Durant les deux mandats D'Emmanuel Macron, Gérard Darmanin ministre de l'intérieur était plus un habitué du tarmac de l'aéroport d'Alger que celui de Rabat. Il rencontrait régulièrement le président Abdelmajid Tebboune, qui parfois par excès d'affection ou de nervosité, l'appelait par son prénom algérien Moussa. Aujourd'hui, il sera au Maroc après un longue séquence de froid et de divergences. Comme pour signifier et incarner le tournant de la réconciliation. En effet, Parmi les visites des ministres français qui se succèdent au Maroc, celle que va effectuer le ministre de l'intérieur et des cultes français, Gérald Darmanin, a une importance particulière. Et elle doit cette distinction autant au pedigree de l'homme lui même, à son profil et à ses convictions qu'aux thématiques politiques et sécuritaires qu'il va traiter avec les autorités marocaines. D'abord un sujet lié à l'actualité d'aujourd'hui et de demain. Celle de l'organisation des jeux olympiques par la France dans quelques courtes semaines. La préoccupation majeure pour les autorités françaises est de pouvoir les organiser dans des conditions sécuritaires extrêmes. Une menace terroriste multiforme pèse sur ces jeux et Paris a besoin de mobiliser tous ses alliés pour les protéger et les faire réussir. Le Maroc, qui a acquis une expertisé incontestable dans le domaine de la gestion des foules comme l'a montré son expérience avec le mondial du Qatar, avait été officiellement sollicité par les autorités françaises. De nombreuses réunions sécuritaires à haut niveau aussi bien à Rabat qu'à Paris ont été tenues entre responsables marocains et français. Cette visite de Darmanin au Royaume sera à non pas douter l'occasion de finaliser ces procédures dé coopération entre le Maroc et la France dans ce contexte d'urgence sécuritaire. Pour le Maroc, Gérald Darmanin occupe une place particulière dans le casting gouvernemental français. Pendant la longue crise qui a marqué les relations entre les deux pays, il incarnait un des visages de la tension de l'axe ParisRabat. N'est ce pas lui, en tant que ministre de l'intérieur qui avait porté ces virulentes accusations contre le Maroc de ne pas délivrer une quantité suffisante de laisser-passer consulaire pour faciliter l'expulsion des clandestins marocains vers le Maroc ?. Ces accusations avaient donné lieu à une dénégation marocaine exprimée avec une certains amertume et en des termes très vifs par le ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita. Officiellement, c'est cette affaire de laisser-passer consulaire qui avait été à l'origine de la crise des visas entre les deux rives de la Méditerranée et qui a participé largement à abimer la qualité des relations entre les deux pays. Aujourd'hui, signe d'une embellie certaine, la crise des visas est officiellement derrière nous, mais les problématiques liées à la crise migratoire sont toujours là et il faut parier qu'elles seront au top de l'agenda du ministre Darmanin à Rabat. En accueillant Gérald Darmanin, le Maroc accueille un ministre qui n'a pas toujours eu des relations amicales avec le Royaume. Malgré son appartenance à la droite républicaine notoirement connue pour ses sympathies pro-marocaines, Gérald Darmanin avait surpris en incarnant à lui seul les ingrédients de la crise avec le Maroc. Certaines analyses attribuent à son influence, lui le ministre d'origine algérienne, que Emmanuel Macron ait pu développer ce fameux tropisme algérien qui avait vu le locataire de l'Elysée tenter de faire pencher la balance au profit de l'Algérie et au détriment du Maroc. À travers lui, sa personnalité et son réseau, Emmanuel Macron tentait de tenir le manche maghrébin par le milieu. Quand, à titre d'exemple, Catherine Colonna, ancienne ministre des affaires étrangères avait effectué sa première visite au Maroc dans une tentative d'apaiser la tension entre les deux pays, Emmanuel Macron ordonnait à son ministre de l'intérieur s'envoler pour Alger pour rassurer les éventuelles inquiétudes algériennes de ce possible rapprochement. Mais il y a un domaine dans lequel Gérald Darmanin avait montré ses préférences algériennes, c'est le domaine de l'Islam de France. Depuis son arrivée place Beauvau et contre toutes logiques politiques et organisationnelles, Gérald Darmanin avait travaillé à favoriser la mosquée de Paris, dirigée par le très contestables Chems Eddine Hafez, dont les liens avec le régime algérien ne sont un secret pour personne. L'enjeu majeur et politiquement irrationnel de Gérald Darmanin adoubé par Emmanuel Macron, est d'offrir à un régime algérien, notoirement connu pour l'instabilité et l'incohérence de ses choix, la possibilité de peser lourdement sur la deuxième religion de France. Et ce c'est ce favoritisme algérien qui est actuellement à l'origine de cette désorganisation de l'Islam de France dont la gestion est volontairement laissée aux mains des imposteurs et des opportunistes. Dans son dialogue politique avec les autorités marocaines qui accordent une importance particulière à ce champs, Gérald Darmanin devra expliquer et argumenter ses choix et sa stratégie.