La raréfaction des ressources marines dans de nombreuses pêcheries nationales, en particulier celles du sud, a conduit le ministère de l'Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts à organiser une réunion avec les représentants des professionnels de la pêche. Cette rencontre visait à discuter de la situation actuelle et à explorer les moyens de garantir la durabilité des ressources à l'avenir. Aussi, mercredi, au siège du ministère donc, une réunion a eu lieu avec les organisations professionnelles de la pêche, en présence des responsables du secteur de la pêche et de la recherche scientifique. Les discussions ont porté sur les méthodes de gestion des ressources des petits poissons pélagiques et sur les moyens de réduire la pression sur ces stocks. Selon les participants, le ministère a présenté sa vision de la situation actuelle, marquée par une diminution des ressources marines dans plusieurs pêcheries de poissons pélagiques, notamment dans le sud. Pendant trois heures, les échanges avec les présidents des chambres de pêche du Royaume ont permis de parvenir à des accords sur plusieurs points, bien que certaines questions restent à approfondir ultérieurement. Le Président de la Fédération des Chambres des pêches maritimes, Larbi Mhidi, a déclaré : « Il a été convenu de prohiber la pêche dans les zones rocheuses, une proposition soutenue par l'institut scientifique de la pêche maritime, afin de transformer ces zones en réserves après avoir été exploitées par les bateaux de pêche côtière et traditionnelle. » Et de poursuivre, « Il a été proposé de limiter la pêche à, au moins deux milles nautiques des côtes, mais nous avons insisté pour que cette décision s'applique également à la pêche traditionnelle, qui contribue à la capture des géniteurs en utilisant des phares.« Défis et perspectives Mhidi a indiqué que les points en suspens seront examinés après une réunion entre le ministre et les services scientifiques du ministère, en vue de trouver des solutions satisfaisantes pour toutes les parties. « Les professionnels sont prêts à s'engager dans diverses initiatives visant à préserver les ressources halieutiques nationales, compte tenu de la situation critique de plusieurs pêcheries de poissons pélagiques.« Il a précisé que « le problème de la raréfaction des ressources est devenu évident dans plusieurs pêcheries nationales, y compris celles de Dakhla, Laâyoune et de la côte méditerranéenne, où de nombreux bateaux ont migré vers les côtes de Larache, Tanger, Kénitra et Mohammedia. » Mhidi a souligné que « la raréfaction touche principalement la sardine, tandis que l'anchois reste présent sur les marchés. » Impact Économique et Social Mhidi a également noté que « environ 66 bateaux sont actuellement à l'arrêt dans les régions du sud, et certaines unités de transformation du poisson industriel se plaignent de la rareté des matières premières. De plus, des ouvrières des usines de Safi sont au chômage, et si la situation persiste, elle pourrait avoir des répercussions économiques et sociales sur les usines et les travailleurs à l'échelle nationale. » Selon le président de la Fédération des Chambres de Pêche Maritime, la situation actuelle est due à plusieurs facteurs, notamment les changements climatiques et le taux élevé de pêche qui ont affecté les stocks nationaux. La surpêche et la surexploitation, les pratiques de pêche intensive, souvent sans respect des quotas et des périodes de repos biologique. Il a également mentionné que la pêche intensive le long des côtes mauritaniennes par les flottes turques empêche les ressources de migrer vers les eaux marocaines, soulignant la nécessité d'une coordination pour protéger les stocks nationaux. Certaines pratiques de pêche (filets dérivants, de chaluts de fond...), particulièrement destructrices pour les écosystèmes marins sont également mises en cause. Des facteurs pénalisants Ces techniques de pêche qui capturent non seulement les adultes, mais également les juvéniles, perturbent le cycle de reproduction. La pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) est un autre facteur contribuant à la diminution des stocks. Des navires non autorisés, souvent étrangers, opèrent dans les eaux marocaines sans se conformer aux régulations locales, ce qui aggrave la pression sur les ressources halieutiques. Ces méthodes entraînent la capture accidentelle des prises accessoires, la destruction des habitats marins et la perturbation des écosystèmes. Les changements climatiques ne sont pas en reste, ils affectent les écosystèmes marins de plusieurs façons. L'augmentation de la température de l'eau, les modifications des courants marins et l'acidification des océans ont des impacts significatifs sur les habitats, zone de frai et les cycles de vie des sardines et autres espèces de poisson. La pollution des eaux marines par les déchets industriels, les effluents agricoles et les plastiques a également un impact sur les populations de poissons pélagiques... Le ministre Mohamed Sadiki, lors de son intervention à la Chambre des conseillers mardi dernier, avait évoqué le secteur de la pêche maritime, en particulier l'aquaculture et les efforts du ministère pour développer les stocks nationaux. Il avait confirmé la mise en œuvre de près de 30 plans d'aménagement des pêcheries nationales dans le cadre du plan Halieutis, incluant la création de réserves marines, l'interdiction de la pêche dans les zones de frai, et la surveillance des flottes pour lutter contre la pêche illégale et non réglementée.