Après d'ardentes négociations, les socialistes espagnols ont réussi à conclure, ce mardi 24 octobre 2023, un accord de coalition avec la formation de gauche radicale Sumar. Cette étape étant cruciale pour assurer la reconduction au pouvoir du Premier ministre, Pedro Sánchez, qui dépend désormais du soutien des séparatistes catalans. Pedro Sánchez et Yolanda Díaz ont minutieusement finalisé les tenants et aboutissants d'un pacte, fruit des négociations menées depuis la fin du mois de juillet. Cette entente survient préalablement à l'échéance que s'étaient imposée le PSOE et Sumar pour atteindre ce dessein. « Nous avons gouverné durant cinq ans et allons continuer à le faire quatre ans de plus« , a déclaré Sánchez en signant aux côtés de Díaz, ministre du Travail en exercice et cheffe de file de Sumar, notant que cet « accord programmatique » devant servir de cadre à la prochaine législature. Ce document englobe un ensemble de 230 dispositions, notamment l'augmentation du parc de logements sociaux, une révision à la hausse des objectifs climatiques de l'Espagne, ainsi qu'une réforme fiscale visant à accroître la contribution des entreprises aux recettes de l'État. « L'Espagne a besoin d'une révolution verte. Nous voulons devenir une puissance en énergies renouvelables. Il n'y a pas de planète B. L'environnement est l'avenir de l'économie. Nous anticiperons les réductions de CO2 à l'horizon 2030 et maintiendrons les incitations pour les transports en commun. Le train est destiné à être le moyen de transport du XXIe siècle et nous mettrons fin aux vols de moins de deux heures et demie lorsqu'il y aura une alternative ferroviaire« , a soutenu la leader de Sumar. Il inclut notamment un plan de lutte contre le chômage des jeunes, une hausse du salaire minimum, ainsi qu'une réduction du temps de travail « sans réduction de salaire », réclamée de longue date par les syndicats espagnols et dont Sumar avait fait son cheval de bataille ces dernières semaines. De plus, Díaz a assuré que l'accord préserverait les primes pour les transports publics et a souligné l'intention de revitaliser les soins primaires de santé grâce à un plan d'urgence. Elle estime qu'il est impératif de mettre fin à l'indignité des listes d'attente dans le secteur de la santé publique et de défendre et valoriser le travail des professionnels de la santé publique. « La santé n'est pas un privilège, ce n'est pas une marchandise. Nous allons élaborer une loi pour mettre fin à l'indignité des listes d'attente. Nous élargirons la liste des services afin que les soins dentaires ne soient pas un luxe. Il est temps de défendre et de dignifier les conditions de travail« , a-t-elle indiqué. La dirigeante de Sumar a également annoncé que la coalition gouvernementale œuvrerait en faveur de la généralisation de l'éducation préscolaire, garantissant l'accès à l'éducation publique pour les enfants de deux ans d'ici la fin de la législature. Une réforme fiscale équitable impliquant les grandes banques et entreprises énergétiques dans les dépenses publiques est également prévue. Il est à noter que le document n'a pas abordé la question du Sahara marocain. Le parti de Yolanda Díaz n'a pas conditionné son vote en faveur de l'investiture de Pedro Sánchez à la tête du nouveau gouvernement au retrait du soutien au plan marocain d'autonomie pour le Sahara, annoncé en mars 2022. Cependant, il est important de souligner que le Premier ministre espagnol en fonction a jusqu'au 27 novembre pour être réinvesti dans ses fonctions par les députés. S'il ne parvient pas à conclure un accord assurant le soutien des indépendantistes catalans d'ici cette date, de nouvelles élections devront être convoquées à la mi-janvier.