Les citoyens européens s'apprêtent à voter pour élire leurs 720 eurodéputés. Cependant, les dates de scrutin varient d'un État membre à l'autre. Contrairement aux élections nationales, les élections européennes ne se déroulent pas uniformément à travers l'Union européenne. Chaque État membre fixe sa propre date de scrutin dans une fenêtre prédéfinie. Les Pays-Bas lanceront le processus le 6 juin, trois jours avant la France et la majorité d'autres pays de l'UE. Cette décentralisation reflète les diverses traditions électorales et les préférences nationales en matière d'organisation des scrutins. Cela dit, la question qui intrigue tous les observateurs est : à quoi ressemblera le Parlement européen à l'issue de ces élections ? Nombreux sont les responsables politiques et éditorialistes européens qui évoquent le supposé désintérêt des citoyens pour ce scrutin et pour les enjeux européens. En effet, les élections européennes sont considérées comme particulièrement sujettes à l'abstention. En somme, les élections européennes apparaissent comme dépourvues d'enjeu et d'impact pour le citoyen de l'UE, puisqu'il s'agit de désigner des députés dans une assemblée où il n'existe pas de perspective d'alternance. La droite et la gauche se stabilisent L'institut de sondage français Ipsos a réalisé une enquête du 23 février au 5 mars pour Euronews, sondant les électeurs des 18 États membres les plus peuplés, représentant 96 % de la population européenne et 89 % des sièges au Parlement européen. En recueillant les intentions de vote de ces 26 000 sondés et en analysant la situation politique des neuf autres plus petits pays, Ipsos a établi une projection inédite de la composition du futur Parlement européen. Les enjeux, on le devine, sont l'immigration, l'Ukraine, Gaza. En général, pour les Européens, et particulièrement pour les Français, le sondage révèle que les préoccupations nationales priment sur celles de l'Europe. Parmi les futurs votants, 54 % déclarent qu'ils voteront principalement en fonction des enjeux nationaux plutôt que des enjeux européens (45 %). Les priorités principales incluent l'immigration (41 %), le pouvoir d'achat (40 %), la hausse des prix (37 %) et la sécurité (33 %). Le premier enseignement de cette projection est la relative stabilité des deux principaux groupes au Parlement européen, représentant les familles politiques traditionnelles : la droite et la gauche. Le groupe du Parti populaire européen (PPE) conserverait sa première place avec 177 députés contre 176 à la fin de la mandature 2019-2024. L'alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D) passerait de 139 à 136 élus, restant ainsi la seconde force politique du Parlement. Forte percée de l'Extrême Droite, Libéraux et Écologistes en Baisse L'un des aspects les plus marquants de ces élections est la forte progression attendue des groupes d'extrême droite, notamment Identité et Démocratie (ID) et les Conservateurs et Réformistes Européens (CRE). ID pourrait gagner 23 sièges supplémentaires, passant de 58 à 81 eurodéputés, devenant ainsi le quatrième groupe le plus important au Parlement. CRE pourrait voir son contingent passer de 68 à 76 députés. En forte progression lors des élections de 2019, les groupes libéraux et écologistes pourraient connaître un recul cette année. Renew Europe pourrait perdre 17 représentants, passant de 102 à 85 eurodéputés. Les Verts/Alliance Libre Européenne (Verts/ALE) pourrait également perdre 17 sièges, passant de 72 à 55 élus. Les élections européennes de 2024 sont cruciales pour l'avenir de l'Union européenne. Elles détermineront la composition du Parlement européen et les orientations politiques de l'UE pour les années à venir. La gauche radicale en légère hausse En revanche, la Gauche au Parlement européen (GUE/NGL) pourrait légèrement progresser, passant de 37 à 42 députés. Les élections européennes de 2024 pourraient ainsi confirmer la stabilité des principaux blocs politiques tout en marquant une progression notable des partis d'extrême droite et une légère avance de la gauche radicale. Le paysage politique européen est en mutation, reflétant des changements profonds dans les priorités et les sentiments des électeurs à travers le continent. Avec la montée de l'extrême droite, le recul des libéraux et des écologistes, et la progression de la gauche radicale, ces élections promettent de remodeler le paysage politique européen. La diversité des enjeux et l'incertitude des résultats ajoutent au suspense de ce scrutin essentiel. La question demeure : quelle Europe émergera de ces élections ?