En présence de la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, et du président de la BM, Ajay Banga, la séance plénière des Assemblées annuelles du groupe de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI) s'est ouverte ce vendredi à Marrakech. Cette plénière a été marquée par le message adressé par le Roi Mohamed VI aux participants à ces Assemblées, et annuelles BM-FMI, et dont la lecture a été donnée par le conseiller du Souverain, Omar Kabbaj, en présence du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, la ministre de l'Economie et des Finances, Nadia Fettah, le Wali de Bank Al Maghrib, Abdellatif Jouahri, ainsi que plusieurs autres membres du gouvernement et les représentants des délégations participantes à cette grand-messe mondiale. Dans son message, le Roi Mohamed VI a exprimé la joie du Royaume d'accueillir ces Assemblées annuelles et plus précisément à Marrakech, ville riche d'une histoire millénaire et d'un remarquable patrimoine culturel et civilisationnel. « Par ce statut particulier, Marrakech est non seulement une destination touristique mondiale, mais également un lieu privilégié pour l'organisation de manifestations internationales d'envergure, dont certaines façonnent notre histoire moderne. Citons notamment le sommet du GATT en 1994 qui a vu la naissance de l'Organisation Mondiale du Commerce et, tout récemment, en 2016, la COP22. Nul doute qu'il en sera de même pour ces Assemblées Annuelles de la Banque mondiale et du Fonds Monétaire International« , a exprimé le Souverain. Tout en saluant l'amitié et la confiance dont ont témoigné le FMI et la BM par leur présence aujourd'hui, à Marrakech, au lendemain du tragique séisme qui a frappé le pays, le Souverain a également assuré de sa considération aux Etats et aux Organisations qui ont manifesté leur disposition à soutenir le Maroc, plus particulièrement dans la période de reconstruction des zones sinistrées, se félicitant particulièrement du retour des Assemblées sur le continent africain, après un demi-siècle et dans la région MENA, 20 ans après celui de Dubaï (en 2003). Concernant les attentes à l'égard de ces Assemblées Annuelles, le Roi a souligné qu'elles sont élevées, au regard du contexte mondial exceptionnel et des défis géopolitiques, économiques et environnementaux auxquels nous sommes confrontés depuis quelques années. « Alors que notre planète fait face à des changements climatiques que les données ne cessent de confirmer comme une nouvelle réalité, le monde s'enfonce dans des problèmes que nous avions cru en grande partie résolus grâce aux règles et aux institutions multilatérales mises en place au lendemain de la Seconde Guerre mondiale« , a dit le Souverain, notant que « la fragmentation géoéconomique aujourd'hui et la montée du souverainisme, animées en partie par la volonté de rééquilibrage des rapports de force économiques et politiques au niveau mondial, compromettent les avancées notables que le multilatéralisme avait permis de réaliser au cours des dernières décennies« . Le Roi a ainsi souligné que la mondialisation, à l'œuvre depuis les années 80, entraînant une réduction des coûts de production et favorisant la promotion du commerce mondial, a contribué en partie à une modération de l'inflation, avant de précisé que ce phénomène érode aujourd'hui le pouvoir d'achat des ménages à travers le monde, malgré des politiques monétaires agressives, largement synchronisées, mais non sans conséquences sur l'activité économique. Toujours en ce qui concerne la mondialisation, le Roi Mohamed VI a affirmé qu'elle a assurément contribué, de manière tangible, à améliorer les niveaux de vie, permettant à de larges franges de la population mondiale d'échapper à la pauvreté., mais qu'elle a toutefois eu des effets collatéraux qui se sont traduits notamment par un creusement des inégalités. « Les évolutions économiques, sociales et politiques de ces dernières années appellent certes à une réforme des institutions et des règles régissant le multilatéralisme. Néanmoins, les principes de base de ce dernier doivent être consolidés et l'esprit qui l'anime ravivé. Ils demeurent en effet indispensables pour préserver la stabilité et la paix mondiales et favoriser les synergies afin que soient relevés les défis communs auxquels font face notre planète et nos peuples« , a assuré le Souverain. Mais face à des défis mondiaux, il faut des solutions mondiales, a-t-il relevé, et celles-ci ne peuvent être conçues que dans le cadre de l'unité et du respect mutuel, a-t-il précisé. Pour cela, le Roi estime qu'il convient d'intégrer et de valoriser la diversité comme source de richesse et non de conflit, en tenant compte des spécificités intrinsèques à chaque pays et à chaque région, notant qu'il importe aussi de revoir et d'améliorer l'architecture financière mondiale pour qu'elle soit plus équitable et plus inclusive. A cet égard, il a soutenu que les Assemblées Annuelles constituent le forum idoine pour un dialogue et un débat constructif autour de cette refonte, notant que nous