Dans le cadre de la réforme de l'enseignement supérieur, la Banque africaine de développement s'apprête à débloquer 120 millions d'euros pour cofinancer un important programme d'appui à la transformation pour une université marocaine digitale, entrepreneuriale et inclusive. Désigné par l'abréviation UM4.0, ce programme se déploiera sur une période de cinq ans, de 2024 à 2028. Ses objectifs consistent à contribuer à l'amélioration de la qualité du capital humain et à l'autonomisation des jeunes grâce à un accès inclusif à un enseignement supérieur d'excellence et innovant, en synergie avec l'écosystème territorial. Domaines de résultats Selon le rapport d'évaluation de la BAD, le programme UM4.0 comprend trois principaux domaines de résultats, à savoir l'amélioration de l'offre et de l'environnement de formation, avec une allocation indicative de 64 millions d'euros (53,47%), la numérisation d'une université marocaine innovante, avec une allocation de 50,7 millions d'euros (42,35%), et la promotion de l'excellence, de l'entrepreneuriat et de l'employabilité, avec une allocation de 5 millions d'euros (4,18%). Le décaissement des ressources du prêt est conditionné à l'atteinte des résultats mesurés par les sept indicateurs, à savoir le nombre de nouveaux étudiants inscrits en médecine, pharmacie et médecine dentaire, la construction et l'équipement de la faculté de médecine et de pharmacie Beni Mellal, la construction et l'équipement de cinq cités universitaires d'une capacité de 1.500 lits chacune à Larache, Oujda, Safi, Taroudant et Beni Mella, la mise en place du système d'information intégré MESRSI, la mise en place et le fonctionnement des espaces de codage « Code 212 » dans les universités publiques, la mise en place et le fonctionnement des centres de carrières, et enfin la mise en œuvre du plan d'action environnemental et social (PAES). Un catalyseur pour moderniser l'enseignement supérieur En réponse aux taux de chômage élevés, l'UM4.0 propose des mesures inclusives tel que le développement de programmes axés sur l'employabilité avec des parcours d'excellences et des certifications permettant de valoriser les jeunes diplômés sur le marché du travail. Suivant les avancées nationales du PACTE ESRI, le programme permet de renforcer l'accès à l'enseignement supérieur, de développer des infrastructures à disposition des étudiants, et d'améliorer la qualité de l'enseignement supérieur. En effet, indique la BAD, les constructions de la faculté de médecine et de pharmacie et des cités universitaires aideront à résoudre les disparités régionales. Par ailleurs, le deuxième pilier du programme, axé sur la digitalisation, s'inscrit dans une perspective d'innovation et de durabilité. Avec une couverture Internet haut-débit évaluée à 98,90%, cette initiative capitalise sur l'opportunité unique offerte par les infrastructures technologiques existantes, alignant ainsi le projet sur les avancées technologiques au Royaume. Promotion de l'égalité de genre et autonomisation des femmes Le programme UM4.0 va contribuer à la mise en œuvre du pilier 3 de la stratégie genre de la BAD, à savoir «améliorer l'accès des femmes aux services sociaux grâce aux infrastructures». Les filles représentent 54% des étudiants dans les universités publiques en 2022-2023 et 57% des diplômés des universités publiques en 2021-202242, selon les données du ministère de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l'innovation. Elles représentent 52,6% des étudiants dans l'enseignement supérieur ouvert en 2022-2023 mais elles représentent 60% des étudiants dans l'enseignement supérieur régulé. Plusieurs filières sont dominées par les filles. Ainsi, les filles sont majoritaires en médecine (58%) et en pharmacie (64,5%). Quant au taux de chômage, celui des femmes diplômées est trois fois plus élevé que chez les hommes diplômés. Le taux d'emploi des femmes est de 15,5%, alors qu'il est à 61,1% pour les hommes. Le taux d'entrepreneuriat féminin est de seulement de 16% (4% sont des établies et 12% des potentielles) contre 36% chez les hommes, souligne la BAD.