La Mauritanie n'a pas pas participé à la réunion organisée par le duo Saied-Tebboune en Tunisie visant à sceller une nouvelle alliance maghrébine qui exclue le Maroc. La Libye qui y a participé via le président de son Conseil présidentiel, a aussitôt envoyé un représentant muni d'une lettre adressée au Roi Mohammed VI. La situation est critique au Maghreb avec les tensions créées par l'Algérie visant la mise sur le carreau du Maroc. Depuis sa rupture unilatérale des relations diplomatiques avec le Royaume, le pouvoir algérien s'est engagé dans une stratégie de décomposition du Maghreb arabe, en tentant de rebattre les cartes à son avantage. « Diviser pour mieux régner », c'est le nouveau mot d'ordre d'Alger, et pour cela, il fallait mettre la Tunisie en poche. Profitant d'une élection au même moment, et d'une détérioration de la situation démocratique similaire dans les deux pays, le dirigeant algérien Abdelmadjid Tebboune s'est lié d'une amitié contextuelle avec le président tunisien, Kais Saied. Après plusieurs démonstrations de défiance vis-à-vis du Maroc, la Tunisie n'a plus de réticences à se fâcher avec Rabat en suivant les directives algériennes. C'est comme cela que Tunis a suivi le plan d'organiser une sorte de Maghreb sans le Maghrib (le Maroc). Le 22 avril, une deuxième réunion dite « consultative » excluant le Maroc, s'est tenue à Carthage entre Kaïs Saïed, Abdelmadjid Tebboune et le président du Conseil présidentiel libyen Mohamed Younès Menfi. La déclaration ne fait pas référence, même implicitement, aux deux autres membres de l'Union du Maghreb Arabe (UMA), le Maroc et la Mauritanie, absents à la rencontre. La Mauritanie qui a été « travaillée au corps » depuis plusieurs mois par l'Algérie pour la faire adhérer à cette idée d'un Maghreb sans le Maroc, a tout bonnement refusé de se joindre à cette mascarade en privilégiant son approche équilibrée entre Alger et Rabat. La défection de la Mauritanie a créé l'étonnement en Algérie qui pensait avoir réussi son coup, surtout après les récentes démonstrations d'amitié entre les deux pays, et les efforts consentis par Alger qui a lancé ou relancé certains projets bilatéraux comme ceux de la pêche maritime ou encore l'ouverture d'une route entre l'Algérie et la Mauritanie. Fin février et mars, le président Mohamed Ould El Ghazouani s'était même déplacé en Algérie deux fois, notamment à Tindouf pour l'inauguration de deux postes frontaliers, une zone franche et une route reliant Tindouf et Zouérate. Le mois de mars, El Ghazouani avait pris part au forum des pays exportateurs de gaz. L'Algérie pensait avoir la Mauritanie sous la main et le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf s'était même pris la liberté d'affirmer que Nouakchott n'avait aucune réticence à rejoindre l'initiative algérienne de former un Maghreb sans le Maroc, jusqu'à s'étonner de la défection mauritanienne. « Au vu de l'entente avec Alger affichée ces derniers mois, l'attitude de la Mauritanie reste une énigme qui mérite d'être clarifiée », a réagi le média algérien TSA, suite à l'absence de Nouakchott. En revanche, la Libye que le Maroc a appuyée comme aucun autre pays pour sa reconstruction démocratique post-crise, a participé à la mascarade algéro-tunisienne avec la présence du Président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Younes El Menfi. Cette prise de position a aussitôt fait l'objet d'éclaircissements et d'explications de la part de la partie libyenne qui a dépêché le lendemain un envoyé personnel d'El Menfi à Rabat pour exprimer les remerciements de son pays au Roi Mohammed VI pour le soutien constant à la cause libyenne, tout en soulignant l'importance du renforcement de l'UMA. Un message clair qui soutient que la Libye ne tourne pas le dos à l'UMA. L'envoyé personnel qui a été reçu, mardi à Rabat, par le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita, a remis un message écrit de la part de Mohamed Younes El Menfi au Roi Mohammed VI. Une source proche du Conseil présidentiel libyen avait aussitôt réagi à la participation de la Libye à la réunion instiguée par l'Algérie et la Tunisie contre le Maroc, en rejetant en bloc toute velléité visant la création d'un cadre alternatif qui se substituerait à l'UMA. La même source avait, au contraire, assuré de la nécessité de renforcer l'Union du Maghreb arabe dont les bases ont été jetées en 1989 à Marrakech par les cinq pays de la région. Pour sa part, l'ambassadeur Aboubaker Ibrahim Ataweel, chargé d'Affaires à l'ambassade de Libye au Maroc, a indiqué que la visite de l'envoyé personnel visait à réaffirmer l'excellence des relations de fraternité liant la Libye et le Maroc, et dans le cadre des efforts visant le renforcement de l'UMA. L'ambassadeur libyen a également soutenu le rôle agissant joué par le Maroc en faveur de l'intégration maghrébine. Les tentatives de division de l'espace maghrébin par l'Algérie et de prise de contrôle sur la région en mettant tous les pays au pied, ne semblent pas encore se concrétiser pour les dirigeants algériens. Si la Tunisie a tourné le dos au Maroc pour l'instant, les événements et la conjoncture internationales ne lui donnent pas raison. Miser sur le cheval perdant ou la tentation de redéfinir un nouvel ordre maghrébin, pourrait impliquer de lourdes conséquences régionales face à une région des moins intégrées.