Le Canada et le Royaume-Uni ont organisé, samedi, une « journée sans charbon » dans le cadre de la 24-ème conférence des Nations unies sur le climat (COP24) à Katowice, une ville polonaise qui doit sa prospérité aux mines de charbon. La Pologne dépend encore du charbon pour produire près de 80% de son électricité, ce qui correspond à plus du double de la moyenne mondiale, et Katowice constitue le cœur de cette industrie. La cité d'environ 300.000 habitants s'est développée grâce à des ateliers et à des usines alimentées par les abondantes réserves de charbon cachées dans le sol. Le charbon est la source d'électricité la plus polluante au monde. Il génère habituellement deux fois plus d'émissions de gaz à effet de serre que le gaz naturel et contribue à faire grimper la pollution atmosphérique, un problème qui tue environ 800 000 personnes par année. Plus tôt cette année, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) de l'ONU avait prévenu qu'il y aurait de graves conséquences si la planète ne réduisait pas de manière importante ses émissions au cours de la prochaine décennie et, pour y parvenir, avait suggéré de fermer 60% des centrales électriques au charbon existantes d'ici 2030. Le président de la Pologne, Andrzej Duda, a profité de son discours d'ouverture à la COP24 pour déclarer que le charbon n'était pas l'ennemi de la lutte contre les changements climatiques. « Le fait d'utiliser ses propres ressources, le charbon dans le cas de la Pologne, et d'établir sa sécurité énergétique sur elles n'entre pas en conflit avec la protection du climat », avait-il soutenu. La Pologne n'est pas la seule dans son camp. Les Etats-Unis, où le président Donald Trump a promis de refaire du charbon une source d'énergie importante, ont organisé une réunion spéciale portant sur la manière d'utiliser les énergies fossiles de façon écologique. La Russie, qui n'a toujours pas ratifié l'Accord de Paris, demeure une grande exportatrice de charbon. Le fait que la Chine tente de fermer les centrales au charbon sur son territoire ne l'empêche pas de financer la construction de telles installations ailleurs. Depuis la signature de l'entente sur les changements climatiques dans la capitale française en 2015, plus de 92.000 mégawatts générés par des centrales au charbon se sont ajoutés aux réserves mondiales d'énergie et un nombre au moins six fois plus important de mégawatts produits avec du charbon devrait s'ajouter prochainement grâce à l'agrandissement de centrales existantes ou à la construction de nouvelles installations. Au Canada, la fermeture de centrales au charbon en Ontario entre 2000 et 2014 a permis de retirer quelque 8.800 mégawatts d'électricité du réseau. Il s'agit vraisemblablement de l'effort le plus important pour réduire les émissions de gaz à effet de serre au pays, et ce, même si 10 % de l'électricité en sol canadien est toujours produite à partir du charbon. La ministre canadienne de l'Environnement, Catherine McKenna, a balayé du revers de la main les critiques en révélant son intention de faire la promotion de l'alliance Energiser au-delà du charbon à la COP24. Selon l'alliance, tous les pays développés devraient se débarrasser progressivement de ses centrales au charbon d'ici 2030 et le reste du monde devrait leur emboîter le pas d'ici 2050. Le groupe compte pour le moment 28 membres, mais est confronté à une grande résistante de la part des économies dominées par le charbon. Le Canada prévoit cesser progressivement de recourir au charbon d'ici 2030, mais tolérera probablement les centrales qui ont des mécanismes pour capter et emmagasiner les émissions de dioxyde de carbone. Le Royaume-Uni, où l'utilisation du charbon comme source d'énergie a chuté en raison des politiques gouvernementales, dont une taxe sur le carbone, doit fermer sa dernière centrale au charbon en 2025.