il saisit l'Instance Equité et Réconciliation, à laquelle il réclame des dédommagements en réparation de « la torture subie lors de son arrestation ». L'IER répond favorablement, et Hamieddine est indemnisé à hauteur de 82.900 dirhams. Entre 2026 et 2017, de nouveaux témoins (dont El Khammar), et indices font surface. Après plusieurs mois d'instruction, Abdelali Hamieddine est finalement poursuivi pour « complicité d'assassinat », conformément aux articles 128, 392, 393, 394 et 395 du Code pénal. Pour le juge d'instruction, le témoignage d'El Khammar apporte de nouveaux éléments n'ayant pas été étudiés lors du procès originel. Pour lui, les nouvelles poursuites ne sont pas fondées sir le même chef d'inculpation qu'il y a 26 ans.