Alors que les élections européennes du 9 juin ont bouleversé le paysage politique du Vieux Continent, les résultats et la participation des Français résidant au Maghreb, et particulièrement au Maroc, offrent une perspective intéressante sur les dynamiques électorales au-delà des frontières hexagonales. Les urnes ont apporté leur lot de surprises, notamment parmi les Français résidant au Maghreb. Malgré une faible mobilisation, les résultats révèlent des tendances politiques marquées et parfois inattendues dans cette région. La participation des Français dans la 9e circonscription des Français de l'étranger, qui comprend l'Algérie, le Maroc et la Tunisie, a été relativement basse, avec un taux global de 13,94 %. Cependant, des disparités notables existent entre les différents pays et villes Participation des Français au Maghreb La participation des Français résidant au Maghreb a été marquée par une mobilisation significative, bien que souvent inférieure à celle observée en métropole. Au Maroc, environ 22 000 Français étaient inscrits sur les listes électorales consulaires. La participation a été estimée à approximativement 25%, ce qui, bien que relativement bas, montre une certaine implication des expatriés dans les affaires européennes. Les élections européennes de 2024 auront été un véritable baromètre des tendances politiques chez les Français du Maghreb, notamment au Maroc. La montée de l'extrême droite et la faible participation posent des défis importants pour les partis traditionnels qui devront trouver des moyens efficaces pour reconnecter avec cet électorat. A l'heure où l'Europe fait face à des défis sans précédent, l'implication et les choix des expatriés français prennent une importance stratégique non négligeable. Les résultats des élections européennes au Maroc ont révélé une forte poussée des formations d'extrême droite et de la droite, reflétant les tendances observées en France métropolitaine. La liste du Rassemblement National (RN), conduite par Jordan Bardella, a recueilli approximativement 30% des voix parmi les Français du Maroc, confirmant ainsi la montée en puissance de ce parti dans les communautés françaises à l'étranger. Les partis traditionnels, tels que Renaissance de Macron, ont accusé une baisse notable, ne récoltant que 20% des suffrages, mais globalement, LFI domine dans plusieurs grandes villes du Royaume. La montée du RN parmi les Français du Maroc peut s'expliquer par plusieurs facteurs. Les préoccupations sécuritaires, les sentiments nationalistes exacerbés et un certain désenchantement vis-à-vis des politiques européennes actuelles semblent jouer un rôle clé. De plus, la distance géographique et culturelle avec la métropole pourrait renforcer des sentiments d'identité nationale plus conservateurs. En revanche, les partis comme Renaissance et les écologistes, qui ont connu des succès mitigés, doivent repenser leurs stratégies pour mobiliser et convaincre cet électorat expatrié. Les enjeux climatiques et européens, bien que cruciaux, n'ont pas réussi à captiver suffisamment cette audience. Analyse des résultats et des Tendances Au Maghreb, la domination de LFI, la faible participation et les résultats contrastés entre les villes soulignent les défis et les opportunités pour les partis politiques français dans cette région du Monde. Les résultats des Français du Maghreb ont globalement suivi la tendance nationale, avec une avancée significative des partis d'extrême droite et une chute des partis centristes et de gauche. En Algérie, les Français ont voté principalement dans les consulats d'Alger, Annaba et Oran. Le taux de participation y est particulièrement faible, avec seulement 6,1 % à Alger, 5,2 % à Annaba et 6,5 % à Oran. Les résultats montrent une large victoire de La France Insoumise (LFI) de Manon Aubry, obtenant 63,32 % des voix à Alger, 61,04 % à Annaba et 63,5 % à Oran. Les autres partis, tels que Renaissance et le Rassemblement National (RN), ont enregistré des scores modestes, oscillant de 2 à 9 %. La situation est similaire en Tunisie, où le consulat de Tunis a vu 17,05 % des électeurs se mobiliser. LFI y a recueilli 54,6 % des suffrages, suivie du Parti Socialiste (PS) à 11,3 %, de Renaissance à 11,1 % et du RN à 6,9 %. Les Républicains (LR) ont obtenu un maigre 2,9 %. Résultats Contrastés au Maroc Au Maroc, la participation et les résultats varient davantage. * Casablanca : 44,3 % * Fès : 49,7 % * Rabat : 44,9 % * Tanger : 48,5 % Cependant, certaines villes ont montré des tendances différentes. À Marrakech, par exemple, les votes se sont répartis de manière plus équilibrée : * Renaissance : 19,7 % * LFI : 17,6 % * RN : 16,4 % * PS : 13,7 % * LR : 9,2 % A Agadir, le RN a même pris la tête avec 22,9 % des voix, suivi de LFI (18,9 %), de Renaissance (16,5 %) et du PS (11,3 %). Ce résultat atypique contraste avec les autres villes marocaines où le RN a généralement obtenu entre 4,3 % (à Tanger) et 16,9 % (à Marrakech).