Casablanca accueille, pour la deuxième année consécutive, le Choiseul Africa Business Forum, un événement d'envergure organisé par Choiseul Africa, en partenariat avec la Région Casablanca-Settat et la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) Sous le thème général des « Souverainetés Économiques pour l'Afrique« , le Choiseul Africa Business Forum offre une plateforme d'échange et de réflexion autour des enjeux cruciaux qui façonnent le destin économique du continent africain, en présence de plus de 800 décideurs et hauts dirigeants économiques et institutionnels parmi les plus influents d'Afrique, d'Europe et du Golfe.. Appel à la coopération et la croissance durable Pascal Lorot, Président de l'Institut Choiseul, a donné le ton lors de son discours d'ouverture. « Je suis très heureux de vous accueillir à Casablanca, véritable ville pont entre l'Afrique et l'Europe. Je me réjouis de vous voir aussi nombreux, tous prêts à renforcer nos coopérations économiques et étrangères à l'échelle du continent« , a-t-il dit. Cette déclaration souligne l'importance stratégique de la métropole du Royaume, Casablanca, en tant que plaque tournante entre deux continents et l'engagement des participants à renforcer les liens économiques. Dans un contexte géopolitique complexe et face aux défis mondiaux, Pascal Lorot a souligné l'importance de saisir les opportunités économiques et de favoriser une croissance durable et inclusive sur le continent africain. « L'Afrique se situe aujourd'hui au cœur de ces opportunités, notamment car le potentiel économique du continent est loin d'avoir été pleinement exploité. Il faudra accompagner une croissance économique durable et inclusive, en inscrivant une véritable souveraineté économique pour le continent africain« , a-t-il ajouté. La pandémie et les conflits mondiaux ont mis en évidence la nécessité pour l'Afrique de définir une stratégie de résilience. Dans ce sens, le président de l'Institut Choiseul a relevé l'importance du commerce intra-africain et des investissements dans des secteurs porteurs de croissance, tels que la production manufacturière, pour renforcer la souveraineté économique du continent. En élargissant son discours, Lorot a insisté sur le rôle crucial du secteur privé dans la construction de la souveraineté économique. « Le secteur privé que vous représentez pour la plupart d'entre vous se doit d'être associé aux réflexions et débats, car la souveraineté économique ne peut être envisagée sans lui et l'émergence d'intérêts communs entre état et entreprises« , a-t-il estimé. Les participants ont également eu le privilège d'écouter le discours de Nadia Fettah Alaoui, ministre de l'Economie et des Finances du Maroc, lu par sa collègue, la ministre de la Transition énergétique, Leila Benali. Ainsi, la ministre a salué le Choiseul Africa Business Forum comme un incontournable pour les décideurs politiques et les acteurs économiques. « Je félicite également l'institut de la thématique retenue pour cette édition, la souveraineté économique de l'Afrique, qui arrive à point nommé dans le contexte actuel de successions de crises que nous connaissons tous« , a-t-elle déclaré. Regards sur les défis de la souveraineté économique africaine La ministre a souligné les défis structurels auxquels l'Afrique est confrontée, notamment en matière de capacité de production, de ressources humaines, d'accès au financement, d'infrastructures et de finances publiques. Elle a mis en avant les efforts du Maroc pour renforcer sa souveraineté économique, en particulier dans les domaines de l'agriculture, de l'industrie agroalimentaire et de la réduction de la dépendance énergétique. A cet égard, Alaoui a appelé à une réponse africaine commune pour relever les défis de la souveraineté économique du continent. « Seule une réponse africaine globale et commune serait en mesure de nous permettre, nous, les pays du continent africain, de relever les défis liés à la souveraineté économique de notre continent« , a-t-elle mis en avant. Pour elle, le Choiseul Africa Business Forum est devenu un événement incontournable tant pour les décideurs politiques que pour les représentants du monde des affaires. « Je suis convaincue que ce forum sera une occasion propice pour approfondir la réflexion sur les voies permettant de relever les défis de la souveraineté économique en Afrique et débattre des moyens à en faire un levier pour insuffler une nouvelle dynamique à nos secteurs productifs, assurer une croissance