Celle-là, dans le domaine d'une soumission acquise à 100%, on ne saurait la laisser passer sans la commenter en tant qu'exemple d'allégeance totale de Tunis envers Alger. Voici texto ce que l'on peut lire dans un communiqué de la présidence de la dernière Wilaya d'Algérie, la Tunisie. "A l'invitation du Président Kais Saied, Son Excellence le Président « au nom imprononçable », de la République Algérienne Démocratique et Populaire, et Son Excellence le Président Mohamed Younes Menfi, Président du Conseil Présidentiel de l'Etat de Libye, effectueront une visite en Tunisie ce lundi 22 avril 2024, pour participer à la première réunion consultative entre les dirigeants des trois pays frères". No comment ! La magie du Maghreb ! La Tunisie, désignée avec humour et même plus, comme la dernière préfecture d'Algérie, accueillerait donc, un sommet tripartite qui se veut grandiose, mais qui n'est pas sans rappeler, un de ces dîners où l'on se rend par politesse. L'invitation lancée par l'hôte tunisien, le très digne Kaïs Saïed, à son « frère » algérien, un pantin manifestement soumis aux marionnettistes de l'ANP et à Mohamed Younes Menfi pour une réunion de consultation, avait tout de la réunion de famille où l'on évoque les bons vieux souvenirs maghrébins... enfin, pour ceux qui étaient présents, naguère. Et quel spectacle ! La Libye et l'Algérie, prenant leur rôle très à cœur dans cette pièce intitulée « L'Union du Maghreb Arabe ou le sommeil profond de la belle au bois dormant ». Un sommet sans le Maroc et sans la Mauritanie, c'est un peu comme organiser une représentation de l'« Othello » de Shakespeare sans Othello ni Desdémone. Mais, comme on le sait, le théâtre de certains Maghrébins n'a jamais craint les mises en scène audacieuses. L'Algérie, ce chevalier errant toujours en quête de nobles causes, propose une « nouvelle formule » pour remplir "le vide béant laissé par l'UMA". « L'UMA est dans le coma« , s'est exclamé le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, sans pour autant oser débrancher les appareils. Après tout, dans les contes de fées comme dans la politique, on ne sait jamais quand surviendra le baiser qui réveille. C'est que les relations entre l'Algérie et le Maroc, ce drame shakespearien sans fin, ont pris un tour presque burlesque avec cette histoire de maillots de football aux frontières. Rabat, avec son sens aigu du timing ou minutage, aurait, se dit-on, à l'Est de l'Eden, outrepassé les douaniers algériens, peu friands de tentative de passage en douceur, ni même, en force au demeurant. Aussi en place et lieu de la CAF et Dame FIFA, les agents au lugubre uniforme transfrontalier ont préféré mettre un carton rouge à l'intrusion vestimentaire de la RSB qui pourtant avait navigué sereinement tout au long de son périple footballistique africain avec son logo du Maroc plein et entier, y compris en Afrique du Sud, ce fervent complice de la schizophrénie algérienne. Cela dit, quant à la Mauritanie, son absence au sommet est enveloppée dans un mystère aussi épais que le "fog" londonien. Interrogé à ce sujet, Ahmed Attaf a simplement suggéré de « suivre l'actualité », un conseil aussi utile que de recommander à un naufragé de « nager pour ne pas couler ». Le malheureux, avec les deux séniles aux commandes des affaires de l'Algérie, ne fait en fait qu'exécuter, en bon soldat de plomb de la diplomatie algérienne. Et alors que le Maroc flirte avec les Américains et batifole avec l'Europe, franchissant joyeusement les lignes rouges de la diplomatie comme d'autres les lignes de l'équateur, Tunis et Alger semblent déterminées à redessiner le Maghreb à leur image. Mais peut-on vraiment peindre un tableau sans toutes les couleurs de la palette ? Toutefois, ne soyons pas trop durs. Après tout, il faut bien de l'optimisme pour croire en la magie d'un sommet qui tente d'orchestrer une symphonie avec des musiciens qui jouent chacun, faussement, leur partition. Le soi-disant "mini-sommet de Tunis", un trio sans chœur ni accords, serait, paraît-il, le prélude d'une nouvelle mélodie maghrébine, ou tout simplement plus probable, un air de déjà-vu et entendu qui se perdra dans les sables du désert.