L'affaire Brahim Ghali revient sur le devant de la scène, rappelant à tous l'étrange saga de son hospitalisation en Espagne et la crise diplomatique qui en découla entre les deux Royaumes du Maroc et de l'Espagne. Le gouvernement de La Rioja attend toujours du chef du polisario le paiement de 45.658 euros pour les 44 jours passés à l'hôpital San Pedro de Logroño, une dette qui, jusqu'à ce jour, reste impayée. Retour sur une histoire dans laquelle la diplomatie, la santé publique et l'ingratitude se mêlent dans un cocktail explosif. L'hospitalisation en catimini d'un chef séparatiste Le 18 avril 2021, Brahim Ghali, souffrant d'une sévère pneumonie causée par la covid-19, est discrètement admis à l'hôpital San Pedro de Logroño. Son arrivée sur le sol espagnol, orchestrée sous le faux nom de Mohamed Benbatouche et avec un passeport algérien falsifié, déclenche une crise sans précédent entre l'Espagne et le Maroc. Cette hospitalisation, demandée par Alger pour des raisons humanitaires, coûte 45 658 euros aux contribuables espagnols, une somme que Ghali n'a toujours pas daignée régler. Depuis le 30 juin 2023, le gouvernement de La Rioja, dirigé par Gonzalo Capellan de Miguel du Parti populaire, a tenté en vain de recouvrer cette dette. Les tentatives de contact avec Ghali, comme les requêtes officielles par ailleurs, se sont heurtées à un mur de silence. Constatant l'échec des négociations, l'exécutif régional envisage désormais de porter l'affaire devant la justice espagnole, espérant que la loi pourra faire ce que la diplomatie n'a pas réussi. Le silence coupable de Concha Andreu L'ancienne présidente de La Rioja, Concha Andreu, a obstinément refusé de divulguer le montant de la facture au juge Rafael Lasala, qui enquêtait à l'époque sur les conditions troubles de l'entrée de Ghali en Espagne. Cette réticence à coopérer, justifiée par la protection de la vie privée et des données personnelles, a retardé toute action judiciaire contre le chef du polisario. Pire encore, Mme Andreu a ignoré à quatre reprises les demandes d'information du Conseil de la Transparence sur le coût de l'hospitalisation de Ghali, soulevant des questions sur les motivations réelles de cette opacité. En septembre 2021, le ministère espagnol de l'Intérieur a rejeté deux demandes du Conseil de la Transparence visant à obtenir des informations sur le nombre d'agents mobilisés pour assurer la sécurité de Ghali durant son hospitalisation. Cette protection, digne d'un chef d'État, contrastait fortement avec l'accueil réservé aux citoyens ordinaires, et soulignait l'importance accordée à Ghali par les autorités espagnoles, un traitement de faveur qui, ô ironie du sort, n'a pas été reconnu par le principal intéressé. Brahim Ghali, sauvé d'une mort certaine par les soins prodigués à l'hôpital San Pedro, n'a montré aucune reconnaissance envers ses bienfaiteurs espagnols. Son départ précipité, sans régler ses dettes, illustre une ingratitude flagrante qui ne manquera pas de laisser un goût amer. Cette fuite en avant, orchestrée avec l'aide d'un passeport falsifié, rappelle tristement que même ceux qui se posent en défenseurs des opprimés peuvent parfois se montrer les plus ingrats. Face à cette situation ubuesque, le gouvernement de La Rioja, sous la houlette de Gonzalo Capellan, n'a d'autre choix que de recourir aux tribunaux. La justice espagnole, appelée à trancher cette affaire, devra déterminer si un chef séparatiste, accueilli pour des raisons humanitaires, peut impunément fuir ses responsabilités financières. Ce procès, s'il a lieu, sera un test pour l'État de droit en Espagne, et une leçon pour ceux qui pensent pouvoir abuser de l'hospitalité d'un pays sans en assumer les conséquences. A leçon d'hypocrisie, voie judiciaire en dernier recours L'affaire Brahim Ghali est une illustration parfaite de l'hypocrisie et de l'ingratitude qui peuvent prévaloir dans les relations internationales. Un chef séparatiste, accueilli en Espagne sous un faux nom pour des soins vitaux, quitte le pays en laissant une facture impayée, déclenchant une bataille juridique qui aurait pu être évitée. Cette saga, où se mêlent secrets d'État, manœuvres diplomatiques et manquements éthiques, est un rappel cinglant des défis auxquels sont confrontés ceux qui offrent leur aide sans compter. Une leçon que l'Espagne n'oubliera pas de sitôt.