économique durable et inclusive et renforcer la résilience de nos économies« , a-t-elle soutenu. Pour le Maroc, pays hôte, la question de la souveraineté économique a été au cœur des politiques publiques depuis son indépendance, a fait noter Nadia Fettah, rappelant ainsi l'engagement continu du Maroc en faveur de la coopération sud-sud, en ce sens que le Royaume a constamment œuvré au renforcement des relations économiques avec les pays du continent. « Depuis des décennies, le Maroc a mis en place plusieurs plans et programmes de développement économiques visant à construire une économie moderne capable de répondre aux besoins d'une demande croissante et diversifiée en produits de base et manufacturiers. La vision éclairée du Roi Mohammed VI a catalysé des réformes et des projets visant à moderniser et transformer l'économie marocaine, jetant ainsi les bases d'une économie robuste et compétitive« , poursuit la ministre. Dans le cadre de cette vision, des efforts soutenus ont été déployés pour moderniser le secteur agricole et les industries agroalimentaires, renforçant ainsi la souveraineté alimentaire du Maroc et augmentant ses capacités d'exportation, a-t-elle souligné, rappelant que le pays s'est engagé, parallèlement, dans le développement d'écosystèmes industriels solides, axés sur des secteurs d'activité vitaux. Ces stratégies successives ont positionné le Maroc comme une plateforme industrielle moderne et compétitive à l'échelle mondiale. La réduction de la dépendance énergétique et la sécurisation des approvisionnements ont également été des priorités majeures des politiques publiques marocaines, a souligné la ministre, notant que ces efforts ont permis au Maroc de progresser de manière significative sur la voie de la souveraineté économique, tout en démontrant sa résilience et son agilité face aux défis mondiaux. Cependant, les discours de Pascal Lorot et de Nadia Fettah Alaoui ont montré que malgré les progrès réalisés, le contexte actuel, marqué par des crises successives, met en lumière les défis persistants auxquels l'Afrique est confrontée. Les impacts combinés de la pandémie, des crises économiques et des tensions géopolitiques ont perturbé les économies du continent, remettant à l'ordre du jour le débat sur la souveraineté économique dans des domaines aussi variés que l'énergie, l'alimentation, la santé, l'industrie et le numérique. Pascal Lorot a donc fait remarquer que l'Afrique, forte de ses ressources naturelles, de sa jeunesse dynamique et de ses capacités innovantes, se trouve à un moment critique de son histoire. Il a appelé à l'élaboration d'une stratégie de résilience permettant au continent de faire face à de nouveaux chapitres d'incertitude. La promotion du commerce intra-africain et des investissements dans des secteurs clés de croissance, en particulier la production manufacturière, occupe le devant de la scène dans cette démarche, a-t-il fait valoir. Pour sa part, Nadia Fettah Alaoui a assuré que la souveraineté économique dépasse désormais le cadre d'un simple slogan pour devenir un enjeu de développement majeur. Malgré les capacités indéniables de l'Afrique, la ministre a estimé que la croissance économique du continent reste insuffisante, marquée par une dépendance accrue vis-à-vis de l'étranger et des marchés mondiaux, notant que les crises récentes ont accentué ces vulnérabilités structurelles, soulignant la nécessité d'une réponse africaine commune. Le secteur privé comme pilier de la souveraineté économique Le Maroc, conformément à sa vision et à son engagement en faveur de la coopération sud-sud, a été présenté comme un exemple de pays travaillant activement à renforcer sa souveraineté économique depuis des décennies. Les réformes et projets lancés sous l'impulsion royale ont permis au royaume de réaliser des progrès significatifs dans des domaines clés tels que l'agriculture, l'industrie, et la diversification énergétique, a souligné la ministre In fine, Nadia Fettah Alaoui a conclu en soulignant que face aux défis actuels, seul un effort collectif des pays africains, basé sur la coopération sud-sud et une approche gagnant-gagnant, permettra de relever les défis liés à la souveraineté économique du continent. « Les partenariats bilatéraux, multilatéraux et les initiatives du secteur privé sont autant d'outils que le Maroc et d'autres nations africaines peuvent exploiter pour renforcer leurs relations économiques et contribuer au développement durable du continent« , a-t-elle fait remarquer.