appartenons tous à une seule et même planète et les avenirs de nos pays sont, à l'évidence, indissociables. « C'est dans cet esprit que nous inscrivons notre vision du développement au Maroc. Nos atouts se fondent sur l'histoire millénaire de notre pays, sur son statut de terre de paix, de brassage civilisationnel et de cohabitation des religions et de cultures, ils sont favorisés par une position géographique au carrefour de l'Afrique, du Moyen-Orient et de l'Europe« , a rappelé le Roi. D'ailleurs, le Souverain a précisé que le Maroc est inscrit dans les différents agendas mondiaux, en termes de développement économique, de lutte contre le changement climatique aussi bien que dans le combat contre le terrorisme, le blanchiment de capitaux et la montée de l'insécurité cybernétique qu'engendre la révolution digitale, avant de précisé que le Maroc a fait de la coopération Sud-Sud son axe d'ouverture prioritaire et que » nous procédons en cela selon une démarche de co-développement avec les pays frères et amis du Continent« . Au plan interne, le Souverain a assuré que le Maroc a depuis le début des années 2000, lancé des réformes sociétales, sociales et économiques majeures, ainsi qu'un vaste programme d'infrastructure. En parallèle, le pays a également veillé à la préservation des équilibres macroéconomiques, que nous considérons comme garants de la souveraineté et de la résilience économiques, a-t-il souligné. « C'est une approche équilibrée où la politique économique est mobilisée au service du développement humain que nous avons érigé en priorité absolue, depuis Notre Accession au Trône, et que Nous avons renforcée depuis la pandémie Covid-19. Dans ce cadre, Nous avons également lancé un chantier sans précédent pour la généralisation de la protection sociale dans notre pays« , a encore relevé le Souverain, notant que les retombées de cette vision sont déjà palpables : l'économie nationale a affiché une résilience notable dans cet environnement international complexe et incertain marqué par une succession de chocs invraisemblables ces dernières années. Le Roi a, par ailleurs, souligné que le Royaume a conforté son positionnement en tant qu'îlot de paix, de sécurité et de stabilité, de partenaire crédible et de hub économique et financier régional et continental. « C'est ainsi que Nous considérons l'accueil de ces Assemblées par le Maroc comme l'aboutissement d'un partenariat de longue date, bâti avec les institutions de Bretton Woods. Il témoigne, en outre, de la confiance dans la solidité de notre cadre institutionnel et de nos infrastructures ainsi que dans notre engagement à contribuer au raffermissement des relations internationales », a-t-il dit. En tant que pays africain, le Roi a fait noter que le Maroc souhaite vivement que le Continent, dont la voix est désormais audible au sein du Groupe des 20 à travers l'Union africaine, puisse trouver la place qui lui revient dans les autres instances internationales et ainsi mettre en œuvre ses agendas économiques et sociaux, rappelons que les pays du continent sont parmi ceux qui sont le plus touchés par le changement climatique, alors que leurs contributions aux activités à l'origine du réchauffement de la planète sont parmi les plus faibles. En outre, le Souverain a préconisé que les règles et les cadres régissant le traitement de la problématique de l'endettement devraient être réajustés afin que soient prises en compte les contraintes que rencontrent les pays à faible revenu les plus endettés pour faire face aux changements climatiques. Il a également souligné que le continent africain, qui abritera en 2050 le quart de la population mondiale, se doit de bénéficier aujourd'hui des conditions qui lui permettront de renforcer ses marges de manœuvre, de mettre à profit son potentiel pour mieux répondre aux besoins de sa population, dans un monde de plus en plus incertain et marqué par des changements profonds de paradigmes. Au cours de la pandémie de Covid-19, le FMI et la BM, avec l'ensemble des agences et organismes internationaux constituant les piliers du système multilatéral mondial, ont fait preuve d'une grande agilité et réactivité, a-t-il en outre rappelé, notant que leur appui aux efforts de nombreux pays membres a ainsi été crucial pour atténuer l'impact économique et social de la pandémie. In fine, le Roi a exprimé sa certitude que ces deux institutions ne ménageront aucun effort pour que ces Assemblées aboutissent à des avancées tangibles et concrètes, exprimant son souhait que les divergences entre les grandes économies puissent être atténuées et que les efforts et les synergies soient davantage mobilisés au service de la paix et de la prospérité mondiales, dans un esprit de solidarité envers les pays les plus vulnérables. « Grâce à un dialogue franc, constructif et équilibré, nous pourrons concilier les enjeux économiques et financiers d'un côté et les défis humains de l'autre. Ainsi, nous pouvons construire ensemble, pour la planète, l'avenir que chacun de nous espère pour ses enfants », a-t-il conclut.